L’armée syrienne aux portes de Palmyre

Des forces loyales à Al-Assad sur la route de Palmyre, jeudi. Photo Sana. Reuters

Aidées par le pilonnage de l’aviation russe et le renfort de soldats libanais, irakiens et iraniens, les forces de Bachar al-Assad étaient sur le point jeudi de reprendre la ville-symbole à l’Etat islamique, qui perd aussi du terrain du côté de Mossoul, en Irak.

Acculé à Palmyre, menacé à Mossoul. Toujours plus agressif en Europe, l’Etat islamique (EI) est sur la défensive au cœur de son califat autoproclamé en Syrie et en Irak. Il tient toujours fermement plusieurs de ses fiefs, dont Raqqa, sa capitale de facto dans le Nord syrien, mais les territoires qu’il contrôle se réduisent. Alors qu’en 2015, ceux-ci ont perdu 14 % en superficie, selon l’institut IHS, l’EI est désormais sur le point d’être chassé de Palmyre. Les jihadistes s’étaient emparés de la cité antique sans réellement combattre en mai 2015.

Jeudi, les forces syriennes et leurs alliés ont pénétré dans la ville, selon la télévision d’Etat. Selon les médias prorégimes, la prise de Palmyre était imminente, l’affaire de «quelques heures». Des partisans de l’EI ont, eux, publié des photos montrant des rues désertes parcourues par des pick-up surmontés du drapeau noir de l’organisation.

L’offensive a débuté il y a plusieurs semaines. La stratégie est connue et déjà appliquée ailleurs en Syrie : au sol, les soldats du régime sont alliés à des combattants du Hezbollah libanais, des miliciens chiites irakiens et des officiers iraniens. Des bombardements massifs de l’aviation russe et des tirs d’artillerie lourde les précédent. Mercredi, l’Obervatoire syrien des droits de l’homme a comptabilisé plusieurs dizaines de frappes. Malgré l’annonce surprise par Moscou, le 14 mars, du retrait de la majeure partie de ses troupes de Syrie, celles-ci sont toujours actives à Palmyre.

«Perle du désert». La reprise de la cité antique marquerait la victoire la plus importante des forces prorégimes contre l’Etat islamique depuis la proclamation du califat, en juin 2014. Elle permettrait de sécuriser la route qui mène de Damas à Homs, puis Hama. Elle ouvrirait aussi un accès vers Deir el-Zor, ville de l’Est où l’armée syrienne est assiégée.

Une victoire à Palmyre serait aussi symbolique. Surnommée la «perle du désert», la ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco a subi la sauvagerie des jihadistes de l’EI, qui ont dynamité plusieurs temples et ont transformé le théâtre antique en site d’exécutions.

Ils avaient conquis la cité bâtie au milieu du désert sans rencontrer de réelle résistance de l’armée syrienne. «Un mois avant qu’ils n’arrivent, le régime nous avait ordonné de mettre dans des caisses la plupart des antiquités du musée. La majeure partie des soldats sont ensuite partis. Les jihadistes ont encerclé la ville et se sont emparés de stocks d’armes. Ils sont entrés dans la ville une semaine plus tard dans un convoi de pick-up», explique Hassan, un archéologue de Palmyre qui s’est exilé à Gaziantep, en Turquie, l’été dernier.

Comme à leur habitude quand ils s’emparent d’une ville, les jihadistes commencent alors à exécuter des prisonniers. Ils torturent et décapitent Khaled al-Asaad, 82 ans, archéologue en chef de Palmyre. Des vestiges emblématiques, dont le sanctuaire de Baalshamin, érigé en l’an 17, sont dynamités. La plupart des civils fuient, certains en Turquie, d’autres dans des régions contrôlées par le régime ou par l’opposition. Seuls les plus pauvres restent. Jeudi, l’EI leur a ordonné de fuir devant l’avancée des troupes syriennes.

Lente progression. De l’autre côté de la frontière, en Irak, la reconquête de Mossoul sera bien plus ardue. L’Irak a annoncé jeudi le lancement de l’offensive pour reprendre la ville. Sa chute en juin 2014, à la surprise générale, avait permis à l’Etat islamique d’instaurer son califat. Depuis, les contre-offensives de l’armée irakienne et de ses alliés ont été systématiquement repoussées.

Cette fois, les autorités de Bagdad ont annoncé avoir repris plusieurs localités à une soixantaine de kilomètres de Mossoul. L’offensive est menée par des soldats irakiens et des combattants de plusieurs milices chiites. Les peshmergas kurdes, qui avancent depuis le Sud, ont également affirmé avoir «libéré quatre à cinq villages».

Leur progression sera lente. Pour le général Sean MacFarland, commandant de la coalition internationale en Irak, la reprise de Mossoul n’est pas envisageable avant fin 2016, voire début 2017. La ville, la deuxième du pays, comptait plus de 2 millions d’habitants, en majorité sunnites, avant sa prise par l’EI. Dans un Irak dévasté par la guerre civile et sectaire qui a suivi l’invasion américaine, la perspective de voir des combattants chiites ou kurdes reprendre leur ville ne peut que les inquiéter. «[Ils] doivent d’abord être persuadés que les forces venues les libérer leur offriront une situation meilleure que celle qu’ils vivent actuellement», a déclaré à l’AFP Salim al-Joubouri, président du Parlement irakien et dignitaire sunnite.

liberation.fr

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