Du traitement de l’information à la banalisation des faits!
De la violence sous toutes ses formes!
Du droit d’informer au matraquage, de l’utilité et de la finalité des faits rapportés. Avons-nous seulement conscience des enjeux? De la formation des citoyens à l’abrutissement par une information banalisée, le fait divers a imposé sa marque même sur les sujets d’importance capitale.
Depuis un moment le fait divers est devenu l’information. Le monde des petites histoires, récoltées à travers les trous de serrures, prend de l’ampleur et on nous abrutit par des affaires de mœurs avec une banalisation coupable qui aura comme conséquence de « normaliser » des actes blâmables. Dans notre pays le fait divers, les loisirs sont devenus essentiels. Des faiseurs de « miracles » occupent impunément l’espace public agressant la foi et le bon sens du citoyen et même sa santé, notamment mentale! Pendant ce temps le travail est pour ceux qui n’ont vraiment rien d’autre à faire : on ne va pas travailler parce qu’il y a une ziara, parce que le cousin de l’amie de l’épouse est décédé, parce qu’on doit accueillir le leader du coin venu en tournée si ce n’est pas une visite du président, occasion de tout mettre au ralenti et parce que et parce que et parce que…………….
Des pratiques dont on ne comprend toujours pas la pertinence et même seulement l’utilité surtout quand on établit le rapport entre les dépenses occasionnées et les impacts sociaux, économiques et culturels de ces accueils. Quel apport ces tournées « économiques » ont? Les moyens mobilisés pour le transport, l’hébergement, la restauration des différentes délégations ne peuvent-ils pas être mieux investis quand on mesure le niveau de difficultés des populations?
Au Sénégal, il devient impératif de redéfinir la politique.
Des institutions livrées à la vindicte populaire et condamnées avant jugement. Une manipulation excessive du peuple par aussi bien le pouvoir, l’opposition qu’une presse dont on se demande si elle connait ses missions dans un pays avec un taux d’alphabétisation encore faible. Le refus d’assumer les responsabilités est une fuite en avant dangereuse. On cherche toujours à se soustraire soit en utilisant les institutions, soit les familles religieuses, soit les populations!
Assumer est aussi un devoir citoyen pour donner de la valeur aux lois et règlements du pays et aux institutions qui les incarnent.
Une nouvelle catégorie, très nuisible, sortie de nulle part, pilule dans l’espace. Répondant pompeusement au nom de « influenceurs ». Il en est de même de chroniqueurs spécialistes en tout et se prenant pour de fins connaisseurs dont les avis personnels sont servis dans des studios de radios et sur des plateaux de télévisions comme à l’occasion d’une discussion privée dans un salon entre copains! Non, mesdames et messieurs, la parole privée ne peut pas être égale à la parole publique. On n’attend pas de ceux qui prennent la parole dans l’espace public d’étaler leurs états d’âme mais de présenter des analyses dont la qualité dépendra de la neutralité de l’analyste. Une bonne analyse doit être équidistante des différents termes, hypothèses ou faits.
On prête l’oreille, on accepte les développements de personnes sans connaissances avérées et dont les postures, attitudes, gestuels et propos sont un condensé des contre-valeurs de notre société. Rien que des injures, des insultes, des mensonges, des menaces sous le manteau de « déballages » et grosses « révélations » dont le seul résultat est d’attiser la haine qui est devenue le sentiment le mieux partagé d’une population fanatisée incapable de réfléchir ne parlons pas d’analyser.
La théâtralisation de la relation des faits, sans tenir compte de leur nature et de leur degré de sensibilité ou d’importance, c’est le cas notamment dans le rapportage du rapport de la cour des comptes à travers certains medias, relève d’un amateurisme coupable ou plutôt d’une cupidité assassine à la recherche d’une audience lucrative auprès de populations peu averties.
Avons-nous seulement une idée de la politique? Qu’est-ce que la politique? Quelle est sa finalité?
Les partis politiques jouent-ils encore le rôle qui est attendu d’eux? En existe-t-il seulement encore?
On peut en douter en observant le manque de culture politique constatable dans des propos et comportements, des tenants du pouvoir comme de l’opposition, tant décriés par les populations.
Et pourtant ce pays est un vivier de femmes et d’hommes de science dans tous les domaines du savoir, bien formés et fortement ancrés dans les valeurs intrinsèques de notre pays.
Un pays qui a tout pour émerger :
Un peuple travailleur mais mal orienté, des intellectuels de haut niveau mais peu ou pas impliqués, en cette qualité, dans la réflexion et les prises de décision, une administration bien formée et compétente mais mal utilisée, des politiques conscients, bien formés, patriotes, engagés mais mal compris par les populations manipulées et isolées par une catégorie de politiciens tapis aussi bien dans le pouvoir que dans l’opposition que notre pays ne mérite vraiment pas.
Ne dit-on pas que les arbres qui poussent ne font pas de bruit alors que les tonneaux vides sont assourdissants et, malheureusement, le peuple suit le sens du bruit qui l’attire. Trop de faiseurs de bruit qui sont autant de pyromanes!
Mais comprenons qu’il est plus facile de mettre le feu que de l’éteindre.
Et le feu n’épargnera personne et surtout pas celui qui l’aura allumé!
Dié Assa Camara SOUKHO
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