Ce Lundi matin, a repris le procès d’Hissein Habré avec le témoignage de Mike Dottridge, ancien chercheur et responsable d’Amnesty International au Tchad. Selon lui, les autorités tchadiennes n’ont pas réagi sur à leurs nombreuses demandes. Mike Dottridge se rappelle que leur structure avait réussi à décrocher une audience avec l’ex président tchadien mais, que celui-ci l’a annulé à la dernière minute au motif qu’il devait recevoir le Premier ministre congolais de l’époque. Cependant, il dit avoir obtenu la libération des détenus à la suite de leur interpellation. A la question du procureur spécial de savoir si l’ex président tchadien pouvait ignorer leur appel malgré toutes les voies et moyens utilisées, le témoin reste perplexe. «Un adjoint du chef de l’Etat peut décider de ne pas communiquer une information à son président…», répond-il à Mbacké Fall. Qui décidé alors de lui faire écouter un enregistrement sonore daté du 15 novembre 1984 dans lequel l’ex président tchadien intervenait sur les ondes l’agence tchadienne de presse.
«Nous avons essayé d’établir l’ordre et la sérénité; la guerre entraîne nécessairement des pertes…»
Dans ledit enregistrement, Hissein Habré, puisque c’est de lui dont il s’agit, disait ceci : « Il y a certains groupes qui n’ont pas voulu jouer à la réconciliation, nous avons essayé d’établir l’ordre et la sérénité; la guerre entraine nécessairement des pertes(en vie humaine). Ce sont des accusations gratuites car cette guerre nous a été imposée…». En réponse, le témoin déclare: «c’est la justification de la guerre froide, la même justification que j’ai entendue dans d’autres pays».
Auparavant, Mike Dottridge a apporté quelques précisions sur le rôle du rapporteur spécial des Nations Unies qui a listé entre autres problèmes tels que l’alimentation insuffisante des prisonniers, le manque d’eau, des cellules peuplées et autres mauvais traitements. Sur la situation d’incarcération des enfants mineurs et de femmes, le témoin a affirmé qu’ils étaient détenus dans des conditions extrêmement difficiles et qu’il arrivait qu’hommes et femmes soient dans une même cellule, les exposant ainsi au danger.
Ndèye Awa BEYE(actusen.com)