Massacre du 28 septembre 2009 à Conakry : Enquête clôturée en fin octobre et espoir d’un procès (Vidéo)

Les organisations de défense des victimes du massacre du 28 septembre 2009 à Conakry, où au moins 156 personnes ont été tuées par les forces de l’ordre, affirment jeudi avoir reçu l’assurance que l’enquête serait clôturée avant le 31 octobre.

Conakry, 28 septembre 2009. Des dizaines de milliers de partisans du Forum des forces vives de Guinée, principal rassemblement de l’opposition, participent à un meeting politique pacifique géant dans le stade du 28-Septembre. Point d’orgue de plusieurs manifestations à travers tout le pays, le regroupement dénonce la promesse non tenue du président de transition Moussa Dadis Camara, qui devait organiser des élections dans l’année, sans s’y présenter, après le putsch militaire de décembre 2008.

Vers 11 h 30, des centaines de soldats d’élite de la garde présidentielle, de gendarmes, de policiers et de miliciens encerclent le stade résonnant de slogans pro-démocratiques, d’après une enquête de Human Rights Watch. Après avoir condamné les issues, ils tirent des grenades lacrymogènes et entrent dans le stade. Les forces de sécurité commencent alors à tirer sur la foule, souvent à bout portant, et s’en prennent aux chefs de l’opposition. En quelques heures, le carnage fait au moins 156 morts et des centaines de blessés. Plus d’une centaine de femmes sont violées sur place.

Huit ans plus tard, jour pour jour, la plaie de ce massacre manifestement organisé et planifié est toujours ouverte. Les centaines de victimes et leurs proches attendent toujours la réponse à une question élémentaire : qui a donné les ordres ? Une enquête est ouverte depuis 2010, et les soupçons pèsent sur l’ancien président Moussa Dadis Camara, aujourd’hui réfugié au Burkina Faso, et sur des membres influents de son entourage de l’époque.

Après de longs atermoiements, le bout du tunnel semble en vue. « L’instruction judiciaire touche à sa fin. Nous avions exigé, au nom des 450 victimes que nous représentons, une clôture symbolique [de l’enquête] pour le 28 septembre 2017, mais nous avons eu l’assurance du ministre de la justice que cette clôture interviendra au 31 octobre 2017 au plus tard », se réjouit pour France 24 Florent Geel, responsable du bureau Afrique de la Fédération internationale de droits de l’Homme (FIDH), qui s’est portée partie civile.

« L’instruction a considérablement avancé »

Quatorze personnes ont été inculpées, dont l’ancien président Moussa Dadis Camara, son vice-président et haut gradé de l’armée Mamadouba Toto Camara, l’actuel chef de la lutte contre le grand banditisme, Moussa Tiégboro Camara, et le gouverneur de Conakry depuis 2016, Mathurin Bangoura. Par ailleurs, Aboubakar Sidiki Diakité, l’ancien bras droit de Moussa Dadis Camara, qu’il a tenté d’assassiner en décembre 2009, lui reprochant de vouloir lui faire porter la responsabilité du massacre, a été arrêté en décembre 2016 au Sénégal après sept ans de cavale et extradé en Guinée trois mois plus tard.

« Depuis l’arrivée du ministre de la Justice Cheick Sako [début 2014], les choses ont considérablement avancé, et les autorités judiciaires ont réaffirmé l’engagement ferme du gouvernement à faire en sorte que ce procès ait lieu », ajoute Florent Geel. Selon lui, des obstacles sont à attendre, de nombreuses personnes n’ayant pas intérêt à la tenue d’un tel procès, notamment parmi ceux qui devront répondre de leurs actes. Mais il reste confiant, d’autant que l’enjeu est de taille pour l’actuel président guinéen Alpha Condé, également président de l’Union africaine depuis fin janvier 2017. Prônant sa vision panafricaniste dans cette institution, l’homme fort du pays martèle que les problèmes Africains doivent être résolus par les Africains, à l’image du récent procès d’Hissène Habré à Dakar, et il a ici l’occasion d’appliquer sa maxime à son propre pays.

Une fois l’instruction clôturée, le procès devrait pouvoir commencer début 2018, espère la FIDH. L’affaire étant hautement symbolique, les États-Unis et l’Union européenne ont promis d’appuyer et de financer une partie du procès. « L’un des principaux enjeux sera de rendre leur dignité aux victimes, qui ont subi un important traumatisme. Beaucoup en sont déjà mortes ces dernières années », prévient Florent Geel. Jusqu’à aujourd’hui, les centaines de victimes n’ont touché ni compensation financière, ni réel suivi psychologique, malgré l’action des ONG.
france24.com

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