Potou-Sénégal : La crainte d’une mévente de l’oignon suite à une surproduction

Situé à une trentaine de kilomètres de la commune de Louga, au nord-ouest du Sénégal, Potou est un village

qui doit à l’oignon une certaine renommée, au rythme des activités quotidienne de production de ce légume-condiment, gagne-pain de la plupart des habitants qui vivent dans la peur d’une mévente pouvant résulter de la surproduction.

Potou est plus précisément réputé pour son centre de conservation d’oignon, situé à l’entrée du village, lequel fait office d’entrepôt et de place forte pour la commercialisation de ce produit.

A l’intérieur de ce vaste espace de la taille d’un terrain de football, des milliers de sacs d’oignons superposés pêle-mêle, s’étendent à perte de vue, sur plusieurs mètres.

L’odeur très forte d’oignon, répandue comme de la poudre dans l’air, saisit le visiteur plusieurs mètres avant d’arriver sur le site, indisposant les non-habitués au point d’amener à se couvrir le nez.

Dans les coins et recoins de la grande surface, des sacs s’empilent tellement qu’on en perd son chemin. Une situation impressionnante pour quelqu’un qui visite ce centre pour la première fois.

Il y a cette surprise, mais elle passe très vite devant l’intense activité qui s’impose au visiteur, avec par exemple ces dizaines de charrettes se disputant le moindre petit passage avec leurs charges, ce qui oblige le visiteur à ne pas trébucher par-ci ou à se faire renverser par-là.

Le stationnement hasardeux des camions qui attendent d’être chargés, n’arrange en rien ce désordre auquel semble s’être habitué les dizaines de manœuvres concentrés sur leur travail, casquettes vissées sur la tête et lunettes de soleil bien ajustées, habitués qu’ils sont à ce va-et-vient incessant pour charger les poids lourds.

Des dizaines de camions chargés d’oignon quittent chaque semaine le centre pour approvisionner les autres marchés du pays et parfois même la sous-région. On parle ici de plusieurs dizaines de tonnes par semaine.

Une routine quotidienne pour ces ouvriers, bien organisés dans leur travail et qui ne semblent gênés outre mesure par cette odeur entêtante mêlée à de la fine poussière propagée par l’air des lieux.

Des groupes s’occupent du pesage des sacs, d’autres se chargeant de les transporter jusqu’aux camions dans lesquels d’autres encore s’affarent à les ranger soigneusement. Le tout dans une ambiance conviviale, presque ordinaire, émouvant même.

Une production nationale de 470 000 tonnes cette année, un record

Selon le président de l’interprofession oignon du Sénégal, Mamadou Bâ, près de 470 000 tonnes d’oignon sont attendues cette année par les producteurs.

« En 2014, la production nationale était à 200 000 tonnes, et l’Etat du Sénégal nous a proposé de la ramener à 350.000 tonnes’’, un total porté à 430 000 tonnes l’année dernière, a expliqué le président de l’interprofession oignon du Sénégal, Mamadou Bâ.

Selon lui, 470 000 tonnes sont attendues cette année, Potou devant largement contribuer à cette production.

Une abondance qui inquiète les producteurs

« Chaque semaine, ce sont près de 70 camions qui quittent le centre, soit entre 140 et 280 tonnes d’oignon qui partent tous les mardis », précise Assane Sow, dont le poste de gérant se trouve à l’entrée du site.

« Nous faisons face à une production très élevée de l’oignon dans la zone de Potou. D’ici peu, nous n’aurons plus de place pour garder notre production’’, dit-il, observant d’un air soucieux les manoeuvres en train d’embarquer les sacs d’oignon dans les véhicules, tout en continuant de suivre ce qui se passe dehors.

Malgré le nombre jugé impressionnant de camions se ravitaillent sur place, le centre a du mal à stocker son oignon, ajoute-t-il assis derrière son bureau, avant de plaider pour une augmentation des magasins de stockage pour éviter une trop longue exposition de l’oignon au soleil.

Une requête appuyée par Mariama Dia. La jeune dame souligne que la récolte de cette année a doublé par rapport à celle de l’année dernière, ce qui laisse craindre que la prochaine sera encore plus importante.

« Il nous faudra plus de magasins pour garder l’oignon sinon nous n’aurons plus d’espace pour les stocker », confirme Mariama Dia, en montrant du doigt les piles de sacs d’oignon entassés pêle-mêle à travers le périmètre du centre.

Pour Mme Dia, cette situation qui laisse penser à une surproduction, s’explique par le fait que l’oignon est cultivé partout dans le pays pour pratiquement un seul marché, celui sénégalais.

Une mévente se profile à l’horizon, si rien n’est fait…

Elle rappelle qu’il y a « quelques semaines, le centre de stockage de Potou avait arrêté d’approvisionner les marchés sénégalais afin de permettre aux commerçants de vendre l’oignon qui est sur le marché à cause de la production élevée ».

Une mesure « concluante », mais à l’en croire, elle n’a pas empêché une baisse des prix à la reprise de l’approvisionnement, le kilogramme passant de 250 à 180 francs CFA voire à 170.

« La commercialisation de l’oignon est devenue un véritable casse-tête pour les producteurs. Nous sommes confrontés à une mévente parce que le marché sénégalais seul ne suffit plus pour écouler l’oignon », souligne El Hadji Malick Boye, commerçant de son état.

« Nous essayons de trouver des clients dans la sous-région, en Gambie, au Mali, en Guinée et parfois en Côte-d’Ivoire, mais ce n’est toujours pas assuré de vendre les productions », a-t-il indiqué.

Il préconise, comme solution, de trouver des financements auprès de la Caisse nationale de crédit agricole (CNCA) pour racheter les productions en vue de les revendre à un moment choisi dans d’autres pays où les stocks se seront épuisés.

SK/BK/ASG / APS
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