Human Rights Watch a tout faux sur les enfants talibés mendiants au Sénégal . Par Kadialy DIAKHITE

L’ONG internationale Human Rights Watch revient à la charge au Sénégal.

Elle a rendu public, ce lundi 16 décembre 2019, un nouveau rapport sur les conditions des enfants talibés mendiants au Sénégal. Un rapport dont quelques extraits ont été publiés le même jour par des médias sénégalais et Radio France Internationale.

En restant sur les extraits de ce dernier rapport publiés par les médias, il convient de faire une analyse correcte et approfondie de la compréhension, de la vision et de la démarche de l’ONG internationale Human Rights Watch.

C’est à croire que depuis 2016 le gouvernement du Sénégal applique sur le terrain les demandes, recommandations ou injonctions de l’ONG en la matière. Quoi qu’il en soit, la persistance du phénomène ainsi que les problèmes et les souffrances qu’il charrie rendent compte de l’insuffisance, de l’inadéquation ou de l’échec des différents programmes mis en œuvre à cet effet.

LIRE AUSSI : Sénégal : Le gouvernement envisage la relance du programme « retrait des enfants de la rue »

Ce dernier rapport, comme les précédents certainement, est révélateur d’une correspondance quasi parfaite entre les mesures édictées par Human Rights Watch et les différents programmes appliqués à ce jour par le gouvernement sénégalais, à savoir :
• Le retrait des enfants de la rue
• Des lois et des règlements pour protéger les enfants et punir les violations de leurs droits
• La consolidation des capacités des services de protection des enfants
• Le renforcement des mesures préventives et punitives contre le trafic d’enfants
• Le soutien aux daaras pour l’amélioration des conditions de vie des enfants, notamment à travers ce qui est appelé la modernisation des écoles coraniques

L’ONG reconnaît elle-même que les programmes des autorités, qui restituent par ailleurs ses recommandations, sont jugés « insuffisants » et « incohérents ». Il y’a des risques qu’il en soit toujours ainsi eu égard notamment « à la pression des milieux religieux et l’influence des cercles maraboutiques ». Prendre des mesures administratives ou « Accélérer et renforcer la réponse policière et judiciaire » n’apporteront pas plus de solution au problème.

L’histoire très récente des enfants talibés enchainés de Ndiagne et le saccage du Tribunal de Grande Instance de Louga par les soutiens du marabout incriminé lors de son procès illustre tant soit peu la vanité de « la réponse policière et judiciaire », entre autres. La défiance à l’égard des institutions et des lois en l’occurrence a été d’une véhémence et d’une virulence impressionnantes à cette occasion au Sénégal. De sorte que le chef de l’Etat est monté au créneau à la recherche des voies pour prévenir, voire contenir, certains risques imprévisibles et sans doute multiformes, dans un environnement sous-régional et international délétère.

Le jour de la publication de ce nouveau rapport de Human Rights Watch, un marabout venant du Fouta avec une vingtaine d’enfants talibés à bas âge était signalé en transit à Tambacounda dans un bus de transport en commun à destination de Mbour. Des renseignements collectés indiquaient que le marabout et les enfants vont en exode dans cette ville côtière, non loin de la capitale du Sénégal, pour mieux traverser la période de soudure, en attendant la prochaine saison des pluies, pour ensuite retourner cultiver des champs au Fouta.

Ce n’est certainement qu’un cas isolé, parmi tant d’autres. Ces enfants sont non seulement susceptibles d’être enrôlés dans la mendicité en milieu urbain, mais ils peuvent éventuellement servir d’appâts pour capter des financements des ONG ou de l’Etat. Cette stratégie étant à la mode depuis l’agitation des possibilités de modernisation des daaras (écoles coraniques).

Tout ceci voudrait montrer sans doute que le phénomène des enfants talibés mendiants au Sénégal fait l’objet d’une approche biaisée, autant par Human Rights Watch que par l’Etat du Sénégal. Ce dernier ne semble avoir mis en œuvre sa panoplie de programmes en direction des enfants talibés mendiants qu’en réaction au regard de l’autre, en l’occurrence l’Occident.

