La Banque Mondiale estime que près de 300.000 jeunes se retrouvent chaque année sur le marché du travail

Selon l’étude de la Banque Mondiale sur le travail des jeunes hommes et femmes pauvres et vulnérables, au Sénégal

, le défi est majeur. Les 15-24 ans représentent d’après la Banque Mondiale, près de 20% de la population, c’est-à-dire l’équivalent de 3 millions de citoyens. Autrement dit 300.000 jeunes entrent sur le marché du travail chaque année. Les 0-14 ans représentent aujourd’hui 44% de la population et elle estime que ce chiffre sera de près d’un demi-million (470 000) en 2030 et de près de 700 000 en 2050.

Selon le représentant de la Banque mondiale au Sénégal, Sophie Naudeau, responsable des programmes développement humain, avec cette évolution, si une proportion importante de jeunes n’arrive pas à trouver de l’emploi, la société perd une ressource importante pour la croissance inclusive. D’autre part, la banque mondiale a aussi renseigné que le sous-emploi et le chômage des jeunes sont intimement liés avec l’intégration sociale et les femmes et les jeunes sont les plus touchés par le chômage. Sans travail et sans intégration sociale, les jeunes sont plus vulnérables à opter pour prendre des risques, y compris au péril de leur vie. C’est ce qui ressort en gros de «l’étude sur le travail des jeunes hommes et femmes pauvres et vulnérables». Une étude restituée hier, jeudi 15 mars à Dakar.

«Le Sénégal offre un marché du travail difficile, ou les opportunités sont rares, particulièrement pour les jeunes et les femmes», fait remarquer la Banque Mondiale dans son rapport sur « le travail des jeunes hommes et femmes pauvres et vulnérables» restituée hier, jeudi 15 mars à Dakar. Selon Fédérica Marzo, économiste principal sur les questions de pauvreté équité et genre à la banque mondiale, plusieurs facteurs entrent en jeu dont le niveau d’éducation et l’expérience, l’âge et le fait d’avoir des enfants, déterminent les choix et opportunités des jeunes et des femmes.

Mais, elle estime qu’il faut aussi noter le besoin aigu de travailler de ces groupes qui se heurtent avec de nombreuses barrières tels que l’accès aux intrants productifs. En conséquence, la Banque Mondiale avance que les femmes et les jeunes gagnent significativement moins que leurs hommes ou ainés, et sont relégués dans des occupations informelles à basse productivité.
Le contexte social et culturel reste aussi un facteur à ne pas négliger du fait qu’il joue selon les acteurs un rôle fondamental et limite le choix individuel des jeunes et des femmes vis-à-vis du travail.

Parlant des jeunes qui souhaitent intégrer le monde du travail, la banque mondiale dans son rapport a signalé qu’en 2000 la demande était de 200.000, de 300.000 en 2015, et sera de 400.000 en 2025 et 670.000 en 2050. Ce qui amène les experts à dire que «les jeunes et les femmes représentent une partie considérable de la population en âge de travailler et un énorme potentiel pour l’économie sénégalaise».

Le taux du chômage

Le taux de chômage reste inferieure à 10% selon l’étude et cache un taux d’emploi faible (39%) et un taux de sous-emploi et inactivité élevés (21 et 59%). Les raisons évoquées dans cette étude demeurent la croissance faible/pauvre en emploi surtout formel à savoir manque de compétences, régulations strictes et coûts élevés; défaillances de marché. Pour ce qui concerne les femmes, elles représentent 12% plus de chance d’être inactives et 2.3% plus de chance d’être au chômage; 6% plus de chance d’être sous-employés.
«Même quand ils travaillent, jeunes et femmes le font dans une situation de précarité plus accentuée » relève le document.
Comment s’intégrer dans le monde du travail

Pour la représentante de la banque mondiale, Mme Naudeau, pour s’intégrer dans le monde du travail, les jeunes doivent faire face à de multiples contraintes. Parmi celles-ci elle fait remarquer, les opportunités limitées d’emplois productifs, le manque d’éducation de qualité et pertinence, les faibles opportunités pour développer les compétences requises sur le marché du travail et le difficile accès au crédit, à la terre et aux marchés agricoles pour les emplois dans le monde rural.
«Les jeunes femmes doivent faire face à des contraintes encore plus importantes, souvent exacerbées par des normes sociales qui les cantonnent dans des rôles domestiques.»

Sortie de crise

Pour Sophie Naudeau, il faut s’assurer que les 300.000 jeunes qui entrent sur le marché de travail chaque année ont des compétences en phase avec ce que le marché demande. Pour ceci, elle a déclaré : « il faut améliorer la qualité de l’éducation traditionnelle, y compris plus d’emphase sur les domaines exigées par le marché comme les sciences et mathématiques. Il faut aussi améliorer l’accès et la pertinence du TVET en assurant des liens étroits entre les programmes et le secteur privé qui demande les travailleurs qualifiés.»

Pour les jeunes qui sont sortis prématurément de l’école, la banque mondiale soutient qu’«il faut développer les écoles de deuxième chance qui leur donnent des compétences de bases aussi bien que des qualifications qu’ils pourraient exploiter dans le marché du travail.» Et de saluer les réformes déjà enclenchées au Sénégal : «nous saluons déjà les réformes pour améliorer la qualité de l’éduction générale, techniques et la formation professionnelle. Il est impératif de continuer ces transformations qui soutiennent la jeunesse sénégalaise. Ensemble, avec le gouvernement, nous espérons aussi explorer comment utiliser le sport, la musique et les arts pour attirer les jeunes sortis de l’école pour revenir vers la formation».

Situation de l’Afrique Subsaharienne

En Afrique subsaharienne, plus de la moitié de la population a moins de 25 ans selon le rapport de la Banque Mondiale. En vingt ans, entre 2015 et 2035, il est prévu que le nombre des moins de 15 ans augmente chaque année d’un demi-million. Selon les experts, si dans la région, il est incontestable que l’accès à l’éduction s’est fortement amélioré, il faut cependant souligner qu’environ 88 millions de jeunes c’est-à-dire environ la moitié des jeunes du continent -sont aujourd’hui encore en rupture de scolarisation.

De plus, près de 80% des jeunes d’âge compris entre 15 et 24 ans en Afrique sont en situation d’emploi précaire et ce taux est beaucoup plus élevé dans les zones rurales que dans les zones urbaines, chez les jeunes femmes que les jeunes hommes.

Aujourd’hui, la préparation des jeunes à l’emploi productif et le fait de leur assurer leur inclusion professionnelle et sociale sont des questions essentielles. Ceci est particulièrement vrai dans les pays d’Afrique subsaharienne où il s’agit de conditions incontournables pour lutter contre la pauvreté et parvenir à une croissance partagée.
sudonline.sn
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