Des économistes sénégalais trouvent prématuré l’accord sur la Zone de Libre-Echange du Continent Africain

Interrogés sur l’opportunité du tout dernier accord de libre-échange africain signé à Kigali (Rwanda)

, le 21 mars 2018, par 44 pays, excepté le géant économique du continent qu’est le Nigéria, des économistes sénégalais trouvent prématuré, voire nul ce énième accord commercial qui est l’actualisation d’un traité d’Abuja datant de 1991 et qui s’est fixé comme objectif, l’intégration du continent africain en 2035, par la création d’une Communauté économique africaine. Et ce, à travers ces quatre étapes : Renforcer les communautés économiques régionales (Cer);mettre en place une union douanière continentale; mettre en œuvre des politiques sectorielles communes; et enfin mettre en place un marché commun.

Le mercredi 21 mars 2018, s’est tenu à Kigali (Rwanda), un sommet extraordinaire de l’Union africaine (Ua) portant signature de l’accord sur la Zone de libre-échange continentale (Zlec). 44 pays se sont engagés, excepté le géant économique du continent qu’est le Nigéria, lequel a été l’absent le plus présent, faisant dire à beaucoup de commentateurs que cela constituait un demi-échec pour ledit accord. Un avis tempéré par certains économistes qui ne sont pas loin de penser que la mesure est prématurée.

Ainsi donc, pour El Hadj Aliou Diouf, professeur d’économie internationale à l’Ecole supérieure polytechnique (Esp) de Dakar et à l’Ecole nationale d’administration (Ena): «Il serait plus judicieux de mettre en place des cercles concentriques dynamiques et viables tels que l’avaient défendus en son temps Léopold Sédar Senghor et Cheikh Anta Diouf».

Dans le même sillage que les précités, le professeur de préciser : «Il faut développer nos complémentarités, en unifiant nos économies». Pour lui, «la seule optique réalisable et viable pour industrialiser le continent, c’est par exemple créer une société oléagineuse à l’intérieur de l’Uemoa qui produit toutes les huiles (huiles d’arachide, de coton, de palme… pour assurer toute la consommation du contient et en même temps vendre à l’extérieur. Mais le contraire serait fatal à nos petites économies comme c’est le cas présentement, où le Sénégal produit de l’huile d’arachide, la Côte d’Ivoire l’huile de palme, etc…Cette façon de faire déstructure nos marchés et laisse libre champ aux concurrents extérieurs qui sans gêne vont continuer à acheter à vil prix nos matières premières pour les transformer et après venir nous les revendre au prix exorbitant»…En clair, «en matière de commerce international, ce n’est pas un jeu à somme nulle. Il s’agit de faire en sorte que tout le monde gagne»…

Et Mr Diouf de convoquer l’histoire: «Rappelons-nous que l’idée vient de l’Europe qui a commencé par développer des complémentarités, en unifiant leurs économies. Après, chaque pays s’est donné les moyens de construire une ou des industries dans bien des domaines précis. Donc, en matière de commerce, ce n’est pas un jeu à somme nulle. Il s’agit de faire en sorte que tout le monde gagne et non les uns au détriment des autres».

Le professeur de convoquer Léopold Sédar Senghor qui défendait la nécessité «de développer des cercles concentriques». Pour lui: «C’est un rêve, voire une illusion de penser devoir embarquer toute l’Afrique en même temps dans un méli-mélo commercial qui ne dit pas son nom». Dès lors, dira-t-il: «Il est plus judicieux de développer des régions concentriques fiables et viables tels que l’Uemoa, la Cedeao…». De même que Cheikh Anta Diop, qui rappelle-t-il «déjà en 1960, parlait de la nécessité d’industrialiser le continent, en le divisant en 9 régions pour éviter de voir s’exporter toutes nos matières premières vers les grands cercles qui après exploitation nous revendent la même matière au plus fort sous prétexte qu’ils ont apporté de la valeur ajoutée…».

«La Zone de libre-échange Africaine est une erreur»

Selon le docteur en Economie, ex-conseiller à la présidence de la République du Sénégal, Ndongo Samba Sylla, auteur de plusieurs livres au nombre desquels: (Le scandale commerce équitable; Le marketing de la pauvreté au service des riches…): «La Zone de libre-échange africaine est une erreur».Certes, dira-t-il «l’Afrique ne doit pas rester inactive face aux mega-regionals ???. Elle doit proposer une mondialisation qui corresponde à ses intérêts. Mais la Zone de libre-échange commercial (Zlec) est une mauvaise réponse».

En effet, explique-t-il: «Ce projet part du postulat que les accords de partenariat économique que l’Union européenne a négociés séparément Communauté économique régionale (Cer) par (Cer) sont une bonne chose pour le continent…». Pour l’économiste, «le projet de Zlec procède d’une lecture erronée des causes de la faiblesse du commerce intra-africain. Si les pays africains échangent peu entre eux, ce n’est pas principalement du fait des barrières tarifaires et non-tarifaires».Pour s’en convaincre dira-t-il: «Le projet de Zlec procède d’une lecture erronée des causes de la faiblesse du commerce intra-africain. Si les pays africains échangent peu entre eux, ce n’est pas principalement du fait des barrières tarifaires et non-tarifaires. La raison fondamentale est que ces pays sont pauvres et très peu diversifiés sur le plan économique, réalités héritées de la colonisation et aggravées par la mise en place des plans d’ajustement structurel au début des années 1980 et par le protectionnisme des pays riches». Dans la recherche économique, poursuit-il, «c’est un fait bien connu que les échanges commerciaux s’accroissent avec le niveau de développement économique. Les pays les plus riches commercent plus avec les pays riches qu’avec les pays pauvres».

Le défi premier est donc pour la majorité des pays africains de sortir de leur spécialisation primaire [exportation de produits primaires] en mettant en place des politiques commerciales et industrielles vigoureuses qui soient sélectives et stratégiques. «Ce que tous les pays devenus riches ont fait de par le passé.

La seconde raison fondamentale au faible commerce intra-africain est l’absence voire la piètre qualité des infrastructures de transport sur le continent. Ce qui explique bien souvent qu’il est moins coûteux pour un pays d’Afrique centrale d’importer des biens de la Chine plutôt que de son voisin immédiat».
sudonline.sn
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