A quelques jours de la fête de Tabaski, l’heure est à l’achat des moutons. Dans la capitale sénégalaise, ce n’est pas encore le grand rush. Des points de vente sont ouverts un peu partout à travers les artères de Dakar. Au terminus Liberté 5 et les deux voies de liberté 6, deux importants points d’attente, les moutons ont commencé à arriver. Mais l’affluence est moins importante que les années précédentes, à en croire les habitués. Ce qui semble se répercuter sur les prix. Il est par exemple impossible de trouver un mouton à moins de 80.000 FCfa.
Des dizaines de tentes entre lesquelles des troupeaux de moutons bien séparés par les éleveurs. Nous sommes au terminus Liberté 5. L’une des plus importantes zones d’attente de moutons à l’approche de la Tabaski. C’est à partir d’ici que les dakarois s’approvisionnent en mouton. Mais pour les habitués, l’affluence de moutons est moins importante que les années précédentes. «L’année dernière, à pareille heure, il y avait des moutons à perte de vue sur ce site», confie Moustapha Dome, un «téfanké» (vendeur de moutons) trouvé sur place. Un témoignage que partagent la plupart de nos interlocuteurs. «Depuis 5 ans, je viens ici chaque année, mais je peux vous assurer qu’il y a moins de moutons que les années précédentes», confirme Mansour Mbaye.
A Liberté 6, si l’on en croit les vendeurs interrogés sur les prix, chaque Sénégalais quels que soient ses moyens, peut se procurer un mouton. Ibrahima Barry est un vendeur peulh. Il a quitté son village dans le Fouta pour venir vendre ses béliers à Dakar. Le commerçant fait savoir que ce sont les Peulhs qui, pour l’essentiel, appliquent des prix abordables. «Les prix les plus élevés, on les retrouve chez les vendeurs wolofs», lance-t-il.
Mouhamed Ly, lui, est Dakarois. Il partage le même site qu’Ibrahima Barry, et tente d’écouler ses moutons. Il nous fait savoir que son prix le plus bas est 80 000 F Cfa et le montant le plus élevé à débourser pour avoir son bélier est de 200 000 Cfa. Son voisin, sous le couvert de l’anonymat, confie : «Mes prix varient entre 150 mille et 300 mille». Interpellé sur la cherté de ses prix, il soutient : «Ils sont chers parce que ce sont des moutons que je n’ai pas élevés, je les ai achetés à l’intérieur du pays pour les revendre. Là-bas je les ai payés à un prix élevé, c’est pourquoi la cherté se fait ressentir. En plus, moi je vends des moutons de Tabaski qui répondent aux critères fixés par la religion».
Chérif Diallo s’est aussi fait un nom dans la vente de moutons de Tabaski. Et pas à n’importe quel prix ! Ses moutons rivalisent de taille et de corpulence. Leur prix peut monter jusqu’à deux millions de FCfa. Le maître des lieux, assis au milieu de son troupeau, répond de temps à autre à l’interpellation d’un automobiliste, sans doute séduit par la beauté de ses bêtes. Faites-lui des remarques sur les prix exorbitants de ses moutons et la mine de Chérif se fait moins enjouée. Il dit ne pas trop se plaindre. «J’ai commencé à vendre depuis le 2 septembre. Je suis à mon deuxième lot, je viens juste d »écouler le premier stock de moutons. Le mouton le plus cher est à deux millions cinq cent et le moins cher est à 90 000 F cfa. Je vends des Ladoumes, Toubabaires, Asawates et des Peulh Peulhs (moutons simples)», lance-t-il.
Mais le problème à signaler reste le manquement d’eau, ils sont obligés de payer des barils d’eau à 1500 F le baril. Si le problème d’approvisionnement en eau est quasiment réglé dans le site, la question de la sécurité demeure toutefois une préoccupation pour les vendeurs. Ils appellent les autorités à faire de sorte qu’un groupe d’éléments de sécurité soit détaché sur place.
Auteur: Mamadou Salif Dieng – Seneweb.com