Le Sénégal est aujourd’hui mentor dans le domaine de la gestion et de valorisation des boues de vidange fécales. Grâce à l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas), ce secteur est maintenant créateur de valeur ajoutée. C’est pourquoi d’autres pays africains sont invités à s’inspirer de l’exemple du Sénégal.
L’assainissement autonome a toujours été considéré comme budgétivore, c’est-à-dire qui utilise beaucoup de ressources sans créer de recettes. Mais, depuis trois ans, l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas) a lancé, sur financement de la Fondation Bill et Melinda Gates, un projet dénommé « Restructuration du marché des boues de vidange ». Il consiste à organiser le marché de l’assainissement autonome et les vidangeurs et essayer de créer de la valeur ajoutée. Ainsi, beaucoup de stations de traitement des boues de vidange ont été conçues et les produits issus de ces stations sont aujourd’hui valorisés.
Pour que cette expérience sénégalaise fasse tache d’huile, Dakar est choisie pour abriter le lancement du programme de «Renforcement des partenariats des opérateurs d’assainissement en Afrique pour des investissements optimaux en infrastructure » (Rasop-Africa). L’initiative est de l’Association africaine de l’eau (Aae), en partenariat avec l’Onas.
Les cinq sociétés/municipalités bénéficiaires de ce programme sont invitées à s’inspirer de l’exemple du Sénégal dans le domaine de la gestion et de la valorisation des boues de vidange. Il s’agit de Bamako (Mali), Yamoussoukro (Côte d’Ivoire), Yaoundé (Cameroun), Kampala (Ouganda) et Lusaka (Zambie). Ce programme est financé à hauteur de 900 millions de FCfa par la fondation Bill et Melinda Gates sur une période de 36 mois. Il vise à contribuer à l’amélioration de la qualité de la gestion des boues de vidange urbaine et des services d’assainissement sans égout. Il cible au moins un million de personnes en Afrique subsaharienne. « Au-delà de l’amélioration du cadre de vie des populations, nous cherchons à rendre rentable l’assainissement longtemps considéré comme un secteur budgétivore. Le choix de Dakar pour l’organisation de cet atelier nous conforte davantage sur notre pari de changer le visage de l’assainissement, surtout autonome, qui concerne plus de 80% des populations africaines en général, et sénégalaises en particulier et qui produisent des quantités importantes de boues de vidange », a souligné Alioune Badara Diop, directeur général de l’Onas.
Il a également relevé que sa structure est en train d’installer, sur financement de la Fondation Bill et Melinda Gates, un appareil appelé « Omni processeur » qui, à partir des boues de vidange, produit de l’eau distillée, de l’énergie et des cendres fertilisants utilisables pour l’agriculture. « En effet, l’originalité de l’expérience développée à Dakar pour structurer le marché des boues de vidange et les résultats déjà obtenus traduisent non seulement une volonté d’élargir un accès abordable à ce service, mais participe surtout à faire de l’assainissement un secteur marchand susceptible d’être rentable pour les acteurs et les bénéficières », a déclaré le directeur général de l’Onas. Ceci, a-t-il ajouté, passe par la transformation et la commercialisation des sous-produits issus de l’assainissement autonome.
Rendre rentable le secteur de l’assainissement
Selon lui, « c’est un choix certes osé mais réaliste » parce qu’il commence à porter ses fruits comme en atteste l’organisation de cet atelier à Dakar. « Il vise, au final, la dissémination des résultats de notre programme de gestion des boues de vidange auprès de nos partenaires des autres pays africains. Ce leadership développé dans le domaine de l’assainissement requiert, de notre part, beaucoup d’altruisme et de générosité. Cela passe assurément par un partage de notre expérience à travers une mise à disposition de nos experts et nos ouvrages », a estimé M. Diop.
Pour Thierno Hamet Baba Ly, secrétaire général du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement, l’accès au service d’assainissement demeure un défi majeur par la plupart des pays africains. Selon lui, aussi bien la qualité que la couverture des services sont insuffisantes en raison de la médiocrité des compétences en matière de gestion, d’exploitation et d’entretien des systèmes sanitaires. La situation est surtout aggravée par une croissance démographique accélérée et une urbanisation incontrôlée. Ce programme, a-t-il dit, vise à améliorer l’assainissement stratégique, la planification, l’élaboration de projets durables et institutionnels des cadres opérationnels et financiers pour l’assainissement dans les sociétés/municipalités.
Quant à Doulaye Koné de la Fondation Bill et Melinda Gates, il a indiqué que l’Onas a réussi à mettre en place un système fonctionnel d’organisation industrielle du secteur, demandant aux bénéficiaires du programme de s’inspirer de l’exemple de l’Onas et d’être ouvert à ce qui se fait de bon dans d’autres pays.
Ndiol Maka SECK
61% DES AFRICAINS N’ONT PAS ACCÈS À L’ASSAINISSEMENT
Selon Silvain Usher, directeur exécutif de l’Association africaine de l’eau (Aae), 61% des personnes vivant en Afrique n’ont pas accès à l’assainissement. 21% font leurs besoins naturels à l’air libre. Ce qui entraîne des problèmes sanitaires, sociales et économiques et constituent un lourd fardeau pour l’Afrique. « Grace à l’appui de la fondation Bill et Melinda Gates, l’Aae est sur le point de mettre en place un ambitieux programme qui constitue un des engagements forts des Objectifs de développement durable», a relevé M. Usher.
Nd. M. SECK
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