Nicolas Sarkozy renvoie la durée du travail à des accords d’entreprise, en promettant que chaque heure travaillée sera rémunérée.
La sortie des 35 heures est censée être le point fort de la demi-journée que les Républicains consacrent ce mercredi à la réforme du Code du travail. Comme pour l’immigration, Nicolas Sarkozy veut soumettre aux militants les propositions qui en sortiront, sous forme de questionnaire. Mais dans la version transmise mardi aux membres du bureau politique, une seule question sur les neuf posées concerne les lois Aubry: «Êtes-vous d’accord pour que les entreprises puissent avoir la liberté de sortir des 35 heures?»
Rien n’est précisé sur les modalités de cette sortie, notamment financières: les entreprises pourront-elles proposer aux salariés de travailler davantage sans gagner plus, ou la loi les obligera-t-elle à compenser l’allongement de la durée du travail? «Toute la difficulté est de traduire dans des questions auxquelles il faut répondre par oui ou non des propositions pointues qui impliquent des nuances», explique Isabelle Le Callennec, déléguée générale adjointe au projet du parti. La députée d’Ille-et-Vilaine assure que «le débat se poursuivra dans les semaines qui viennent».
Nicolas Sarkozy, lui, a déjà tranché. Il définit sa position dans une interview publiée mercredi par Les Échos: «Toute entreprise qui souhaitera s’exonérer des 35 heures devra pouvoir le faire. C’est la liberté qui doit primer. La loi prévoira deux cas: soit l’accord d’entreprise fixera un temps de travail hebdomadaire supérieur à 35 heures, soit l’entreprise restera aux 35 heures.» L’ex-chef de l’État garderait donc la référence aux 35 heures dans la loi. Il en ferait même le point de déclenchement de nouveaux allégements de cotisations sociales. En 2007, ces allégements bénéficiaient aux salariés qui acceptaient de faire des heures supplémentaires. François Hollande les a supprimés. Cette fois, Nicolas Sarkozy propose d’en faire bénéficier les entreprises «pour les encourager à remonter la durée du travail».
Dans tous les cas, «chaque heure travaillée doit être rémunérée», souligne Nicolas Sarkozy, qui prévient: «Il n’est pas question, de mon point de vue, de faire travailler les salariés 39 heures pour qu’ils soient payés 35 heures.» Une précision qui ne figurait pas, mardi soir, dans le questionnaire qui devait être soumis aux militants.
Et pour cause: si tous les candidats à la primaire, à droite, sont d’accord pour en finir avec les lois Aubry, ils sont divisés sur le problème de la rémunération. François Fillon, le plus libéral, estime que tout doit procéder de la négociation, dans un cadre légal réduit à sa plus simple expression: le plafond de 48 heures de travail hebdomadaire prévu par l’Union européenne. Alain Juppé, lui, propose que la loi fixe une «durée de référence» à 39 heures hebdomadaires, au-delà desquelles se déclencheraient les heures supplémentaires. Le maire de Bordeaux veut que tout allongement de la durée du travail soit intégralement compensé. Il refuse que le salaire soit une variable d’ajustement, comme Xavier Bertrand, Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire.
Le débat ne devrait pas être tranché ce mercredi. Sarkozy conclura la matinée, mais Fillon, Juppé, Bertrand et Le Maire n’iront pas rue de Vaugirard. La bombe des 35 heures, qui menace régulièrement la gauche d’explosion, est encore loin d’être désamorcée à droite.
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