L’homme est plaisant et petit de taille. Des sourires, il en distribue naturellement autour de lui. Aujourd’hui, il est le patron d’une entreprise de presse. Comme toute personnalité, Maké a une histoire.
La sienne est celle d’un originaire de Sinthiou Maléme, une localité située à 28 km de la commune de Tambacounda. Adolescent, Maké était un bagarreur. Cette fougue d’adolescence lui avait valu son exclusion du Cem Moriba Diakhité de Tambacounda, au moment où il faisait la classe de 4éme.
Avec l’aide de son entourage, du doyen Bangaly Keita et de Mme Aissata Talla Kane, ce fils de paysan atterrit à Thiés où il décroche son BFEM puis son baccalauréat en 2003, au lycée Malick Sy.
Après une escale à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, au département d’histoire, Maké dépose finalement son cartable à l’ISEG de Dakar. Déjà étudiant, le talibé niasséne réalise et publie son premier journal, à la grande surprise de ses contemporains dont le seul regret est de n’avoir pas cru à son projet.
« Ce journal m’a permis de collaborer avec le Directeur de l’ISEG de Dakar à l’époque. A la fin de notre collaboration, il devait me payer une importante somme d’argent. Mais je lui ai proposé de me payer en nature, en m’inscrivant dans son école », se souvient-il.
C’est ainsi qu’il a entamé son cursus universitaire à l’ISEG de Dakar pour y sortir avec une licence en journalisme.
En aout 2006, il démarre sa carrière professionnelle au Soleil et la poursuit à l’Agence de presse sénégalaise, à Walfradjiri, à l’Ong Plan International, etc. Partout où il passe, il grave dans la mémoire de ses directeurs de prestigieuses piges comme les 2500 étoiles qui sont apposées sur le Walk of Fame de la Californie.
En 2011, il remporte, à Dakar, le prix pour la protection et la promotion des droits de l’enfant. Une consécration symbolisant tout son engagement en faveur des droits de l’enfant.
Egalement, il réalise l’un de ses plus beaux rêves en rencontrant l’ex-président de la Gambie, Yayah Jammeh dans son palais présidentiel. Il avait même prévu un ouvrage sur l’ancien homme fort de Banjul.
Suffisamment conscient de ses obligations de contribuer au rayonnement de sa région d’origine, Maké renonce finalement aux portes-feuilles de chargé de communication dans les Ong internationales et aux fonctions de consultant. En mars 2013, il fait revivre à ses proches et à ses collègues la scène « le retour de l’enfant prodige » en signant son come-back à Tambacounda. Là, comme l’a suggéré son ami, l’ex-premier ministre Abdoul Mbaye, il monte un groupe de presse, le premier du genre dans cette partie du pays longtemps oubliée par les pouvoirs publics. Le défi est de taille, le risque grand, le milieu presque défavorable. C’était sans compter que les Dangnokho ne parlent jamais le langage de l’impossible.
Des afro-sceptiques avaient prédit la fermeture du groupe Alkuma six mois après son lancement. Le mandingue n’a pas flanché devant ces considérations démoralisantes. Quelques années plus tard, le nombre de visiteurs d’alkuma.info passe à 30.000 par jour et le mensuel spécial Kédougou version électronique atteint 70.519 téléchargements effectués depuis l’Europe, l’Asie, les Etats-Unis, l’Amérique latine.
En plus d’être une école pour avoir formé des jeunes dans la pratique du journalisme, son groupe de presse n’est plus local, il est devenu international. Le mensuel s’invite même dans le salon de l’ancien ambassadeur de la France Jean Félix Paganon. Il reconnait d’ailleurs qu’Alkuma est mieux fait que beaucoup de journaux à Dakar.
Face à l’avenir incertain qui semble annoncer un désert médiatique, l’ancien camarade de classe d’Ablaye Sinkaré de la RTS3 Tamba travaille d’arrache-pied pour que son groupe et le 107.0 fm continuent à être un oasis où viendront s’abreuver tous ceux qui ont soif d’informations. Informer juste et vrai en promouvant les vrais acteurs au développement du Sénégal oriental est l’une des conditions d’existence de son groupe de presse.
Maké, le journaliste prolifique agé à peine de 40 ans, Maké un mari exemplaire. Sur les réseaux sociaux, il n’hésite pas à témoigner son affection à son épouse. Et à leur fils ainé, El Hadj Ahmadou Tidiane, l’homonyme de l’ancien imam ratib de Tambacounda.
Contrairement à ceux qui ont troqué l’Afrique conviviale contre une Europe individualiste, l’ex-directeur de publication du quotidien le point du jour a choisi de rester sur la terre de ses ancêtres afin de donner tout de lui à sa région natale.
Actuellement, il compte se réinscrire pour poursuivre des études jusqu’en thèse dans le domaine de la communication et du développement.
Apparemment, le seul reproche qu’on fera à Maké, ce sont ses grandes ambitions pour sa région natale, sa vision futuriste et ses convictions que Tambacounda peut se développer et présenter un autre visage. Il reste de savoir comment faire, surtout si on a un Youssou Ndour comme référence.
Amédine FAYE : actuprime.com
Portrait : Maké Dangnokho, un scientifique des médias aux ambitions régionalistes.
