L’opération Barkhane confrontée à l’hostilité contre la France au Sahel

De plus en plus de voix s’élèvent contre la présence militaire française au Sahel

, elle-même ciblée par des fake news sur les réseaux sociaux qui alimentent un sentiment antifrançais dans la région. Le président Emmanuel Macron a invité les dirigeants des pays du Sahel à une réunion de « clarification ».

La présence des forces françaises dans le cadre de l’opération Barkhane au Sahel rencontre un rejet grandissant au sein des opinions publiques de plusieurs pays africains, notamment au Burkina-Faso, au Mali et au Niger.

Cette question a été directement abordée par le président Emmanuel Macron, le 4 décembre lors d’une conférence de presse en marge du sommet de l’Otan, organisé à Watford près de Londres, une semaine après la mort de 13 soldats français au Mali dans un accident d’hélicoptères. « Je ne peux ni ne veux avoir des soldats français sur quelque sol du Sahel que ce soit à l’heure même que l’ambiguïté persiste à l’égard de mouvements anti-français, parfois portée par des responsables politiques », a-t-il déclaré.

Et d’ajouter avec fermeté : « J’attends des pays du G5 Sahel qu’ils clarifient et formalisent leurs demandes. Souhaitent-ils notre présence ? Je veux des réponses claires et assumées » quant à la présence française sur place. Des propos invitant les dirigeants de ces pays à réagir et qui laissent entendre que Paris semble envisager le retrait de ses forces.

Un « besoin de clarté » qui a poussé Emmanuel Macron à inviter les chefs d’États du Mali, du Niger, du Burkina Faso, de la Mauritanie et du Tchad à un sommet à Pau, le 16 décembre. Cette initiative, perçue comme une « convocation » au « ton paternaliste » par certains médias africains et sur les réseaux sociaux, aura pour but de « réévaluer les termes de notre présence légitime au Sahel », a-t-il précisé sur Twitter.

Alors que l’opération Barkhane, conduite par les forces françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel et l’ONU (Minusma), consiste à lutter, depuis son lancement en août 2014, contre les groupes jihadistes et à soutenir les armées des pays concernés par la menace terroriste, la région reste l’objet d’attaques de plus en plus fréquentes.

Les violences jihadistes persistent dans le nord du Mali et se sont propagées au centre du pays ainsi qu’au Burkina et au Niger voisins. Les pertes sont de plus en plus lourdes pour les armées locales, et les interrogations autour de la stratégie employée se sont multipliées. Particulièrement au sein des opinions publiques locales, lassées par plusieurs années de conflit. Plusieurs manifestations ont notamment été organisées au cours de l’année à Bamako et à Ouagadougou contre la présence française.

L’armée française ciblée par des fake news et des rumeurs

En parallèle, un certain sentiment antifrançais s’est développé, ces dernières semaines, à la faveur de fake news extrêmement virales visant l’armée française. Des infox aux accents complotistes partagées des milliers de fois sur les réseaux sociaux au Mali, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, accusant la France de faire le jeu des jihadistes pour justifier le maintien de sa présence militaire dans la région.

L’une de ces infox prétendait que l’armée française avait mené une frappe contre une base militaire nigérienne située à Diffa, une ville du sud-est du pays, dans le but d’entretenir la menace jihadiste. Les commentaires antifrançais des internautes accompagnant la publication datée du 23 novembre ont pris de telles proportions que les autorités locales et l’ambassade de France au Niger ont réagi dès le lendemain. « Mensonge grossier et éhonté. La France est aux côtés du Niger et de ses partenaires du G5 Sahel dans la lutte contre le terrorisme », a écrit la représentation diplomatique française sur ses comptes Facebook et Twitter.

Plus récemment, le 2 décembre, un message alarmiste accompagné de quatre photographies sur lesquelles on voit un avion militaire français déchargeant des dizaines de motos, prétendument vouées à être livrées à des jihadistes, s’est rependu sur les réseaux sociaux au Mali. La fake news intitulée « L’armée malienne risque des attaques terroristes dans les jours avenirs (sic) », mise en ligne sur une page Facebook malienne, a fait l’objet d’un double démenti des forces armées maliennes et françaises. Le ministère des Armées a indiqué sur son site que ces clichés illustraient la réception par la force Barkhane de 60 motos dont le destinataire final est l’armée malienne.

Outre les fake news, un certain discours politique teinté de nationalisme s’en prend directement à la France. En juin, le ministre burkinabé de la Défense, Chérif Sy, s’interrogeait dans les colonnes d’un journal sud-africain sur les motivations de l’opération dans le Sahel. « Je m’étonne que les Français n’aient pas été capables d’éradiquer ces bandes terroristes. On se pose des questions. Le veulent-ils vraiment ou ont-ils un autre agenda ? »

Par ailleurs dans un communiqué publié le 15 novembre, l’ambassade de France au Mali avait réagi à une déclaration filmée du célèbre artiste Salif Keita, dans laquelle celui-ci fait porter à la France la responsabilité de la poursuite de la guerre au Mali et évoque ses liens supposés avec le terrorisme au Mali. L’ambassade avait estimé que « de tels discours font le jeu de ceux qui cherchent à semer la discorde et entretenir le chaos. Ils sont également une offense à la mémoire des civils et militaires, maliens, français et internationaux, victimes de la barbarie terroriste au Mali ».

Récemment interrogé par RFI sur les rumeurs laissant entendre que la présence française dans la région ne serait motivée que par des visées colonialistes, le général François Lecointre, chef d’état-major des armées, a fait part de son indignation.

« Je ne supporte plus ces rumeurs, ces allégations et ces accusations mensongères qui font un mal absolument terrible et des ravages dans les opinions publiques des pays que nous venons aider », a-t-il réagi. « Le chef militaire que je suis, qui perd des hommes au combat, vous dit que, évidemment, ce n’est pas le sens de notre action (…). Quand j’entends des accusations comme celles-là, je trouve que c’est particulièrement injurieux, grave et dramatique. »
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