Vladimir Poutine, un président « accidentel » sans cesse réélu à la tête de la Russie

Vladimir Poutine a été réélu à la tête de la Russie pour un quatrième mandat.

Celui qui incarne avec autorité l’ambition d’une grande Russie à la puissance retrouvée, reste un personnage insaisissable. Portrait d’un homme qui défie l’Occident.

Une intervention de trois minutes, le 3 mars, devant ses partisans réunis par -15 degrés dans le stade Loujniki de Moscou, une autre de deux minutes cette semaine face à ses supporters en Crimée et quelques selfies. C’est ainsi que se résume la campagne du candidat Poutine, réélu dimanche 17 mars sans surprise à la tête de la Russie, pour un quatrième mandat.

Pas de débats télévisés ni d’affrontements directs avec les sept autres candidats, pas de longs meetings électoraux ni de bains de foule, et surtout aucune promesse. Vladimir Poutine, au pouvoir depuis plus de 18 ans, dont une interruption de quatre ans comme Premier ministre – car la Constitution l’empêchait de briguer un troisième mandat consécutif -, n’a pas jugé bon d’essayer de convaincre les électeurs. Son seul véritable adversaire ? L’abstention, pour qui il a concédé, dans la nuit du 15 au 16 mars, une brève allocution télévisée afin d’appeler les Russes à la mobilisation. Pour le reste, la victoire de celui qui incarne avec autorité l’ambition d’une grande Russie à la puissance retrouvée était acquise, sans l’ombre d’un doute.

À 65 ans, le président Poutine affiche la plus forte longévité au pouvoir pour un dirigeant russe ou soviétique depuis Joseph Staline. Malgré cette endurance, l’homme reste insaisissable et complexe, aux yeux de ses opposants comme à ceux de ses partisans. « Dans Poutine, il y a plusieurs personnages », résume Vladimir Fédorovski, qui a consacré un livre à l’homme fort de la Russie intitulé « Poutine l’itinéraire secret » (Éd. du Rocher). Dans un entretien au Point, l’écrivain et ancien diplomate russe retrace le parcours spectaculaire d’un homme passé du « James Bond version russe, qui a travaillé dans le contre-espionnage et l’espionnage au sein du KGB » à « l’incontournable » homme politique « élu personnage le plus puissant de la planète par Forbes ».

« Un président accidentel »

Né le 7 octobre 1952 dans une famille ouvrière de la banlieue de Leningrad, l’actuelle Saint-Pétersbourg, Vladimir Poutine « n’a jamais planifié de devenir président », assure Mikhail Zygar, auteur des « Hommes du Kremlin » (Éd. du Cherche-Midi), interrogé par le Journal du Dimanche le 17 mars 2018. « Il est un président accidentel », résume-t-il.

Diplômé de droit, le jeune Vladimir Poutine intégre le KGB, dont il devient agent du renseignement extérieur envoyé en mission de 1985 à 1990 à Dresde, en Allemagne de l’Est, un poste plutôt modeste. Après le délitement de l’URSS, il se recycle en conseiller aux relations extérieures du nouveau maire libéral de Saint-Pétersbourg, avant d’être repéré par le clan Eltsine qui cherche au président un dauphin à sa botte, capable d’assurer la stabilité après son départ.

Vladimir Poutine « était jeune, il était une parfaite pop-star en devenir. On pouvait lui mettre n’importe quel maquillage et il allait endosser le rôle qu’on allait lui donner », explique Mikhail Zygar. Une marionnette ? « Pas une marionnette mais ils (les proches d’Eltsine, NDLR) pensaient qu’il était influençable, pas très visionnaire, qu’il n’avait pas de stratégie, ce qui était vrai. »

En août 1999, alors qu’il est responsable des services secrets russes chargés de la sécurité intérieure, Boris Eltsine le propulse au poste de Premier ministre. Quasi-inconnu, Vladimir Poutine va dès lors rapidement se forger une image d’homme fort dans un pays traumatisé par une vague d’attentats attribués aux indépendantistes tchétchènes. Le 1er octobre 1999, il promet de « buter les terroristes jusque dans les chiottes » et fait entrer les troupes fédérales russes en Tchétchénie, conflit sanglant marqué par des exactions de l’armée russe et le bombardement aveugle de Grozny. « Cette phrase va choquer parce c’est un langage de criminels, se souvient Vladimir Fédorovski. Mais elle va lui valoir une flambée de popularité de 30 % dans les sondages et il va devenir incontournable ».

Boris Eltsine, miné par l’alcool et la maladie, démissionne deux mois plus tard. Son dauphin désigné lui succède définitivement lors de l’élection présidentielle de mars 2000 qu’il emporte facilement, avec déjà cette étiquette d’homme fort de la Russie. Il va alors accélérer sa prise en main du pouvoir en s’appuyant sur les « structures de forces » (services secrets, police, armée) et sur ses proches de Saint-Pétersbourg. Le Kremlin met aussi au pas les chaînes télévisées, dont la liberté de ton héritée des années 1990 dérange. Désormais, le petit écran est au service du président. Moscou va opérer plus tard un nouveau tour de vis dans les libertés publiques après les mouvements de contestation de 2011 et 2012 contre Vladimir Poutine.

La rupture avec l’Occident

Vladimir Poutine va véritablement endosser les habits de restaurateur de la « grande Russie » en annexant en 2014 la péninsule ukrainienne de Crimée. Cette opération déclenche la pire crise depuis la fin de la Guerre froide entre Russes et Occidentaux, qui accusent en outre Moscou de soutenir militairement une rébellion séparatiste dans l’est de l’Ukraine, ce que le Kremlin dément. Si à l’étranger cet épisode va durablement ternir la réputation du dirigeant, elle va au contraire avoir un effet positif sur sa cote de popularité en Russie. Hasard du calendrier, les quatre ans de ce rattachement sont célébrés dimanche 18 mars, jour de ce nouveau triomphe électoral pour le chef de l’État russe.

Le soutien indéfectible qu’apporte Moscou au régime syrien de Bachar al-Assad et sa volonté de privilégier le processus de paix d’Astana plutôt que celui de l’ONU, vont encore exacerber les crispations avec l’Ouest. « La Russie était isolée. La Syrie a permis de casser le cordon qui enserrait le pays et pour Poutine d’être reconnu comme un vrai leader international. En ce sens, ça a été un succès. Tout le monde a arrêté de parler de l’Ukraine. La Syrie n’a été qu’un instrument », estime Mikhail Zygar dans le JDD.

La révélation d’un vaste système de dopage de ses athlètes, menant à l’exclusion de la Russie des JO-2018, l’ingérence russe dans la présidentielle américaine, la récente affaire Skripal, du nom de cet ex-agent et de sa fille empoisonnés en Angleterre, terniront un peu plus l’image du chef de l’État sur la scène internationale.

Mais Vladimir Poutine n’en a cure. Lors de son dernier grand discours prononcé devant le Parlement début mars, le maître de Moscou a gonflé les muscles en présentant de nouvelles armes « invincibles ».

« Personne ne voulait nous parler, personne ne voulait nous écouter, a t-il lancé à l’adresse des Occidentaux. Écoutez-nous maintenant ! ».
france24.com
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