347 millions de personnes vivant dans la pauvreté en Afrique, des perspectives qui se dégradent. L’état d’urgence doit être décrété pour lutter contre la pauvreté en Afrique.
S’il est vrai que 6 sur les 10 pays ayant enregistré le plus gros taux de croissance dans le monde cette dernière décennie sont en Afrique, il est tout aussi vrai que le continent vit un véritable paradoxe. La pauvreté est y fortement présente et à des dimensions inquiétantes. Selon Madame Samia Msadek, Directeur Département Gouvernance-Banque Mondiale, qui se prononçait à l’occasion de la Conférence de haut niveau sur les réformes des finances publiques en Afrique francophone, le 16 octobre dernier, la Banque Mondiale avait lancé à Accra, le rapport relatif à « la pauvreté dans une Afrique en croissance » qui démontre que le pourcentage de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté a significativement chuté en Afrique depuis 1990 mais le nombre de pauvre reste élevé en valeur absolue, compte tenue de la forte croissance démographique. «Nos estimations indiquent que plus de 347 millions de personnes vivent dans l’extrême pauvreté en Afrique aujourd’hui ; ce qui correspond a plus de la moitié de la population de pauvres dans le monde. Dans les années qui suivront, les prévisions suggèrent également que la pauvreté sera plus concentrée en Afrique que partout ailleurs, et sa réduction y sera vraisemblablement la plus lente et la plus difficile, en particulier en milieu rural, dans les pays fragiles et dans ceux affectés par les conflits. Dans un tel contexte, l’Afrique n’a pas d’autres alternatives que de faire plus pour éradiquer la pauvreté, vous en conviendrez avec moi », a-t-elle déclaré.
Selon elle, pour y remédier, il faut inéluctablement une meilleure gestion des finances publiques. Car dit-elle, un bon système de gestion des finances publiques est essentiel pour la mise en œuvre effective des politiques et projets de société du tout gouvernement en ce sens qu’elle permet d’assurer la discipline budgétaire, l’allocation efficiente et stratégique des ressources entre plusieurs objectifs à travers la budgétisation, l’utilisation efficiente des ressources et la délivrance des services publiques. «Si nous reconnaissons que beaucoup a été accompli, nous devons également admettre que beaucoup reste à faire. Mais alors, pourquoi le chemin reste encore si difficile pour réussir ensemble ? Premièrement, il est établi que la forte croissance économique dont a bénéficié l’Afrique pendant les deux dernières décennies tend à s’essouffler de plus en plus. Le ralentissement de la croissance économique couplé avec une conjoncture difficile au plan mondial conduit un certain nombre de pays à faire face à des déficits budgétaires préoccupants au regard de la gestion des finances publiques, plus particulièrement le niveau de l’endettement, la détérioration de la balance de paiement et la dépréciation des monnaies nationales. Deuxièmement, le rapport du Panel de Haut Niveau présidé par le Président Thabo Mbeki commis par l’Union Africaine révèle que les Etats africains perdent $50 milliards chaque année du fait des flux financiers illicites orchestrés en grande partie par des pratiques d’évasion fiscale reposant entre autres sur des mécanismes de manipulation des prix, sous-facturation, et transfert de bénéfices. Ces manque-à-gagner obèrent d’autant la situation budgétaire des Etats qui s’en trouvent ainsi privés de ressources indispensables au financement des services de base des populations », a-t-elle diagnostiqué.
Oumar Fédior / reussirbusiness.com