Prévu pour recueillir les eaux de pluies, le bassin de rétention de la zone de captage est recouvert d’ordures

Prévu pour recueillir les eaux pluviales, à présent il reçoit toute sorte de liquide.

La plupart de son périmètre est recouvert d’ordures. Le bassin de rétention de la Zone de captage est dans un piteux état.

L’odeur capiteuse se fait sentir aux alentours du bassin. Une puanteur à peine imaginable. On a les narines qui froncent à l’odeur âcre et piquante. Quand on dépasse le bassin pour la première fois, on ne peut s’empêcher de retenir sa respiration. Ici, ça sent le remugle. Mais les habitants des maisons proches du bassin ont l’air d’être immunisés contre cette odeur, de même que les mécaniciens et les ouvriers qui s’activent tout autour.

A deux pas du bassin, des ouvriers sont à pied d’œuvre. Le bruit provenant des deux malaxeurs à béton vient perturber le calme du quartier. Une importante production de grands blocs de béton creux est alignée près du mur du bassin. Ces derniers serviront à réhabiliter les dalles des canaux d’eaux pluviales de Grand Yoff pour éviter que les populations n’y jettent des ordures. L’opération entre dans le cadre des travaux de curage pré-hivernal des bassins de rétention et des stations de pompage. « Un éternel recommencement », lance Kalilou, un habitant de la Zone de captage, avant de pointer du doigt le manque de civisme des riverains. « Le camion de ramassage des ordures passe tous les jours dans le quartier, parfois même deux fois dans la journée. Mais certains ont la paresse d’aller déposer leurs ordures », se désole-t-il.

Debout devant son commerce, Mohamed Diallo, quant à lui, déplore la présence massive de moustiques. « Le bassin et la station de pompage ont été construits par l’Etat du Sénégal en 2005, suite aux inondations qui avaient touché la Cité Belle Vue. A l’époque, l’eau avait traversé l’autoroute et avait fait tomber le mur de la Cité avant d’envahir les maisons », renseigne Pèdre Ciss, directeur de l’exploitation de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas). Le réceptacle sert à recueillir toutes les eaux pluviales de Castors, Bourguiba, les eaux du canal de Front de terre et celles en provenance de Grand Yoff. A partir du bassin, l’eau est pompée avant d’être évacuée en mer. Dès sa construction jusqu’à 2013, le bassin était sous le contrôle du ministère de l’Habitat. C’est à partir de 2013 que ces ouvrages ont été transférés à l’Onas. « Nous avons curé le bassin pour augmenter la capacité de stockage. Pour ce qui est de la station de pompage, nous disposons de trois pompes : deux qui ont chacun un débit de 2.000 m3 par heure et une pompe de secours. Le fonctionnement se fait de manière automatique. Il y a également un groupe électrogène de 500 kilovoltampère (kva) en cas de coupure d’électricité », affirme Pèdre Ciss.

Un bassin assiégé de toute part
Une partie du mur a disparu, de même qu’une partie du fil de fer barbelé servant à protéger le bassin. A l’intérieur, une eau noirâtre, des typhas (plantes envahissantes), des sachets en plastique et une sorte de pâte s’est formée au fil du temps, empêchant l’eau de circuler normalement. « Toutes les heures, il faut faire un dégrillage (procédé qui consiste à piéger les matières volumineuses et déchets de toutes sortes contenus dans le chenal d’admission d’un ouvrage hydraulique) pour que l’eau puisse passer normalement », renseigne un des agents qui travaillent à la station de pompage près du bassin. Les activités tout autour du bassin impactent négativement sur le bassin. « Nous ne pouvons même pas effectuer convenablement les travaux de curage du côté du garage. Les chauffeurs percutent souvent le mur du bassin et les vendeurs du marché Bignona jettent les tripes des porcs dans le bassin», fustige Ibou Sarr, un des surveillants du bassin.

De l’autre côté du réceptacle, un grand bus entreprend une manœuvre difficile. Dans un périmètre extrêmement exigu, le chauffeur tente de faire demi-tour sous la supervision de deux vieux qui l’orientent pour éviter qu’il ne percute le mur du bassin. « Stop ! Stop ! », crient-ils. De nombreux bus de plus de 40 places sont en rang en vue de partir pour la Casamance. On est au garage Bignona. Malgré la pluie, la boue et l’odeur nauséabonde, les voyageurs continuent de déferler comme des vagues.

Trouvé sous un abri, Kéba Cissé, président du garage, discute avec ses amis chauffeurs. Il nie tout ce dont on les accuse avant de rappeler: « C’est la mairie de Grand Yoff qui, après nous avoir déguerpis, il y a trois ans, nous a installés derrière le bassin et chaque fin du mois nous payons des taxes à la mairie ».

Des déchets en provenance du marché Bignona
A quelques pas du garage, se trouve le marché Bignona connu pour la vente de viande de porc. Non loin, plusieurs ateliers de mécanique se font remarquer. Des vendeuses vont à la rencontre d’éventuels acheteurs pour les inciter à visiter leurs étals. D’autres s’adonnent à la grillade de viande. Entre les tables du marché, un vieil homme à la silhouette frêle se fait remarquer. C’est Jean Robert Diatta, le président du marché. Pour lui, il n’y a aucun problème entre eux et les agents qui travaillent à la station de pompage, excepté un jour où le surveillant du bassin l’avait accusé de jeter des cadavres de porcs dans le bassin, mais « après vérification, il s’est rendu compte que c’était des cadavres de moutons. Vous voyez ce que Dieu fait », raconte-t-il peiné.

Cependant, il arrive dès fois que ces vendeurs jettent quelques déchets dans le bassin quand ils abattent leurs porcs. « Nous ne jetons que certains déchets et ce sont les iguanes qui les mangent aussitôt », reconnaît Guy Toupane, un des vendeurs du marché Bignona. Autant d’entraves qui se répercutent sur le bon fonctionnement du bassin et sur le bien-être des habitants de la Zone de Captage.

Redonner au bassin sa vocation originelle
Tous les maux dont souffre le bassin résultent d’un manque de surveillance permanente, selon certains riverains. A n’importe quelle heure, des gens mal intentionnés viennent jeter leurs ordures dans le bassin. « Je ne peux compter le nombre de fois que j’ai pris en flagrants délits des personnes en train de jeter des déchets de toute sorte. Il y a de cela deux semaines, j’ai surpris un charretier avec des sacs d’ordures qu’il s’apprêtait à jeter dans le bassin », témoigne Ibou Sarr, le surveillant du bassin.

Ce dernier se retrouve parfois seul à surveiller un réceptacle aussi grand. Mais il ne baisse pas les bras pour autant. Si ce ne sont pas des charrettes, ce sont des véhicules. L’autre problème, ce sont les branchements clandestins d’eaux usées, sources de la mauvaise odeur et du développement des plantes envahissantes qui rend difficile l’évacuation des eaux recueillies. A cela s’ajoute la présence de beaucoup de moustiques. « Nous sommes confrontés à des branchements clandestins d’eaux usées que nous recevons souvent. C’est un problème que nous essayons de gérer par la sensibilisation. Nous sommes en train d’identifier les différents branchements et de gros moyens sont en train d’être mis en place par l’Onas pour éradiquer ces problèmes », a rassuré Pèdre Ciss, directeur de l’exploitation de l’Onas.

Alioune Badara DIATTA (stagiaire) / lesoleil.sn

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