Pyongyang menace de lancer des missiles en direction de la base américaine de l’île de Guam

Après les déclarations du président américain Donald Trump, promettant mardi le « feu » à la Corée du Nord

en cas de nouvelle menace balistique et nucléaire, Pyongyang a annoncé envisager de lancer des missiles en direction de l’île de Guam.

C’est un endroit propice aux tempêtes et autres typhons. On y a également subi des séismes. Mais les lieux sont réputés sûrs, et à l’heure actuelle, ses habitants tirent beaucoup de ressources du tourisme. Des Coréens, des Japonais, mais également des Chinois s’y rendent en vacances.

L’île de Guam, actuellement sous les projecteurs de l’actualité, est un territoire non incorporé et organisé des Etats-Unis. Autrement dit, ce n’est pas un Etat, mais ses habitants élisent leur propre gouverneur. D’une superficie de 550 km2, l’île abrite plus de 160 000 personnes nées américaines.

Ces dernières ont cependant ni voix au chapitre pour l’élection présidentielle, ni de représentant au Congrès. Elles ne payent pas d’impôt sur le revenu. Les autochtones de l’île – habitée depuis des millénaires – représentent plus de 35 % de la population. Ce sont les Chamorros, ils ont une langue.

L’actuel gouverneur, Eddie Calvo, veut organiser un référendum d’autodétermination pour son territoire. Il serait question de choisir entre devenir un Etat américain à part entière, comme Hawaï, ou un Etat indépendant. Voire un nouveau statut à mi-chemin entre les deux comme c’est le cas actuellement.

En attendant, depuis quelques jours, la Corée du Nord, située à plus de 3 000 km de là, menace de lancer quatre missiles Hwasong-12 à proximité de ce petit paradis, pour qu’ils aillent s’abîmer à quelques dizaines de kilomètres au loin, dans les eaux internationales, après avoir survolé le Japon. Une démonstration de force.

Un carrefour stratégique majeur pour la présence américaine

Guam est située dans l’archipel des îles Marianne, à plus de 2 000 km à l’est des Philippines et au sud du Japon. Colonisée au XVIe siècle par l’Espagne, elle passe sous domination des Etats-Unis en 1898, après la guerre hispano-américaine – comme Cuba, épicentre de la « crise des missiles » de 1962.

Durant la Seconde Guerre mondiale, l’île est occupée par le Japon impérialiste, comme d’autres îles dans la région, avant d’être reconquise par les Etats-Unis en 1944. Un an plus tard, c’est de Guam qu’aurait pu partir le bombardier qui lâchera le feu nucléaire sur Hiroshima, mais Tinian sera finalement choisie.

Depuis 2010, l’île américaine est devenue, de par sa proximité géographique avec la République populaire de Chine et la Corée du Nord, l’une des positions les plus stratégiques de l’armée des Etats-Unis dans le Pacifique, avec 6 000 soldats qui occupent environ 28 % de la superficie de Guam.

Washington pourrait décider d’en envoyer des milliers supplémentaires après 2022. On parle de 5 000 marines. C’est une piste envisagée pour atténuer les tensions entre les Etats-Unis et la population de son allié japonais, autour de la principale position stratégique des Etats-Unis dans le Pacifique, Okinawa.

Guam abrite notamment des sous-marins nucléaires, des bombardiers, et depuis 2013, un système d’interception de missiles à haute altitude (THAAD) d’un rayon de 200 km. Une technologie susceptible de détruire un missile balistique nord-coréen lancé dans une course de 3 350 km en un peu plus de 1 000 secondes ?

Guerre psychologique entre deux dirigeants imprévisibles

Voilà qui ouvre un certain nombre d’hypothèses. Dans le cas où Kim Jong-un prendrait la décision d’effectuer sa démonstration de force aux alentours de Guam, malgré les bruyants avertissements du président américain, les Etats-Unis décideraient-ils à tout le moins d’éprouver l’efficience du THAAD ?

Dans le quotidien The Washington Post, le président de l’Université de Guam affirmait mercredi 9 août que l’importance de l’île résidait surtout dans son statut : les forces armées basées sur le territoire n’auraient pas besoin d’obtenir l’aval des pays alliés des Etats-Unis pour intervenir militairement en cas d’escalade.

Mais la position chinoise complexifie la donne. Alors que le président Xi a appelé Donald Trump à éviter « les mots et les actes » qui pourraient « exacerber » la tension, un éditorial du journal officiel Global Times laisse entrevoir que Pékin ne soutiendra pas la Corée du Nord face à Washington si Pyongyang tire en premier.

Un peu comme en 1962 autour de La Havane, tous les regards sont donc actuellement tournés vers Guam, terrain de bataille psychologique entre les imprévisibles Donald Trump et Kim Jong-un, avec la Chine pour toile de fond.
rfi.fr

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