Les conséquences des sanctions de la Cedeao sur le Niger

Depuis le 30 juillet, le Niger vit sous les sanctions économiques ouest-africaines.

L’organisation sous-régionale avait décrété une série de 9 décisions.
Des sanctions qui vont de la suspension des transactions financières et commerciales avec le Niger au gel des avoirs des militaires responsables du coup d’Etat, en passant par une interdiction de voyage des officiers militaires impliqués dans le coup d’état.
Toutes les transactions commerciales et financières entre les Etats membres de la CEDEAO et le Niger sont suspendues.
Dans les banques centrales de la CEDEAO, les avoirs de la République du Niger ont été gelés.
La CEDEAO a également annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes avec le Niger.

Des sanctions « humiliantes » aux lourdes conséquences

Ces sanctions économiques se font déjà sentir dans la capitale Niamey où les opérations bancaires sont au ralenti.
Aux frontières avec le Bénin et le Nigéria, plusieurs camions de vivres sont bloqués, ce qui engendre la hausse des prix des denrées alimentaires dans le pays.
En plus du blocus économique imposé par la CEDEAO, plusieurs pays et organisations internationales ont remis en question leur aide financière.
Le régime militaire a dénoncé « les sanctions illégales, inhumaines et humiliantes de la CEDEAO ».
Ces sanctions « vont jusqu’à priver le pays de produits pharmaceutiques, de denrées alimentaires » et de « fourniture en courant électrique », ont déploré les militaires dans leur communiqué.
Les populations nigériennes sont durement éprouvées a affirmé un des membres du régime, le colonel-major Amadou Abdramane.
Impacts au Nigéria voisin
Les sanctions générales de la CEDEAO à l’encontre du Niger ont des conséquences inattendues sur les activités commerciales des pays voisins d’Afrique de l’Ouest, tels que le Nigeria.
Les marchandises arrivant aux postes-frontières sur les camions des deux côtés n’ont pas pu traverser et atteindre leurs destinations.
Les commerçants du nord du Nigeria ont dénoncé les conséquences économiques de la fermeture de la frontière avec le Niger, qui deviennent insupportables en raison des pertes qu’ils subissent.
Selon un groupe de commerçants de la région, environ 13 milliards de nairas sont perdus chaque semaine.
Le président Bola Tinubu a ordonné la fermeture de la frontière, qui s’étend sur plus de 1 600 km, conformément aux sanctions imposées par la CEDEAO.
Pour la plupart des commerçants du nord du Nigeria, le Niger a été au fil des ans une alternative majeure pour les marchandises étrangères importées via la République du Bénin vers les ports de Lagos, dans le sud du Nigeria.
L’Arewa Economic Forum, un syndicat de commerçants du nord, a déclaré que le commerce entre les deux pays est généralement informel, en particulier pour les denrées périssables, et que rien que l’année dernière, il a été estimé à environ 177 milliards de nairas pour les biens et les services.
En outre, les céréales produites au Niger, y compris les haricots, le millet et le bétail, sont importées par les trois frontières nigérianes d’Illelah à Sokoto, de Jibia à Katsina et de Maigatari à Jigawa.
Un négociant international du marché aux grains de Dawanau à Kano a déclaré que ses marchandises, comprenant des graines d’oseille rouge, de la poudre de feuilles de boabab ainsi que des caroubes destinées au Mali, étaient bloquées à la frontière de Jibia.
Les marchandises risquent d’être détruites.
Les commerçants ont déclaré qu’ils craignaient que les pluies constantes qui s’abattent presque quotidiennement sur les camions dans les zones frontalières ne détruisent leurs marchandises.
Délestage à Niamey

