En 2017, à la suite du mouvement national, 214 départs d’enseignants pour 48 arrivés ont été notés
dans la région de Tambacounda. Alors que pour Kédougou, ce sont 129 départs pour 10 arrivés. Pour juguler ces départs massifs, une rencontre de deux jours du comité interrégional sur la fixation des enseignants dans les deux régions a été tenue à Tambacounda. Atelier qui s’inscrit dans le cadre des activités du Programme d’Appui à la Gestion de l’Education (PAGE), en partenariat avec le ministère de l’Education nationale, de l’Ong Aide et Action et Unicef.
Elus locaux, société civile, IEF, syndicats d’enseignants ont pris part à la rencontre qui s’est tenue les 18 et 19 janvier et durant laquelle ils ont proposé une échelle de solutions pour fixer les enseignants dans les régions de Kédougou et Tambacounda. Ce, après avoir analysé les causes et les effets de leurs départs. Ces stratégies à court, à moyen et à long terme sont entre autres :
– L’institutionnalisation des prix d’encouragements pour les enseignants,
– La construction de logements pour les enseignants,
– L’électrification des établissements scolaires,
– La déconcentration du ministère de la fonction publique locale pour éviter aux enseignants de se déplacer jusqu’à Dakar pour leurs documents administratifs,
– Le renforcement de la préparation psychologique des stagiaires, pour servir longtemps dans des zones dites « déshéritées »,
– Le maillage du territoire avec le réseau internet pour faciliter aux enseignants l’accès à l’information.
– L’éradication des abris provisoires, etc.
Les participants ont demandé aux collectivités locales de s’engager pour la réalisation de certaines stratégies notamment l’octroi aux enseignants d’espace pour la construction de logements, la création de cadre de concertation fonctionnelle au niveau communal et départemental entre les enseignants et les autorités locales, etc.
Ils ont exhorté les syndicats d’enseignants à renforcer la sensibilisation du corps professoral à servir le Sénégal. Aux membres des organisations de la société civile, ils les ont invités à plaider pour un changement de mentalités.
Le Gouverneur de la région de Tambacounda, El Hadji Bouya Amar, qui s’exprimait en marge de la cérémonie de clôture de l’atelier, a apprécié la rencontre.
Selon lui, il s’agissait de « trouver des solutions durables, mais surtout des solutions territoriales et inclusives pour régler cette question ».
« L’ambition de l’Etat, c’est de relever le défi de la qualité, de l’accès et de la transparence. A ce niveau, notre rôle nous en étant acteurs territoriaux, c’est de proposer à l’Etat central des solutions locales adaptées pour fixer le personnel enseignant », soutient-il, face aux journalistes.
« (…) Nous avons beaucoup sollicité l’appui des acteurs territoriaux, notamment celui des collectivités territoriales. Parce qu’à ce niveau aussi elles ont un grand rôle à jouer : un rôle d’accueil, de motivations locales des enseignants affectés au niveau de leur commune pour les inciter à rester », ajoute l’autorité administrative, donnant rendez-vous en 2019, pour tirer un bilan des stratégies exécutées.
Le Directeur des Ressources humaines au ministère l’Education nationale, Ibou Ndiathe, a indiqué que l’Etat, pour lutter contre les départs massifs des enseignants, les avait autorisé à recruter en 2017 2985 enseignants pour le préscolaire et l’élémentaire, et 1650 enseignants pour le moyen secondaire.
Il a reconnu que ces départs massifs touchent fréquemment Tambacounda et Kédougou, non sans relever que« des efforts sont à faire dans le cadre d’une meilleure utilisation du personnel».
Tout comme les participants, l’IA de Tambacounda, M. Alassane Niane, s’est réjoui de la tenue de cet atelier.
« La fixation des enseignants dans les deux régions est une problématique majeure. (…)Les travaux d’atelier ont (…) proposé des pistes de solutions locales qui peuvent être appliquées localement », affirme-t-il.
Le Président du Conseil départemental de Kédougou, M. Lessény Sy, partage le même avis. Il a manifesté l’engagement des élus locaux présents à la rencontre à faciliter l’exécution des solutions proposées.
Il s’agit, laisse-t-il entendre, de « l’amélioration de l’environnement des établissements scolaires, en accordant des mesures d’accompagnement dans l’adduction d’eau, la construction de sanitaires, les constructions d’habitat, la fourniture d’électricité par la Senelec ou le solaire, l’éradication progressive des abris provisoires ».
Car pour lui, les autorités locales doivent « appuyer l’Etat et faire en sorte que les conditions de vie puissent être améliorées, proposer des solutions attractives pour que les enseignants puissent rester le plus longtemps possible(…) ».
L’installation d’un comité interrégional pour les régions de Tambacounda et Kédougou sera proposée au ministère de l’Education nationale. Lequel comité se chargera de faire le suivi de l’application des stratégies proposées par les acteurs locaux.
Amédine FAYE : actuprime.com
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