Une voiturette solaire fabriquée à l’Ecole supérieur polytechnique de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar

Entièrement fabriquée au Sénégal, la première voiturette solaire a été présentée au public

le 9 février 2018. Ses volets sont parés de panneaux solaires. Lorsqu’elle est en mouvement, ils se rabattent. Si elle est immobilisée, les volets sont déployés, augmentant le champ de captage des rayons solaires. La vocation de cette voiturette, conçue par des ingénieurs de l’Ecole supérieure polytechnique de Dakar, ne se résume pas à faire le transport.

Le temps presse à l’atelier de Génie mécanique de l’Ecole supérieure polytechnique (Esp) de Dakar. Sur une table, tel un modéliste, un étudiant mesure des barres de fer, puis les sectionne. D’autres retouchent les fils électriques. Ils échangent autour de la voiturette à la devanture trapézoïdale. L’arrière épouse la forme d’une benne. Des structures métalliques sont montées sur cette benne. Sur ces volets et sur la partie latérale, seront insérés des panneaux solaires. Deux ordinateurs embarqués sont coffrés, un boîtier taillé au-dessus de la benne. L’enchevêtrement des fils rebutent les néophytes. Les étudiants s’emploient à faire les dernières installations, les dernières retouches. Ils sont dans une course. L’atelier est le prolongement de leurs activités pédagogiques.

Dans cet espace de pratique, on se réfère à la théorie ou du moins aux principes généraux. « Le système énergétique est toujours régi par un triptyque (production, transport et distribution). La production demande beaucoup de moyens. Après, le gros problème, c’est le transport de l’énergie », estime d’emblée l’ingénieur porteur de projet Maguette Cissé qui a travaillé avec les professeurs Alhassoum Anne, Mactar Seck, Lamine Ndiaye, Adama Ngom et des techniciens (Lamine Badji, Ibrahima Ndour et Balla Ndiaye).

Dans la conception, lui et les étudiants ont préféré se limiter aux deux maillons de la chaîne, à savoir le transport et la distribution. Les volets de la voiturette, parés de panneaux, transforment les rayons du soleil en énergie qui fait fonctionner le véhicule et qui peut aussi servir à l’éclairage dans des zones qui ne sont pas raccordées au réseau de la Senelec. « Au lieu du triptyque classique, nous avons la diptyque, c’est-à-dire au lieu de transporter l’énergie, nous nous sommes dit que ce sont des moyens de transport qu’il faudra transporter. Donc, on produit sur place l’énergie que l’on consomme », rime l’ingénieur.

La synthèse des technologies
Il lève ainsi le voile sur la première voiturette solaire entièrement fabriquée au Sénégal. Lorsque celle-ci est à l’arrêt, les panneaux sont déployés pour se recharger. « Lorsque la voiture est à l’arrêt, on déploie les panneaux et le véhicule devient un générateur », précise Maguette Cissé.

La cabine compte deux places. Les deux pilotes ont leur tableau de bord et des pédaliers reliés à un autre système de production d’énergie. A l’avant, une tribune est incorporée dans le châssis.

C’est une autre source de production d’énergie qui n’est pas pourtant mécanique. « C’est un véhicule solaire qui a une dimension humaine. Ses pédaliers seront reliés à une tribune de l’éolienne entraînée par des pédaliers. La première fonction de cette voiturette, c’est de produire de l’électricité », tient à souligner Maguette Cissé.

Les roues avant sont celles des motos. Elles sont accrochées à des étriers décalés comme les roues avant des avions. C’est la touche d’un ingénieur spécialiste de l’aéronautique. A la différence des motos, la suspension se trouve d’un côté. « Ces formes en suspension sont utilisées pour les roues avant des avions. Cette voiture est bourrée de technologies », revendique l’ingénieur.

Les fruits de l’interdisciplinarité
L’ossature simple contraste avec la complexité des assemblages. Maguette et les étudiants ont réussi un fait inédit dans la fabrication des voitures. Ils ont fait sauter des principes que l’on croyait jusqu’ici intangibles dans le monde de la conception automobile. « La voiture paraît simple, mais il y a du solide là-dans. Les spécialistes seront étonnés parce qu’il n’y a pas de transmission. A l’arrière, il n’y pas de train. Comment la voiture peut rouler sans transmission et sans train ? Nous allons laisser les gens deviner », glisse l’universitaire. C’est l’énigme. C’est la marque déposée de l’atelier de Génie mécanique de l’Ecole supérieure polytechnique de Dakar.

C’est une bonne expérience pour une dizaine d’étudiants engagés dans cette aventure. Ils ont appris à surmonter les contraintes techniques et à ne pas céder devant les écueils techniques. Le modelage et l’usinage des fers sont faits in situ dans l’atelier de Génie mécanique de l’Esp. « Nous avions des problèmes pour démarrer. Nous n’étions pas habitués à ces travaux de grande envergure. Au fur et à mesure, nous avons eu la main. Nous avons beaucoup appris en pratique », note Cheikh Guèye en dernière année d’ingénierie de Conception en électromécanique. Son camarade a approfondi ses connaissances. Il était chargé de l’intégration et de l’assemblage des différents modules électriques. « Nous avons appris beaucoup de choses sur le plan technologique. Nous faisions des théories, j’ai fait de la pratique. J’ai eu aussi à tisser des relations », raconte ce dernier.

La réalisation de ce chef d’œuvre a impliqué des universités et des écoles de renom. Le design porte l’empreinte d’un étudiant en Master de l’Ecole polytechnique de Milan, l’étude de marché a été confiée aux étudiants de l’Ecole des hautes études commerciales (Hec) de Montréal. « Après la production d’énergie, il faudra la verser dans le réseau de la Senelec. Si nous avons 10.000 véhicules, nous pouvons couvrir les besoins en énergie de plusieurs villages du Sénégal parce l’énergie, ce n’est pas seulement pour l’éclairage. Elle est utilisée pour faire fonctionner des motopompes pour l’irrigation ou faire tourner des moulins », a argumenté le porteur de projet qui avait mobilisé les départements de Génie mécanique, électrique et, aujourd’hui, le département de Gestion.

« Au départ, c’était un projet intégrateur, aujourd’hui, c’est un projet fédérateur », a insisté le Pr Maguette Cissé. Les étudiants en Génie mécanique (Cheikh Guèye, Sidy Moctar Sokhna, Moustapha Fall, Charvy Ngoma-Mby, Abdoulaye Guèye, Abdourahmane Sall, Assane Ndoye, Abdoulaye Guèye, Youssou Touré et Pape Moussa Dione) et en Génie électrique (Papa Moussa Dione, Ngoné Ndour et Madické Seck) s’affichent fièrement devant cette voiturette.

Idrissa SANE / lesoleil.sn
ActuPrime – La primeur et la valeur de l’information – Sénégal

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