La capitale nigérienne subit d’importants délestages, conséquence directe des sanctions régionales qui ont suivi le putsch du 26 juillet.
En ligne avec ces sanctions de la CEDEAO, le Nigeria a annoncé couper l’approvisionnement en électricité à son voisin.
En temps normal, la ville de Niamey est déjà soumise à des coupures d’électricité régulières dues aux pannes sur le réseau du Nigeria.
La Société nigérienne d’électricité (Nigelec, seul fournisseur du pays) achète 70% de l’électricité au Nigéria, selon un rapport de 2022 de cette entreprise.
Pour alimenter ses abonnés, la Nigelec doit désormais compter sur ses seules productions locales insuffisantes pour couvrir les besoins de la capitale et ses près de 2 millions d’habitants.
Dans un discours à la nation à l’occasion du 63e anniversaire de l’indépendance du Niger, le chef des militaires au pouvoir, le général Abdourahamane Tchiani, a toutefois prévenu que « les semaines et les mois à venir seront difficiles pour notre pays ».
« Force en attente »
Lors d’un nouveau sommet le 10 aout, les dirigeants de la CEDEAO ont réaffirmé privilégier la voie diplomatique pour rétablir le président Bazoum dans ses fonctions, tout en ordonnant une mobilisation et un déploiement de la « force en attente » de la CEDEAO.
En effet, la force en attente de la Cédéao est l’une des cinq forces régionales qui composent la Force africaine en attente (FAA), placée sous la direction de l’Union africaine (UA).
La « force en attente » de la CEDEAO est l’héritière de l’Ecomog. Ce groupe militaire d’interposition né en 1990 de la volonté de l’organisation de faire respecter les cessez-le-feu dans la région de l’Afrique de l’Ouest, notamment au Libéria, en proie à cette époque à la guerre civile.
Le déploiement de cette force armée ne serait donc pas une première dans l’histoire de l’organisation.
La menace d’un recours à la force avait été brandie la première fois le 30 juillet lors d’un précédent sommet de la Cedeao. Un ultimatum de sept jours avait été lancé aux militaires de Niamey pour rétablir le président Bazoum, sous peine d’intervention armée. Mais rien ne s’est passé à son expiration.
Pour le journaliste et écrivain Seidik Abba,  » la CEDEAO est cohérente dans sa décision. Ce qui change aujourd’hui c’est que lors du sommet du 30 juillet, l’option militaire était portée par une force adhoc, une force spéciale créée autour du Nigéria avec en appui la Côte d’Ivoire sans doute le Sénégal et dans une moindre mesure le Bénin et le Togo. Là, la CEDEAO est passée à une autre dimension c’est la force en attente de la CEDEAO »

Les préalables d’un déploiement militaire
Les observateurs et analystes doutent de la faisabilité d’une opération militaire à haut risque et difficile à mettre en œuvre.
La « force en attente » est mandatée par la Cedeao pour des missions liées au maintien de la paix. Elle a déjà été déployée en Sierra Leone, au Liberia, en Guinée-Bissau et en Gambie.
La mise en place d’une telle force « dépend de la volonté des contributeurs », ce qui « nécessite beaucoup de négociations entre les pays », affirme Marc-André Boisvert, chercheur et consultant sur le Sahel.
Le Sénégal, le Bénin, le Nigeria et la Côte d’Ivoire se sont dits prêts à envoyer des troupes, mais se heurtent à des critiques internes, et aux hésitations d’autres pays ouest-africains.
En outre, « il est difficile de dégager des effectifs dans ces armées qui sont fragiles et manquent de moyens », selon Marc-André Boisvert.
Pour l’heure, seule la Côte d’ivoire a précisé le nombre de troupes qu’elle serait prête à engager pour une telle intervention, soit un millier d’hommes.
« Une opération pareille doit mobiliser 3.000 à 4.000 soldats », estime le général sénégalais Mansour Seck.

Les effectifs de l’armée nigérienne sont estimés à environ 30.000 hommes, dont quelque 11.000 déployés sur le théâtre d’opération, disait le président Bazoum en 2022.
Le Mali et le Burkina Faso ont également mis en garde la CEDEAO contre toute intervention au Niger, qui serait assimilée à une « déclaration de guerre ».
Nul ne peut prédire les conséquences d’une intervention dans Niamey, qui pourrait causer des victimes civiles.
Pour Seidik Abba, Journaliste, Ecrivain, Spécialiste du Sahel, « l’activation de la force en attente, prendra du temps. Le temps que les militaires, les stratèges militaires définissent le contour de l’opération ».
Pendant cette période de préparation la possibilité de poursuivre le dialogue va se faire, l’option diplomatique et politique n’est pas totalement écarté et si elle aboutissait, ce serait la meilleure solution estime le journaliste Seidik Abba.
Dans une interview accordée à la BBC, le Dr Abdel Fatau Musah, commissaire chargé des affaires politiques, de la paix et de la sécurité au sein de la CEDEAO, a déclaré que l’intervention militaire serait suspendue « si la junte au Niger annonce qu’elle est prête à discuter et à rétablir l’ordre constitutionnel ».
bbc.com
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