Pourquoi les pays du Golfe n’ont-ils accueilli aucun réfugié Syrien ?

Alors que les drames des migrants se multiplient aux portes de l’Europe, des citoyens des pays du Golfe se mobilisent sur les réseaux sociaux afin que leurs pays ouvrent leurs frontières aux réfugiés syriens.

« L’accueil des réfugiés syriens par les pays du Golfe est un devoir ». Ce hashtag rédigé en arabe est devenu le slogan de ralliement d’un mouvement de jeunes des pays du Golfe sur les réseaux sociaux. La campagne, qui cherche à interpeller les pouvoirs des pétromonarchies, a été lancée fin août, peu après la découverte d’un camion sur le bord d’une autoroute en Autriche, avec 71 cadavres de Syriens.

Selon un article publié sur le site de la BBC, ce hashtag a été utilisé plus de 33 000 fois sur Twitter au cours de la semaine dernière. Sur la page Facebook du mouvement, ses fondateurs expliquent que les pays du Golfe, en tant que nations arabes et musulmanes, sont plus « légitimes » que l’Europe pour accueillir les Syriens. Ils rappellent que l’hospitalité est une valeur reconnue en Orient et qu’il faut surtout aider les Syriens au nom de l’islam. La notion de solidarité islamique a toujours été présente, notamment en Arabie saoudite où des réfugiés politiques islamistes avaient été accueillis dans les années 1970.

Deux autres hashtags en arabe sont également apparus : « ouvrez vos portes », et « l’accueil des réfugiés syriens est une demande populaire « . Ils ont été créées le jour où le monde entier découvrait horrifié la photo d’Aylan Kurdi, le petit garçon syrien mort sur une plage turque. Des images choc, le fil twitter correspondant à cette campagne n’en manque pas. Les internautes s’en servent pour accentuer la pression sur les politiques : « au lieu d’inaugurer de nouveaux temples bouddhistes, accueillez les réfugiés syriens », lance ainsi un internaute aux dirigeants des monarchies du Golfe sous un montage photo juxtaposant des images de l’inauguration et de migrants dans la misère.

« L’Arabie saoudite veut éviter de politiser sa société »

La campagne survient également au terme d’un été marqué par un afflux sans précédent de migrants et par plusieurs drames qui ont suscité l’indignation dans le monde et un vif débat en Europe autour de la question de l’accueil des réfugiés. Un rapport d’Amnesty international, publié en décembre dernier, révélait que les monarchies du Golfe, Arabie saoudite en tête, n’avaient proposé d’accueillir aucun réfugié syrien. Comment l’expliquer au vu de leur richesse ? Dans un éditorial publié dans le magazine américain « Quartz » le 31 août dernier, le journaliste Bobby Ghosh estiment que ces pays devraient avoir honte. Intitulé « Salut l’Arabie saoudite : voilà ce que tu pourrais faire pour aider les réfugiés syriens », l’article souligne que l’aide financière aux actions humanitaires ne suffit pas. Et qu’il serait d’autant plus logique que l’Arabie saoudite accueille des Syriens que le pays est habitué à gérer un grand nombre de visiteurs, tel que le pèlerinage de la Mecque.

Une position difficile à comprendre quand on sait que la monarchie saoudienne est un soutien déclaré de la rébellion en Syrie. Seraient-ils rebutés par le système complexe en vigueur dans les monarchies du Golfe, qui exige des travailleurs immigrés qu’ils aient un garant local ?

Stéphane Lacroix, enseignant à l’Institut d’études politiques de Paris (IEP) et chercheur au Centre de recherches internationales (Ceri), en doute. « L’Arabie saoudite a cessé de délivrer des permis de travail aux ressortissants syriens depuis le début de la guerre en 2011 », explique-t-il. Selon le chercheur, « il y a une dimension politique très importante dans l’attitude des autorités saoudiennes ». « En tant que monarchie sunnite, elle ne pouvait que soutenir la rébellion syrienne, qui, vue du Golfe, a une dimension très communautaire », remarque-t-il. « Mais dans le même temps, l’Arabie saoudite veut absolument éviter de politiser sa société : elle craint qu’en accueillant des personnes extérieures politisées elle n’importe du même coup une rhétorique de changement qui contaminerait sa société », poursuit-il. Il insiste sur le fait que la décision de soutenir les rebelles syriens dès le début de la crise, soit avant l’afflux de migrants et l’entrée dans le conflit des jihadistes, démontre bien que c’est l’idée révolutionnaire qui effraie.
france24.com

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