En prélude à la Journée internationale de lutte contre le tabac, le Programme national de lutte contre ce produit a tenu hier une journée d’orientation à l’endroit de la presse. Pour cette année, l’Oms invite les Etats à se préparer pour aller au conditionnement neutre du tabac afin de décourager les consommateurs et réduire la demande.
Le Programme national de lutte contre le tabac a tenu hier une Journée d’orientation à l’endroit de la presse en prélude à la Journée internationale antitabac prévue le 31 mai et placée cette année sous le thème : Préparez-vous au conditionnement neutre. L’objectif de cette édition est de souligner l’importance du conditionnement neutre dans une approche multisectorielle globale de la lutte antitabac, de faciliter l’élaboration de politiques par les Etats membres et la mondialisation du conditionnement neutre en fournissant des informations claires et lisibles. Il s’agit aussi d’encourager les Etats membres à renforcer les mesures portant sur le conditionnement et l’étiquetage ainsi que les restrictions à la publicité, à la promotion et au parrainage à mesure qu’ils se dirigent par étapes vers le conditionnement neutre. Enfin, il est question, cette année, de soutenir les Etats membres et la société civile pour éviter l’ingérence de l’industrie du tabac dans les processus politiques aboutissant à l’adoption de leur conditionnement neutre.
Le conditionnement neutre est une importante mesure de réduction de la demande qui rend les produits du tabac moins attrayants, freine l’utilisation du conditionnement comme moyen de publicité et de promotion, limite les emballages et étiquetages trompeurs et augmente l’efficacité des mises en garde sanitaires. Aussi, le conditionnement neutre désigne-t-il, selon le coordonnateur du Programme national de lutte contre le tabac, les mesures qui limitent ou interdisent l’utilisation de logos, couleurs ou images de textes promotionnels sur les conditionnements hormis les noms de la marque et du produit imprimé en caractères normaux et dans une couleur standard.
L’article 6 de la Loi antitabac, votée au Sénégal en 2014, dispose que chaque paquet ou cartouche et toutes les formes de conditionnement et d’étiquetage extérieur de ces produits doivent comporter en caractères indélébiles des mises en garde sanitaires sous forme de textes et d’images en couleur décrivant les effets nocifs de la consommation du tabac, en couvrant au minimum 70% de chacune des faces principales en recto et verso du paquet de tabac, du produit du tabac et du conditionnement extérieur, selon Alphonse Diaw, chef législatif du ministère de la Santé et de l’action sociale. Cela pour mieux conscientiser les fumeurs dont beaucoup n’ont pas conscience, comprennent mal ou sous-estiment les risques liés à la mortalité et à la morbidité prématurée qu’entraînent la consommation et l’exposition à la fumée du tabac.
A la place des messages où l’on mettait : Abus dangereux pour la santé, il y aura des images qui parlent mieux sur le danger qu’il y a de consommer du tabac. «Avec le conditionnement, il va devenir impossible d’identifier l’origine du tabac pour décourager les fumeurs de ce produit qui tue une fois sur deux son consommateur», explique Oumar Ba, coordonnateur du Programme national de lutte contre le tabac.
Le Sénégal est sur la bonne voie vers le conditionnement neutre des produits du tabac. Le pays dispose d’une Loi antitabac depuis 2014 avec des décrets d’applications adoptées en avril dernier. «Reste maintenant la diffusion et l’explication de textes sur cette loi», renseigne M. Ba. Selon Alphonse Diaw, le conditionnement neutre est la plus crainte de toutes les lois antitabac par les industries du tabac.
Pour décourager les fumeurs : La société civile plaide l’augmentation des taxes
Si cela ne tenait qu’au président de Afrique sans tabac, une organisation membre de la Ligue sénégalaise de lutte contre le tabac (Listab), l’industrie du tabac serait chassée du pays. Pour cause, elle ne rapporte rien au Sénégal sinon des maladies qui coûtent chers à l’Etat et à sa population. «Elle verse environ 30 milliards à l’Etat du Sénégal mais il faut savoir que l’industrie ne fait que récolter des taxes qu’elle reverse à l’Etat. C’est l’Etat, qui doit revoir le taux et les mécanismes de taxation et aller comme dans les autres pays qui font 200%. Parce que si l’industrie donne plus de 30 milliards à l’Etat du Sénégal mais dernière elle nous laisse des maladies que l’Etat soigne à hauteur de 100 milliards. Alors si l’on fait le rapport, on voit que l’Etat perd cent fois plus», a dit Amadou Moustapha Guèye.
La prévalence du tabac au Sénégal est de 16,6% chez les garçons et 7,2% chez les filles allant à l’école et fumant régulièrement, selon des enquêtes réalisées en 2013 sur des élèves de 13 à 16 ans. L’Enquête nationale sur le tabagisme dont les résultats ont été publiés le 9 octobre 2015 a montré quant à elle que plus de 500 mille sénégalais sont des fumeurs actifs.
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