Ce qui voudrait dire que l’Etat du Sénégal n’a pas conçu une politique d’éducation conforme aux réalités, valeurs et aspirations des sénégalais. Une politique d’éducation qui intègre les enfants talibés qui sont des citoyens au même titre que ceux qui fréquentent l’école publique francophone. Il apparaît donc que par défaut d’une analyse globale et correcte, les pouvoirs publics éprouvent des difficultés à s’entendre avec le reste de la société sur le choix du modèle de système d’éducation capable de produire le sénégalais que chacun et tous aspirent à devenir. Ils ont également de la peine à obtenir des résultats probants avec les programmes mis en œuvre. Lesquels programmes sont toujours recommencés à partir de constats d’échecs.

LIRE AUSSI : Une voie pour sauver les enfants talibés mendiants – Par Kadialy DIAKHITE

Le tord ou l’erreur de l’ONG internationale Human Rights Watch est de percevoir le phénomène des enfants talibés mendiants à travers le prisme déformant de réalités et de valeurs étrangères à la société sénégalaise, même si certaines d’entre elles sont plus ou moins partagées. A force de conseiller ou d’inciter les pouvoirs publics sénégalais à percevoir le problème des enfants talibés mendiants avec l’œil des toubabs et à aborder la problématique à travers un système de références qui n’intègre pas l’histoire et l’évolution de la société sénégalaise, il n’est pas surprenant d’assister à des échecs répétitifs et donc à des investissements infructueux.

Toute politique sensée être profitable au Sénégal et aux sénégalais doit être inspirée d’abord par la culture de ce pays, son histoire, son évolution ainsi que les mutations subies par la société. L’Etat-nation du Sénégal s’est constitué et se renforce progressivement sur un socle multiforme et multidimensionnel. Le Sénégal a des fonds culturel, social, politique, religieux, spirituel, moral traditionnels négro-africains, auxquels s’ajoutent ceux reçu pendant la période de la colonisation franco-chrétienne, ainsi que l’héritage très prégnant de la pénétration arabo-musulmane qui a précédé.

La personnalité du Sénégal et des sénégalais est imbibée par les courants de tous ces substrats. Ils est indispensable de tamiser tout cela, d’en sortir les recettes idoines pour la conception de tout projet de société et d’accomplissement humain dans une dynamique progressiste.

Ceci n’est qu’une contribution modeste au débat, loin d’être exhaustive, à poursuivre.

Kadialy DIAKHITE, journaliste écrivain

ActuPrime – La primeur et la valeur de l’information – Sénégal

Get in Touch

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Get in Touch

[td_block_social_counter facebook="tagdiv" style="style6 td-social-boxed" open_in_new_window="y" f_counters_font_family="394" f_network_font_family="891" f_counters_font_size="eyJhbGwiOiIxNCIsImxhbmRzY2FwZSI6IjEzIiwicG9ydHJhaXQiOiIxMiJ9" f_network_font_size="eyJhbGwiOiIxMyIsImxhbmRzY2FwZSI6IjExIiwicG9ydHJhaXQiOiI5In0=" counter_color="#ffffff" counter_color_h="#ffffff" network_color="#ffffff" network_color_h="#ffffff" tdc_css="eyJsYW5kc2NhcGUiOnsibWFyZ2luLWJvdHRvbSI6IjMwIiwiZGlzcGxheSI6IiJ9LCJsYW5kc2NhcGVfbWF4X3dpZHRoIjoxMTQwLCJsYW5kc2NhcGVfbWluX3dpZHRoIjoxMDE5LCJwb3J0cmFpdCI6eyJtYXJnaW4tYm90dG9tIjoiMjAiLCJkaXNwbGF5IjoiIn0sInBvcnRyYWl0X21heF93aWR0aCI6MTAxOCwicG9ydHJhaXRfbWluX3dpZHRoIjo3NjgsInBob25lIjp7Im1hcmdpbi1ib3R0b20iOiI0MCIsImRpc3BsYXkiOiIifSwicGhvbmVfbWF4X3dpZHRoIjo3NjcsImFsbCI6eyJtYXJnaW4tYm90dG9tIjoiNDAiLCJkaXNwbGF5IjoiIn19" twitter="tagdivofficial" youtube="tagdiv"]

Latest Posts

%d blogueurs aiment cette page :