Côte d’Ivoire : La mort d’Amadou Gon Coulibaly rebat les cartes de la présidentielle d’Octobre

Le décès du Premier ministre et candidat à la présidentielle Amadou Gon Coulibaly chamboule la campagne électorale

ivoirienne, alors que le scrutin est prévu le 31 octobre 2020. D’autant plus que le parti au pouvoir n’a pas de plan B.

« La Côte d’Ivoire est en deuil et le parti d’Alassane Ouattara est orphelin », explique Thaïs Brouck, correspondant de France 24 à Abidjan, au lendemain de la mort du Premier ministre ivoirien et candidat du parti au pouvoir à l’élection présidentielle, Amadou Gon Coulibaly.

Mort mercredi 8 juillet à Abidjan à l’âge de 61 ans, des suites de problèmes cardiaques, celui qui faisait campagne pour le scrutin du 31 octobre, laisse un immense vide dans le paysage politique ivoirien. Et un siège vacant. Passé le choc de sa mort, une question s’impose à tous : qui va représenter le parti d’Alassane Ouattara à la présidentielle ?

Jeudi, Adama Bictogo, le directeur exécutif du RHDP, a fait valoir sur France 24 que « toutes les options [étaient] sur la table », n’écartant pas la possibilité d’une candidature d’Alassane Ouattara.

Pas de plan B

Quelques jours après avoir annoncé, en mars dernier, qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, Alassane Ouattara, qui a évoqué la perte d’un « fils » et d’un « jeune frère », avait désigné son « plus proche collaborateur depuis trente ans » comme son successeur et candidat du parti au pouvoir. Mais la mort de ce favori rebat les cartes.

Et le temps presse : les candidatures doivent être déposées à la fin du mois de juillet. « Or il semble qu’il n’y ait pas plan B au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix [RHDP], poursuit Thaïs Brouck. Jusque-là, aucun nom n’a été avancé. »

La candidature d’Amadou Gon Coulibaly, imposée par Alassane Ouattara, ne faisait pas l’unanimité au sein de son propre camp. Ce choix avait fait grincer des dents, certains critiquant son autoritarisme ou son manque de charisme. D’autres évoquaient déjà ses problèmes de santé. Plusieurs cadres de la coalition d’Alassane Ouattara, dont les anciens ministres Marcel Amon Tanoh ou Albert Mabri Toikeusse, avaient proposé leur candidature. Sanctionnés au nom de la discipline interne, ils ont été écartés des sphères du pouvoir et il paraît aujourd’hui difficile de les rappeler.

Le retour d’Alassane Ouattara

Dans ce contexte, certains observateurs avancent qu’Alassane Ouattara pourrait revenir sur sa promesse de ne pas briguer un troisième mandat. « Il est fort possible qu’il revienne sur sa décision, estime Sylvain N’Guessan, analyste politique à l’Institut stratégique d’Abidjan, sur l’antenne de France 24, dans la mesure où il a toujours laissé une fenêtre ouverte. Si [son opposant] Laurent Gbagbo revenait, il trouverait tout à fait normal de revenir lui aussi sur le devant de la scène. Le retour d’Alassane Ouattara pourrait susciter du mécontentement au sein de l’opposition. Mais en l’état actuel des choses, je ne pense pas que les Ivoiriens soient prêts à descendre dans la rue. »

Nul doute que ceux qui pressaient le président de briguer un troisième mandat vont relancer leur demande. Si tel est le cas, « l’opposition ferait tout son possible pour l’en empêcher en faisant des recours devant la Cour constitutionnelle », juge Thaïs Brouck.

La Constitution permettrait-elle à Alassane Ouattara de briguer un troisième mandat ? « Cette question a beaucoup alimenté les discussions des constitutionnalistes en Côte d’Ivoire, répond Sylvain N’Guessan. Certains estiment que, dans la mesure où la nouvelle Constitution de décembre 2016 n’a pas remis en cause son élection d’octobre 2015, ces mandats ont déjà été pris en compte. Alassane Ouattara n’aurait dans ce cas plus le droit de se représenter. D’autres pensent au contraire, qu’avec une nouvelle Constitution, les compteurs sont remis à zéro et qu’Alassane Ouattara peut briguer un nouveau mandat. Le contexte est assez complexe. Il faut laisser les institutions en charge de la Constitution se prononcer. »

D’autres candidats possibles

En attendant, des noms circulent déjà. Notamment celui du ministre de la Défense Hamed Bakayoko, dit « Hambak ». De source proche de la présidence, Alassane Ouattara y était franchement opposé il y a quelques mois encore. « Officiellement, Hamed Bakayoko a signifié qu’il n’était pas intéressé pour le moment. Mais le contexte joue en sa faveur et il pourrait se montrer intéressé », abonde Sylvain N’Guessan.

D’autres membres du parti présidentiel pourraient également se mettre sur les rangs. « Au niveau du RHDP, il y a d’autres cadres qui n’ont pas été mis sur le devant de la scène ces derniers temps, précise le politologue ivoirien. Je pense au vice-président Daniel Kablan Duncan, au secrétaire général de la présidence ivoirienne Patrick Achi ou la ministre Mariatou Koné. Toutes ces personnes n’ont pas eu la chance d’être mises en avant, mais dans le contexte actuel, ces noms pourraient faire l’affaire du RHDP dans la mesure où la tête d’aucun ne dépasse celle des autres. Quoi qu’il en soit, le parti a de quoi trouver un candidat pour faire campagne honorable et faire un très bon score face au candidat déclaré du PDCI [Parti démocratique de Côte d’Ivoire]. »

« Le choc des pachydermes »

Le candidat désigné se retrouvera face à Henri Konan Bédié, 86 ans, du PDCI et le candidat de l’autre grande formation d’opposition, le Front populaire ivoirien (FPI). Son fondateur, l’ex-président Laurent Gbagbo (au pouvoir de 2000 à 2010) est en liberté conditionnelle depuis son acquittement par la Cour pénale internationale, et son retour en Côte d’Ivoire est incertain. Aucun jeune n’a émergé pendant son absence et certains évoquent aussi sa candidature. Ce serait en quelque sorte le remake de la présidentielle de 2010 qui avait débouché sur une violente crise post-électorale de plusieurs mois, faisant 3 000 morts.

Si Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo, et Henri Konan Bédié se retrouvaient à livrer une nouvelle bataille, il est possible que l’on assiste « de nouveau à un choc des pachydermes de la faune politique ivoirienne, raille L’Observateur Paalga, quotidien d’Information du Burkina Faso. Pour ne pas dire des dinosaures, qui devaient avoir la sagesse de faire valoir leurs droits à la retraite ».
france24.com
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