Simone Veil : Des camps de concentration nazis au parcours politique prestigieux

Simone Veil est décédée ce vendredi à l’âge de 89 ans. Académicienne, elle avait survécu aux camps de concentration nazis

avant de commencer une carrière de haut fonctionnaire et un parcours politique prestigieux. Cet engagement l’a conduite, en tant que ministre, à mener la bataille pour la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en 1975, une loi qui porte depuis son nom.

Dans la vie politique, il y a des ministres qui marquent les esprits pour les grands pas qu’ils ont fait accomplir à leur pays, Simone Veil faisait partie de ceux-là. C’est sous les insultes de la part d’une partie de son propre camp qu’elle présente et fait voter à l’Assemblée nationale la loi légalisant l’avortement. Nous sommes alors en 1975, elle est la ministre de la Santé dans le gouvernement de Jacques Chirac alors Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing.

C’est une femme du centre dans un gouvernement de droite et pourtant c’est avec les voix de la gauche qu’elle fait adopter ce texte après un combat acharné. Une loi qui porte désormais son nom et qui a clairement changé la société française offrant une nouvelle liberté aux femmes. Une action qui a construit la légende de Simone Veil considérée alors comme une personne n’ayant pas peur des défis et de l’adversité.

La survivante

Ce combat n’était pas le premier de sa vie. Simone Veil est une survivante des atrocités nazies et forcément elle en est restée profondément marquée. Simone Jacob de son nom de jeune fille est née le 13 juillet 1927 à Paris, mais elle a passé une partie de son enfance à Nice dans le sud de la France. En dépit de la guerre et la ségrégation progressive des lois anti-juives, elle continue ses études et parvient à obtenir son baccalauréat en mars 1944.

Le lendemain, elle est arrêtée dans la rue par la Gestapo et se retrouve déportée avec toute sa famille. Très vite, elle est séparée de l’une de ses sœurs, qui survivra elle aussi, mais aussi de son père et son frère qu’elle ne reverra plus jamais. Avec sa mère et sa dernière sœur, Madeleine, elle est conduite au camp de transit de Drancy en région parisienne avant de prendre la direction du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.

A son arrivée le 15 avril 1944, elle a tout juste 16 ans. Sur les conseils d’un autre prisonnier, elle déclare pourtant être majeure, un mensonge qui lui sauvera la vie les enfants étant systématiquement gazés en arrivant à Auschwitz. En juillet de la même année, les trois femmes sont transférées à quelques kilomètres au camp de Bobrek et devant l’avancée des troupes alliées, elles sont déplacées encore une fois. Au terme d’une marche éprouvante, appelée « marche de la mort », Simone, sa mère et sa sœur Madeleine arrivent à Bergen-Belsen. Malheureusement, peu avant la libération du camp la mère de Simone meurt du typhus.

Un an jour pour jour après l’arrivée des Jacob à Auschwitz, le camp de concentration de Bergen-Belsen est libéré le 15 avril 1945. Les deux rescapées regagnent Paris et elles retrouvent leur troisième sœur Denise, agent de liaison dans la Résistance. Elles seront les seules survivantes de leur famille. Dès son retour, Simone s’inscrit à la faculté de droit et à l’Institut d’études politiques. Elle y rencontre son mari, Antoine Veil, qui décédera en avril 2013, quelques semaines après l’une des sœurs de Simone Veil, devenue Denise Vernay.

Carrière politique et européenne

Après ses études, et malgré ses diplômes, Simone Veil renonce à une carrière d’avocate pour s’engager dans la magistrature. En 1970, elle devient la première femme à accéder au poste de secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature. Plus tard, elle sera aussi la première femme ministre d’Etat, ministre de la Santé en 1974, puis première présidente du Parlement européen en 1979.

Car au début des années 1970, elle a pris franchement le chemin de la politique. Poussée par le mouvement féministe post-68, elle sortira définitivement de l’ombre lors du vote de la loi légalisant l’avortement. A l’époque, les débats sont vifs voire violents. Mais Simone Veil tient bon et porte son texte jusqu’au vote sans jamais céder. Une personnalité hors du commun, qui a marquée l’académicienne Hélène Carrère d’Encausse. « Simone Veil c’est une forte personnalité. Elle est exemplaire. C’est une référence quand les gens la regardent ils se disent voilà vers quoi il faut tendre ».

Elle reste ministre de la Santé jusqu’en 1979, le président Valéry Giscard d’Estaing lui propose alors de conduire la liste de l’Union pour la démocratie française (UDF) lors des premières élections européennes au suffrage universel. Un succès puisqu’elle prend la tête du Parlement. Européenne convaincue, elle conservera ce poste jusqu’en 1982. « Simone Veil a fait une grande contribution pour l’unification de l’Europe. C’est une personnalité de réconciliation. Une grande présidente du Parlement européen », pour Hans-Gert Pöttering, l’un de ses successeurs à la tête de l’institution.

Ensuite, viennent les années d’opposition avec l’arrivée au pouvoir du premier président socialiste de la Ve République, François Mitterrand. Elle redeviendra ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville lors de la seconde cohabitation entre 1993 et 1995. Avant d’entrer au prestigieux Conseil constitutionnel en 1998.

A partir de 2007, elle se retire progressivement de la vie politique et publie, à la surprise générale, sa biographie sous le titre Une vie. Pour la première fois, elle d’habitude si discrète, raconte son histoire, évoque sa famille, ses trois enfants et son mari Antoine qui l’a toujours soutenue et accompagnée dans ces combats. En 2008, elle est élue à l’Académie française et devient une immortelle.

Après la campagne de promotion de son livre, ses apparitions publiques sont moins fréquentes. « Elle vit entourée des siens. Elle se dit toujours qu’elle n’a pas fait assez, mais les gens intéressants sont insatisfaits », explique alors Jean-Marc Roberts, son éditeur chez Stock. Mais jusqu’au bout, elle n’hésite pas et défend sans lassitude les valeurs auxquelles elle a toujours crues : la liberté, le féminisme et l’humanisme.
rfi.fr

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