La chronique d’Alhousseynou Yoro Diallo : quelle définition de la politique ?

Pour ne pas remonter plus loin, 1988, 1993, 2000, 2007, 2019 et, tout laisse à croire, 2024 !

Le Sénégal face à ses démons : de l’exacerbation de l’esprit partisan à la mauvaise foi ! (Encore) en route vers des regrets à cause de la grande place qu’occupe l’émotion dans nos postures et prises de décision.

Le Sénégal est toujours à la recherche du messie qui viendra résoudre tous ses problèmes. Cette quête du messie est à l’origine des déceptions, regrets et frustrations après chaque élection.
Tous sentiments porteurs de rancœurs et de violences.

Tout cela parce qu’on a mis, comme on dit, la charrue avant les bœufs.

L’entrée tardive en politique de certains acteurs est un signe et une illustration de l’absence d’idéologie, de conviction et de culture politiques.

On entre en politique pour défendre une personne, par indignation, par frustration ou pour ses propres intérêts. Le processus normal pour entrer en politique n’est plus respecté.

Les différentes étapes, allant de la sympathie au militantisme, ne sont pas bien identifiées. Ainsi nous trouvons dans une masse compacte sympathisants, adhérents, militants sans avant-garde devant animer le débat interne, organiser la réflexion, définir les orientations et les stratégies. Il s’agit d’avoir un sens critique admettant la critique et l’autocritique difficiles à mettre en pratique quand les différences de repères et de références font que les concepts et les mots n’ont pas le même sens pour tous d’où des antagonismes qui n’en sont qu’en apparence.

Clarifions le sens des concepts, des termes et les débats deviendront apaisés, utiles, instructifs.

Quand la définition de l’orientation ne relève que d’une personne, nous ne sommes plus dans un programme politique mais dans un projet personnel.

Ainsi nous cultivons un rapport particulier avec le leader déjà dans l’organisation mais surtout après son élection.

En effet, du jour au lendemain nous lui trouvons des qualités et nous lui créons des parcours exceptionnels dont les racines seraient à chercher dans son ascendance. Ainsi, encore la veille, un homme dans un cadre d’égaux, devient, au lendemain de la proclamation des résultats, le guide éclairé, un visionnaire, un homme infaillible à la science infuse.
Quand un projet de société ne se bâtit qu’autour d’une seule personne et qui seule peut le définir et le porter alors nous ne sommes plus dans un projet collectif mais bien dans un projet individuel.

À partir de ce moment cette personne est placée au-dessus de tout devenant ainsi une personne isolée en proie à son égo, aux laudateurs et autres thuriféraires.

On oublie que les combats démocratiques ne relèvent pas que des partis politiques. D’autres organisations ou entités socio-professionnelles y sont engagées.

C’est une conjonction de forces qui doivent travailler ensemble tout en évitant les collusions.

Car si l’objectif visé (atteindre ou renforcer la culture démocratique) semble être le même, les moyens pour y parvenir, les intérêts, les places et autres postures sont divergents.

L' »amitié » entre ces différents groupes est un non-sens dans un état de droit.

Chacun a son rôle et pour sauver la démocratie, chacun reste à sa place. Au terme de l’unité d’action (car il s’agit bien d’une unité d’actions multiples) chacun reprend sa place. En changeant de place on renonce à sa première qualité pour une autre. Avoir participé à la lutte ne doit donner droit à aucun privilège autre que se mettre au service du peuple quelque soit la place que confère sa qualité ancienne ou nouvelle.

Il faut que tous les acteurs acceptent que l’État et le pouvoir sont un ensemble de mythes et de réalités.

La lutte pour la liberté/la démocratie doit être une réalité mais elle doit préserver le mythe qui enveloppe le pouvoir incarné par les institutions.

Ajoutons que l’État n’est pas virtuel et il agit à travers des hommes et des femmes qui tirent leur légitimité à parler à son nom par élections ou par nominations, selon des règles définies, à la tête des institutions.

Détruire les mythes, c’est détruire les institutions ce qui revient à détruire l’État et par conséquent la liberté car point de liberté sans Etat, sans organisation, sans codes.

Les différents groupes qui doivent défendre la liberté qui constitue, à la fois, leur raison d’être et le garant de leur existence en deviennent les fossoyeurs !

Paradoxal !

La scène est partagée entre contempteurs et thuriféraires.

La raison a cédé le pas.

Les motivations de tous les acteurs de la vie sociale ne sont pas les mêmes et les motivations strictement politiques sont quasi inexistantes. Le combat politique obéit à un préalable : la formation du militant car sans militants il n’existe pas de luttes pour des causes.

Le mal est profond et les solutions préconisées sont souvent de surface et de circonstances.

Que ceux qui ont un pouvoir de décision le prennent par la racine en ayant bien perçu les enjeux.

Il se dit souvent que la place d’un tel ou d’une telle n’est pas en prison car il ou elle défend le peuple. C’est peut-être vrai.

Mais il se pose certaines questions : de quel peuple parle-t-on ? La place de l’État est-elle dans la rue ? en démocratie, le peuple n’a-t-il pas son temps de parole et ses moyens d’expression ?
Que chacun joue son rôle dans le respect des lois dont le peuple s’est doté à travers sa représentation.

Le chemin le plus simple pour se perdre (individu) et pour perdre son âme (peuple) est de réfléchir par procuration. N’a-t-on pas dit « Tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi »

Le temps du démiurge ou du messie est révolu, tout au moins, en politique.

Le pays a besoin d’apaisement mais ne jouons pas à nous faire peur car la peur est de mauvais conseil et pousserait plus â des renoncements, à des compromissions qu’à des compromis.

Il est légitime de faire des remises en cause, d’évoluer politiquement et idéologiquement mais il faut assumer pour rendre les choses claires. C’est humain et même courageux de revoir ses convictions dans le temps.

Au Sénégal les coalitions politiques ne sont pas le résultat d’un rapprochement idéologique ou programmatique mais des marchés de dupes, où chacun vient avec son pannier, qui ne favorisent pas un débat sérieux et fécond.

La préservation d’intérêts personnels est souvent la seule justification de leur existence.

Elles ne résistent ni à l’accession au pouvoir ni à la perte du pouvoir.

En politique le projet doit être clair et justifier, seul, les coalitions.

Comment défendre une cause à laquelle on ne croit pas ?

La « démocratisation » des moyens de communication (de désinformation ?) modifie les règles et la communication officielle est parasitée et discréditée.

Le Sénégal vit des moments singuliers.

Le tableau, de l’exception sénégalaise, a pris une balafre mais tout régime politique traverse des zones de turbulences.

La différence entre les démocraties et les autres c’est la capacité de dépassement de leurs acteurs.

Mais sommes-nous en présence de démocrates ?

Il appartient à tous les acteurs politiques de s’élever en comprenant qu’il n’existe pas de régime politique idéal ou parfait dans la pratique.

La politique c’est aussi identifier les problèmes et y apporter des réponses pas individuellement mais collectivement.
Alors on n’attendra plus le messie…..
Et les prédateurs céderont le pas aux politiques.
Alhousseynou Yoro DIALLO
alhousseynoudiallo12@gmail.com
Chevalier dans l’ordre national du lion
ActuPrime – La primeur et la valeur de l’information – Sénégal

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