La chronique d’Alhousseynou Yoro Diallo : Temps de travail, temps d’élections, votes, choix d’un programme, quelle souveraineté pour le peuple ?

L’évolution de la situation socio-politique dans notre sous-région est source d’une grande consternation

et d’une grande inquiétude pour bon nombre d’acteurs de la vie politique, économique et sociale. Les cas du Mali (confronté à une instabilité politique et à une menace djihadiste), de la Côte d’Ivoire (qui n’a pas encore fini de panser ses plaies), de la Guinée (qui se cherche), du Burkina Faso (dans une grande instabilité politique marquée par des coups d’Etat répétitifs), du Sénégal (dans une tourmente politico-juridique grosse de dangers), du Niger (à l’avenir incertain), d’une organisation sous régionale (CEDEAO) considérée, par certains, comme un syndicat des chefs d’Etat, et qui devient de plus en plus une organisation plutôt militaire oubliant que la guerre est une résurgence du passé, la manifestation d’un échec et la victoire de l’instinct sur la raison, etc. montrent combien
peut être fragile un Etat, une nation, une union.
Les difficultés que nous vivons sont d’abord et essentiellement politiques.
Nous devons, à défaut de trouver notre voie propre, fruit de notre propre cheminement historique, nous réapproprier les fondements de la démocratie en tant que mode de gestion de la cité.
Nous devons comprendre qu’en démocratie le temps est « séquencé ». Ainsi, après des jours, des semaines, voire des mois, de rudes empoignades, au propre comme au figuré, arrive le temps du choix du peuple. Ce choix doit être exclusivement réservé au peuple électeur, libre et souverain.
Au lendemain de ce choix, ce même peuple au nom duquel on dit s’être engagé perd son unité et est catégorisé en bons ou mauvais citoyens, conscients ou inconscients, corrompus ou dignes, sous l’angle du prisme déformant de notre ambition ou motivation.
Objet de toutes les convoitises tout le temps de la campagne, courtisé, honoré et magnifié ce peuple perd toutes ses qualités et est infantilisé, n’ayant aucun sens des responsabilités, incapable de choisir selon l’avis de ceux qui n’ont pas eu le bonheur de recueillir ses suffrages.
Alors il est temps de savoir ce que nous voulons réellement.
Si les électeurs sont incapables de choisir alors à quoi bon organiser des élections?
Si par contre, comme on l’entend souvent, le peuple est en avance sur les dirigeants, alors respectons son choix et, pendant le temps du mandat donné, laissons les élus mettre en oeuvre leur offre.
La situation de campagne permanente que nous vivons procède du refus d’accepter la décision du peuple, du mauvais fonctionnement des institutions par mauvaise foi ou par ignorance.
Il faut sortir de ce cercle infernal.
Après le temps du choix doit venir le temps du travail avec le déroulement du programme qui a eu la faveur du peuple à travers ses mandants (les électeurs).
Ce temps doit être mis à profit par ceux dont l’offre n’avait pas été acceptée pour approfondir la réflexion, travailler à améliorer et à faire connaître leur offre politique pour plus de chance aux prochaines échéances. C’est aussi une phase d’observation et d’une approche critique objective de la mise en oeuvre des programmes par tous les acteurs pour aider à une meilleure prise en charge des préoccupations des populations dont le bien-être devrait, seul, guider l’action politique.
Essayer d’empêcher la mise en œuvre correcte de la politique acceptée lors d’élections, c’est refuser le choix du peuple.
Seul le peuple a la légitimité pour évaluer et sanctionner positivement ou négativement ses élus car les objectifs à atteindre ont été fixés par lui au moment du choix.
La difficulté majeure reste que l’évaluation des politiques publiques doit être arrimée aux objectifs préalablement déclinés, aux moyens (humain, matériel, financier) mobilisés, aux conditions (structurelle, conjoncturelle) pour être objective. De l’objectivité de l’évaluation dépendra la pertinence de la remédiation ou même de la définition d’une autre orientation.
L’évaluation est un moment important car elle permet d’apprendre de ses succès mais aussi de ses erreurs et échecs pour maintenir le cap ou, courageusement, changer d’orientation, s’il y a lieu.
C’est en ce sens qu’il faut comprendre Franz Fanon quand il disait : »chaque génération doit, dans une relative opacité, affronter sa mission : la remplir ou la trahir »
Mais qui doit définir la mission d’une génération?
Les générations antérieures?
Les générations présentes?
Les générations futures?
En tout cas les générations futures ont le beau rôle car elles croient qu’elles sont investies du pouvoir de définir ce qui devait être la mission de la génération antérieure. D’où sa tendance à être extrêmement sévère et même nihiliste.
Un pays ne peut pas être dirigé par des slogans. Le slogan traduit plus une intention qu’un programme, une démarche.
On ne peut pas faire l’économie des réformes. Il est impératif de mettre en congruence nos besoins d’éducation/formation avec nos moyens et nos objectifs de gouvernance et de développement. Les produits des structures d’éducation et de formation nous interpellent car ce sont eux dont les pratiques sont décriées.
La recherche de solutions commence par un diagnostic sans complaisance.
On ne peut pas ne pas interroger le contenu de nos structures de formation et nous interroger sur l’adéquation entre le produit et nos valeurs de société.
L’évaluation des pratiques c’est aussi évaluer le circuit de formation.
Le recours à la violence est un signe de faiblesse et un aveu d’échec.
Il peut aussi découler d’un sentiment d’injustice.
Les contestations électorales se justifient-elles?
L’apaisement que tous appellent de leurs vœux (pieux?) sera tributaire de mesures hardies qui seront appliquées.
Le processus électoral doit être confié à des hommes justes, bien formés, indépendants avec un sens de l’honneur très élevé et conscients de leur responsabilité.
Mais, et c’est tout le charme de l’humain, le sens des responsabilités relève de mécanismes subtils aussi intuitifs que discursifs qui constitue un code d’honneur pas toujours écrit mais qui doit être vécu intimement.

Tambacounda le 20 août 2023

Alhousseynou Yoro DIALLO
Chevalier dans l’ordre national du lion
alhousseynoudiallo12@gmail.com
ActuPrime – La primeur et la valeur de l’information – Sénégal

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