Iran : l’ultra-conservateur proche du Guide suprême, Ebrahim Raïssi, élu président de la république islamique

Les Iraniens ont choisi vendredi 18 juin leur nouveau président lors d’un scrutin qui semblait joué d’avance.

C’est l’ultra-conservateur Ebrahim Raïssi qui a été élu avec 61,95% des voix, selon le résultat officiel. Un scrutin marqué par une abstention de 48,8%, le taux le plus bas pour une telle élection. Son portrait.

Un hodjatoleslam va succéder à un hodjatoleslam. Le président iranien élu Ebrahim Raïssi partage en effet ce titre religieux avec Hassan Rohani, qui ne pouvait se représenter après deux mandats. Ce rang dans le clergé chiite, inférieur à celui d’ayatollah, est l’un des seuls points communs entre les deux hommes. Après huit années de présidence du modéré Hassan Rohani, c’est généralement le qualificatif d’ultra-conservateur qui est choisi pour décrire Ebrahim Raïssi.

Barbe grise, turban noir et long manteau de religieux, Ebrahim Raïssi est né il y a 60 ans dans la ville sainte de Macchad au nord-est de l’Iran, et son destin est intimement lié à celui de la Révolution islamique. C’est à 20 ans seulement qu’il devient procureur et il gravira ensuite tous les échelons du système judiciaire : procureur général de Téhéran de 1989 à 1994, chef adjoint de l’Autorité judiciaire de 2004 à 2014, puis procureur général du pays. En 2019, le Guide suprême iranien, l’Ayatollah Ali Khamenei nomme Ebrahim Raïssi à la tête de l’Autorité judiciaire.

Parallèlement à ce parcours, Ebrahim Raïssi a dirigé la puissante fondation religieuse Astan-é Qods Razavi, qui gère le mausolée de l’Imam-Réza à Machhad et pilote un immense patrimoine industriel et immobilier.

« Il a une très fine connaissance des institutions de la République islamique » explique Clément Therme, chercheur associé à l’Institut universitaire européen de Florence. Ebrahim Raïssi est considéré comme proche du Guide suprême et même comme possible successeur au principal dirigeant de la République islamique : il est membre du bureau directeur de l’Assemblée des experts, l’instance chargée de nommer le Guide suprême. « Cette élection à la présidence de la République marque la volonté de contrôler la succession, au cas où le guide actuel âgé de 82 ans viendrait à disparaître » analyse Clément Therme qui voit en Ebrahim Raïssi « la confirmation d’une alliance entre l’appareil de sécurité de la République islamique et le clergé chiite officiel. La théocratie se militarise et l’élection de Raïssi s’inscrit dans cette évolution structurelle de la République islamique. »

Candidat battu à la présidentielle de 2017, Ebrahim Raïssi partait largement favori cette année, après la disqualification de la plupart des candidats réformateurs et après l’abandon de plusieurs de ses adversaires dans les jours qui ont précédé le scrutin. Ces dernières semaines, Ebrahim Raïssi a fait campagne sur une vision étatique de l’économie et a promis de lutter contre la pauvreté et la corruption.

Selon plusieurs organisations de défense des droits humains, Ebrahim Raïssi a été impliqué dans certaines des pages les plus sombres de l’histoire de la République islamique. Selon la chercheuse Raha Bahreini d’Amnesty International, « Ebrahim Raïssi a été identifié comme l’un des membres de ce qu’on appelle ‘la commission de la mort’, qui a mis en œuvre les disparitions forcées et les exécutions extra-judiciaires de plusieurs milliers de dissidents politiques dans des prisons proches de Téhéran en 1988. Et qui a supervisé l’enterrement en secret de la grande majorité des corps dans des fosses communes anonymes ».

De par ses hautes fonctions dans l’appareil judiciaire, Ebrahim Raïssi aurait également été l’un des artisans de la répression du mouvement de contestation de 2009 ainsi que des vagues de manifestations survenues ces dernières années, toujours selon les organisations de défense des droits humains. « Depuis quatre décennies, Ebrahim Raïssi n’a pas cessé d’exercer de hautes responsabilités dans le système judiciaire iranien, qui a été à l’origine de violations des droits humains et de crimes au regard du droit international, explique Raha Bahreini d’Amnesty International qui parle de « dizaines de milliers de personnes soumises à des arrestations et des détentions arbitraires, à des disparitions forcées, à des actes de torture et à des exécutions extra-judiciaires ou arbitraires »

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