Mission de l’OMS à Wuhan : le récit des origines du virus de la pandémie du Covid-19 verrouillé par Pékin

Plus le temps passe depuis l’apparition en Chine des premiers cas d’infection par le coronavirus,

plus la vérité sur les origines de la pandémie apparait hors de portée. À l’issue de la mission d’enquête de l’OMS en Chine, le mystère reste entier, mais dans la guerre de l’information il semble bien que Pékin ait gagné une bataille.

La mission des experts de l’OMS en Chine, qui s’est achevée ce mardi 9 février 2021, n’a pas sonné la fin des hostilités entre Pékin et Washington au sujet des origines du coronavirus, bien au contraire.

À peine la mission repartie, la diplomatie chinoise a insisté pour que l’enquête se poursuive ailleurs, notamment aux États-Unis. Quant à la nouvelle administration américaine, elle a aussitôt exprimé sa défiance à l’égard des résultats de l’enquête, avant même que les conclusions ne soient formulées. Elle demande à vérifier. En fait, la diplomatie chinoise est apparue très satisfaite du déroulement des opérations. Sur son compte Twitter, la porte-parole chinoise des Affaires étrangères, Hua Chunying, a même partagé le tweet d’un de ces inspecteurs, Peter Daszac, connu pour avoir collaboré par le passé avec les scientifiques chinois. En mission à Wuhan pour l’OMS, il appelle sur Twitter, à se méfier des renseignements américains, du pain béni pour la partie chinoise. Clairement, la séquence est venue conforter le récit officiel chinois, visant désormais à chercher les origines du virus partout ailleurs sauf en Chine.

La thèse d’un virus échappé d’un laboratoire de Wuhan écartée par Pékin

Pourrait-on imaginer que le virus soit accidentellement sorti d’un laboratoire de Wuhan ? La délégation de l’OMS a pu se rendre au laboratoire P4 hautement sécurisé de l’Institut de virologie de Wuhan. Lors de la conférence de presse qui s’est tenue au dernier jour de la mission à Pékin, le chef de cette mission a estimé une fuite accidentelle du virus comme une hypothèse « peu probable ». Les regards se tournent plutôt vers l’éventualité d’une contamination à l’homme par une espèce intermédiaire elle-même infectée par un premier animal, sans doute la chauve-souris, connue pour héberger de nombreux virus de ce type. Mais en disant « peu probable » Peter Ben Embarek, chef de la délégation missionnée par l’OMS, indique que cette hypothèse ne peut pas non plus être totalement évacuée. Ce n’est pourtant pas l’interprétation retenue par Pékin. La délégation chinoise pour sa part considère qu’il n’y a plus à chercher de ce côté-là.

Quant à l’hypothèse -très présente sur les réseaux sociaux- d’un virus fabriqué en laboratoire intentionnellement, elle reste cantonnée aux milieux complotistes ou aux nationalistes anti-chinois de l’ultra droite américaine qui évoquent depuis le début, la piste de l’arme biologique, sans étayer leurs soupçons. Donald Trump lui-même l’a avancée, son administration affirmant détenir des preuves. Mais le fait qu’elles n’aient jamais été dévoilées, décrédibilise l’accusation. Surtout, il y a consensus parmi les scientifiques qui ont eu accès au séquençage du virus. Ils estiment n’avoir détecté aucun élément attestant une intervention humaine en laboratoire sur le SARS-CoV-2.

Quand la géopolitique s’en mêle

Au bout du compte la rivalité entre les deux super puissances -chinoise et américaine- et la circulation de thèses ne reposant sur aucun socle crédible, risque de faire obstacle, durablement, à l’éclosion de la vérité.

C’est apparu de façon flagrante cet automne, lorsque la presse officielle chinoise a commencé à faire circuler l’information selon laquelle des produits alimentaires congelés avaient été contaminés. Pointant du doigt des produits importés d’Amérique latine et d’Europe. Les responsables chinois ont aussitôt suggéré que ces produits étaient responsables de contaminations sans envisager l’inverse : le fait qu’ils aient pu être manipulés sur le sol chinois par des personnes déjà contaminées. L’hypothèse a été reprise par la mission de l’OMS, qui prévoit désormais d’élargir le champ de l’enquête à l’extérieur de la Chine, du côté des fournisseurs. Au bout du compte, après plus d’un an de négociation pour pouvoir enquêter en Chine, la délégation onusienne est sommée d’aller voir ailleurs.

Décembre 2019, et avant ?

Il y aurait pourtant de quoi remonter, en Chine même, sur les traces du virus en amont de la période considérée par Pékin comme le début de l’épidémie. En Europe, des études ont montré que le virus circulait en France, en Italie, en Espagne dès novembre 2019, mais Pékin ne veut pas en entendre parler. En fait, concernant la Chine, cette possibilité est exclue. Rien ne permet de remonter au-delà des premiers cas officiels de décembre 2019 selon Pékin.

Or, les enquêteurs de l’OMS n’ont eu accès qu’aux données que les Chinois voulaient bien leur livrer. Le récit des origines du virus est bel et bien verrouillé.
rfi.fr
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