Le Burkina Faso, le Mali, le Niger et la Guinée peuvent donner l’exemple d’une fédération et de la souveraineté monétaire selon le Pr Mamadou Coulibaly

Alors qu’il s’exprimait au cours d’une conférence internationale initiée par le Centre d’analyse des Politiques

économiques et sociales (CAPES), ce lundi 4 septembre 2023, l’ancien ministre ivoirien de l’économie et des finances, Pr Mamadou Coulibaly, a indiqué que le Burkina Faso, le Niger, le Mali et la Guinée Conakry peuvent bien « oser une indépendance monétaire et économique ».

« A défaut de poursuivre le processus d’intégration vers l’ECO, quelles pourraient être les alternatives pour les pays en crises tels que le Burkina Faso, le Mali, le Niger et la Guinée, dans la conquête de leur souveraineté politique et monétaire ?». C’est la thématique abordée par le professeur Mamadou Coulibaly ce lundi à Ouagadougou. Dans son argumentaire, l’économiste ivoirien a indiqué qu’il est bien possible pour les 4 pays en transition d’ «oser une indépendance monétaire et économique » dans ces moments de crises.

Et pour ce faire, a-t-il dit, plusieurs alternatives s’offrent à ces pays, mais le choix de ces alternatives devra se faire en tenant compte des intérêts géostratégiques desdits pays. Et sur ce plan, l’analyste a relevé le bénéfice pour ces États de se tourner vers les pays de l’Est notamment les partenaires de l’alliance des 15 pays des BRICS qui tendent à s’imposer de plus en plus dans le monde. Aux dires du Pr Mamadou Coulibaly, l’avenir de l’économie mondiale des prochaines années pourrait se jouer autour de l’océan indien majoritairement bordé par la plupart des nouveaux États qui ont fait leur adhésion aux BRICS. « Si après 60 ans, on estime que cette amitié (avec les pays occidentaux, ndlr) n’a pas donné ce qu’on veut, est-ce qu’il ne serait pas temps qu’on s’organise et qu’on réfléchisse pour orienter notre regard vers le côté où le soleil se lève ? Je pense que si on fait cela, ce serait de la souveraineté rélative. Parce que personne n’est souverain totalement. L’extérieur est une contrainte pour toutes les économies du monde. On appelle ça la contrainte extérieure parce qu’à partir du moment où vous exportez et importez, vous dépendez des autres mais dépendance ne signifie pas soumission. C’est un partenariat gagnant-gagnant », a-t-il déclaré ajoutant que ce partenariat serait alors un choix assumé et volontaire, contrairement au « choix involontaire » qui a été imposé aux pays africains avec la colonisation.

Le professeur s’exprimait à loccasion d’une conférence internationale organisée par le CAPES
Une autre alternative qui se présente aux 4 pays en transition en matière d’indépendance économique selon le Pr Coulibaly, c’est la possibilité de la création d’une fédération de 4 États avec une monnaie unique à l’exemple des États-unis où des petits États ont fédéré pour devenir une grande puissance avec un gouvernement unique. « Si ces 4 pays décident de se mettre ensemble, au lieu que le Burkina Faso, le Mali, le Niger se battent contre des terroristes chacun de son côté, toutes les forces des 4 pays se concentrent désormais sur la défense, ça fait beaucoup plus que 4 armées différentes. C’est une grosse armée pour 4 pays. On connaît les frontières, on sait que tous ceux qui sont en armes illégalement ne doivent pas l’être et on se concentre pour les bouter hors des frontières (…) Et si on le fait, la question de l’indépendance monétaire peut effectivement être une réalité. L’armée s’occupe de la défense, les Gouvernements locaux ont leurs agendas, et le gouvernement fédéral se charge de piloter l’ensemble. Si on arrive à le faire, ce sont les autres États qui vont accourir pour intégrer la fédération », a renchéri l’ancien ministre ivoirien. Il a toutefois précisé que cette alternative suppose une réelle volonté des États et surtout de tous les gouvernants à aller véritablement vers la fédération au détriment de toutes les considérations claniques et régionales ou religieuses.

A défaut de cela, selon les explications du conférencier, l’alternative qui peut être aussi envisagée, c’est la création de marchés financiers régionaux. Cela suppose, dit-il, que chaque pays crée sa propre monnaie puisque n’étant pas en mesure de fédérer leurs États et leurs peuples. « Chacun des 4 pays peut créer sa propre monnaie. Quand on prend en Afrique, le CFA c’est 08 pays qui l’utilisent chez nous ici et 06 autres pays en Afrique centrale. A part cela, tous les autres pays en Afrique ont leurs monnaies. C’est vrai qu’on avance souvent que c’est faible, mais c’est leur monnaie et ça fonctionne correctement », a-t-il renseigné, ajoutant que cela va contribuer à « créer des parités flottantes entre les monnaies sur les marchés financiers régionaux » entre les 4 États . Toute chose qui permettra, à l’en croire, de « maintenir l’inflation à un niveau bas et stable, enregistrer une croissance forte et durable de la production et de l’emploi, faire que l’économie s’ajuste aux variations des prix des produits de base ».

Poursuivant son analyse, l’enseignant-chercheur à l’université Félix Houphouet Boigny d’Abidjan a souligné qu’à partir de cela, les différents États seront obligés de créer des produits financiers. Et en parlant de produits financiers, ces derniers pourraient, par exemple, utiliser leurs patrimoines fonciers pour créer des produits financiers nouveaux pour les populations, pour le cadastrage et l’octroi de titres fonciers. Lesquels titres fonciers pourront être utilisés comme matières hypothécaires pour des prêts en banque à l’effet du financement de leurs projets.

Une vue des participants à cette conférence internationale
A côté de cela, M. Coulibaly a relevé la nécessité d’inscrire le panafricanisme dans la doctrine de la libre – Afrique qui suppose la liberté pour les populations, la démocratie pour les républiques et le droit à la propriété privée.

Cependant, Pr Mamadou Koulibaly a relevé que le retrait des 4 pays de l’Union Économique et Monétaire Ouest-africaine (UEMOA) ne sera pas sans conséquences pour ces pays. Ces conséquences peuvent par exemple porter sur la dette, l’inflation et sur la croissance. Mais, a-t-il fait savoir, « cela ne devrait pas décourager les pays qui veulent oser la liberté économique. Les gens vont dire que c’est difficile, que ça va entraîner des problèmes par-ci et par-là, mais la Mauritanie l’a fait, l’Algerie également l’a fait. C’est toujours difficile mais ce n’est pas impossible. A ces États d’oser », a-t-il incité, ajoutant que « le Burkina Faso, le Mali, le Niger et la Guinée peuvent donner l’exemple et l’espoir d’une Afrique économiquement libre ».
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