La chloroquine, ce vieux médicament est-il efficace contre le nouveau coronavirus ?

L’efficacité de la chloroquine pour traiter les individus contaminés par le Covid-19 fait débat

après l’annonce des résultats encourageants d’un essai clinique très médiatisé à Marseille, le 16 mars. Mais les spécialistes de ce médicament utilisé depuis environ 70 ans mettent en garde contre tout excès d’optimisme.

C’est l’histoire d’un vieux médicament qui revient sur le devant de la scène. Le succès, annoncé lundi 16 mars à Marseille, du traitement à la chloroquine – une molécule utilisée pour lutter contre le paludisme – de patients contaminés par le Covid-19 a fait grand bruit en cette période d’épidémie galopante qui a contraint toute la France au confinement.

Didier Raoult, le directeur de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de Marseille (Bouches-du-Rhône), a expliqué avoir mené un essai clinique durant lequel il avait traité 25 personnes contaminées par le coronavirus avec de la chloroquine. Après six jours, il n’y avait plus que 25 % des patients ayant pris ce médicament qui avait toujours le virus dans le corps, soutient ce spécialiste. En revanche, 90 % de ceux qui n’avaient pas pris de chloroquine continuaient à être porteurs du Covid-19.

Testé pour le Covid-19, après le Sras, le Mers ou encore Zika

Dans la foulée de cette annonce, le laboratoire Sanofi a proposé d’offrir des millions de plaquettes de Plaquenil (l’un des noms commerciaux du chloroquine) pour continuer les tests, tandis que Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, a jugé les « résultats prometteurs » et a promis d’étendre les essais cliniques de ce traitement.

Plusieurs médias ont même rapporté que les pharmacies s’étaient retrouvés débordées par la demande pour ce médicament ces deux derniers jours. Rapidement, les appels à la prudence se sont multipliés et plusieurs experts ont souligné qu’il fallait relativiser les résultats cliniques. « C’est une étude qui semble prometteuse, mais il faut vraiment faire attention avant de susciter des élans d’espoir avec un virus aussi nouveau que celui-ci pour lequel on ne dispose pas encore de beaucoup de données », souligne Sarah D’Alessandro, docteure en médecine moléculaire à l’université de Milan et spécialiste du paludisme qui a travaillé sur la chloroquine, contactée par France 24.

La chloroquine est un médicament qu’on ressort des tiroirs systématiquement ou presque lorsqu’un nouveau virus fait son apparition. Les scientifiques « soupçonnent que cette molécule altère la capacité d’un virus de s’attacher à une cellule hôte, ce qui pourrait l’empêcher d’y entrer pour commencer à se multiplier », explique Robin May, spécialiste des maladies infectieuses à l’université de Birmingham. Disponible et utilisée depuis longtemps, la chloroquine est, en outre, « très bien connue, peu chère et peut être produit en grande quantité rapidement », note Sarah D’Alessandro.

Des avantages qui expliquent pourquoi des recherches ont été menées pour tester son efficacité aussi bien contre le Zika, le Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère) ou encore le Mers (coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient). Didier Raoult n’est pas non plus le premier à s’y intéresser dans le cas du Covid-19. En Chine, 25 essais cliniques ont été menées ou sont en cours pour évaluer l’opportunité d’utiliser ce traitement pour les personnes contaminées.

« Résultats contrastés » sur des patients humains

C’est d’ailleurs un étude chinoise publiée le 9 mars qui, la première, a mis un coup de projecteur sur cette arme antipaludisme dans le contexte de la pandémie actuelle. Des chercheurs de l’université de Pékin y démontraient l’efficacité de cette molécule à l’occasion d’un essai clinique in vitro, c’est-à-dire sur des cellules en laboratoire. C’est tout le problème de la chloroquine : « Les tests sur des patients humains [pour des infections virales autre que le paludisme, NDLR] ont, jusqu’à présent, toujours produits des résultats contrastés, difficiles à interpréter », rappelle Sarah D’Alessandro.

D’où l’intérêt des travaux de Didier Raoult, à Marseille. Il est le premier à présenter des essais qui semblent concluants sur des patients humains. Mais là, encore, attention à l’emballement. D’abord, parce que « les données précises de cet essai clinique n’ont pas encore été publiées [dans une revue scientifique, NDLR] et n’ont donc pas encore pu être évaluées par des pairs », rappelle MedScape, un site à destination des professionnels de la santé.

Ensuite, « parce que l’essai n’a été mené que sur peu de patients », souligne Sarah D’Alessandro. L’étude chinoise du 9 mars avait, elle aussi, été critiquée par la communauté scientifique parce qu’elle portait sur des cellules contaminées de « seulement » 100 patients… soit quatre fois plus que l’expérience menée à Marseille. Sibeth Ndiaye a également souligné l’importance de mener des essais à une plus grande échelle avant de conclure à l’efficacité de la chloroquine.

Mais ce médicament a justement été écarté du programme européen d’essai clinique de grande ampleur, lancé le 12 mars, et visant à tester l’efficacité de quatre traitements qui ont déjà fait leur preuve contre d’autres virus, comme Ebola. La chloroquine n’a pas été retenue, notamment, parce qu’elle se marie mal avec d’autres médicaments qui peuvent être nécessaires à certains patients atteints d’autres affections en plus du Covid-19, notamment certaines maladies auto-immunes. Mais ce traitement présente aussi des risques d’empoisonnement, et peut être mortel s’il est mal dosé. Même si ce danger est aujourd’hui bien maîtrisé en milieu hospitalier, le risque d’accident ne peut être totalement écarté. L’Inserm, qui pilote le programme européen d’essai clinique, a cependant reconnu que si des preuves supplémentaires sur des patients humains de l’efficacité de cette molécule était apportées, la chloroquine pourrait être ajoutée à la liste des médicaments prescrits durant les essais européens.
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