Au Yémen, six enfants sont tués ou blessés chaque jour

Dans un rapport publié ce mardi, l’Unicef alerte sur la situation catastrophique des enfants yéménites, premières victimes du conflit qui oppose rebelles et forces loyalistes depuis un an.

Violences, privations, peur, enrôlement… Le quotidien des enfants yéménites est aussi terrible que peu documenté. Quasiment un an jour pour jour après le début de la guerre, qui a fait 6.300 morts dont une moitié de civils, le Fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef), publie son rapport sur la situation catastrophique des enfants du Yémen. «Dans ce conflit, les enfants paient le prix fort. Ils sont tués ou blessés dans tout le pays et ne sont plus en sécurité nulle part. Même jouer ou dormir peut être dangereux», souligne Julien Harneis, le représentant de l’Unicef au Yémen.

● 934 enfants tués en un an

Les chiffres parlent d’eux-mêmes: 934 enfants ont été tués et 1.356 blessés dans le conflit qui oppose depuis un an les rebelles chiites Houthis, qui contrôlent le nord du pays, et une coalition loyaliste menée par l’Arabie saoudite. Depuis mars 2015, six enfants sont tués ou blessés chaque jour en moyenne, principalement au nord du pays, dans les villes de Taiz, Sanaa, Aden et Hajjah. Au total, les enfants représentent environ un tiers des morts civiles. Pire encore, toutes dramatiques qu’elles soient, ces statistiques «ne représentent que la partie émergée de l’iceberg, les cas que l’Unicef a pu vérifier», note le rapport.

Dans la plupart des cas, «les enfants ne sont pas ciblés directement», analyse Julien Harneis, mais sont les victimes collatérales – et «inutiles» – d’un usage de la force «disproportionné et indiscriminé», sur des villes concentrant une forte densité de population. En tout, note le rapport, 61% des enfants tués depuis 2015 l’ont été par les bombardements à l’aveugle menés par l’aviation saoudienne. Le réprésentant de l’Unicef cite en exemple les nombreux bombardements ciblant les marchés extérieurs, comme celui de Khamis, il y a quinze jours, dans lequel 119 personnes ont péri, dont 22 enfants.

Autre phénomène qui explique la mortalité infantile galopante: l’utilisation par les deux camps d’enfants-soldats. L’Onu aurait pris connaissance de 848 cas d’enfants enrôlés dans le conflit, dont les plus jeunes étaient âgés de dix ans seulement. Ce chiffre serait en hausse constante depuis un an.

● 320.000 enfants malnutris

Les enfants continuent de jouer sur les ruines d'une maison détruite par les frappes aériennes.

Par ailleurs, 320.000 enfants souffrent de malnutrition sévère, quand des millions d’autres n’ont pas accès à l’eau potable ou aux produits de première nécessité. Les infrastructures du pays, déjà le plus pauvre de la péninsule arabique, ont dans leur quasi-totalité été détruites, évacuées ou contraintes de fermer du fait du manque de ressources. Écoles et hôpitaux sont ainsi les cibles d’attaques régulières. Des frappes qui, en plus de faire de nombreuses petites victimes, ont pour conséquence d’entraver l’accès aux soins et à l’éducation de milliers d’enfants. Un enfant yéménite sur trois n’est pas allé à l’école depuis le début du conflit.

«Dans les villes ravagées par les combats, la population est exangue et souffre de malnutrition. Le typhus et la rage sont réapparus. Il n’y a pas d’électricité, pas de téléphone. L’essence est vendue au marché noir, son prix a été multiplié par 400. Seules quelques voitures roulent encore», décrivait au Figaro le photographe Guillaume Binet, qui s’est rendu au Yémen en 2015.

Au total, 21,2 millions de personnes nécessitent une aide humanitaire d’urgence, dont une moitié d’enfants. Mais l’Arabie saoudite continue de bloquer les convois humanitaires à destination du nord.

Face à ce bilan bien sombre, tous les espoirs sont aujourd’hui suspendus à une échéance: le 10 avril, date du cessez-le feu annoncé la semaine dernière par le médiateur de l’Onu au Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed. La cessation des hostilités devrait permettre la reprise des négociations de paix, prévue le 18 avril prochain, au Koweït.

(Avec Reuters)

lefigaro.fr

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