Les secrets des exportations françaises d’armement

Les exportations françaises d’armement se sont envolées en 2016. Les chiffres officiels seront présentés la semaine prochaine mais, d’ores et déjà, on estime qu’ils devraient dépasser les 20 milliards d’euros. Depuis deux ans, la France est devenue le deuxième exportateur mondial de matériel de guerre, à peu près au même niveau que la Russie, mais largement derrière les Etats-Unis.

Lundi 6 mars 2017, le directeur général de l’armement (DGA) qui gère les grands contrats de défense à l’exportation précisera les chiffres à l’exportation avant la traditionnelle remise du rapport au Parlement. Les chiffres doivent encore être consolidés, mais entre 2012 et 2016, les ventes d’armes fabriquées en France ont été multipliées par quatre.

L’Etat pose les conditions du partenariat, l’industriel négocie les prix

Si les matériels français ont très bonne réputation et sont utilisés en conditions réelles tous les jours dans les guerres au Sahel ou au Moyen-Orient, cela ne suffit pas à expliquer ce succès à l’exportation. « C’est la victoire de l’équipe France », martèle-t-on au ministère français de la Défense. Après des échecs retentissants, au début de la décennie 2000, l’équipe constituée autour de Jean-Yves le Drian à partir de 2012 a imposé une nouvelle méthode.

« Industriels, diplomates, militaires : tout le monde doit parler d’une même voix », dit-on. Régulièrement, les différents acteurs se réunissent au sein d’un comité des exportations de défense (COMED) pour « accorder leurs violons » sur les prix, les performances et les conditions de vente et d’utilisation. « Le Drian a fait du bon travail, mais il a bénéficié aussi de ce qui avait été fait avant ! », nuance-t-on dans l’opposition. « Il faut parfois des dizaines d’années pour conclure un contrat d’armement ». D’ailleurs le contrat pour les Rafales aux Emirats arabes unis (EAU) ne s’est toujours pas concrétisé après huit ans de discussions. A terme, la France et les Emirats pourraient même développer conjointement une nouvelle version de l’appareil.

Des équipements parfois supérieurs à ceux utilisés par l’armée française

« On savait qu’en vendant des matériels majeurs, comme des avions de chasse, on passerait sans problème la barre des 10 milliards », commente-t-on à la direction générale de l’armement. Cela a été le cas en 2015 et en 2016. La force de l’offre française, c’est aussi de proposer à l’exportation ce que les autres hésitent parfois à vendre à l’étranger : des satellites espions ou des missiles de croisière au Moyen-Orient, au risque de voir ces systèmes très sophistiqués proliférer dans une région explosive.

Les Américains livrent en priorité ces matériels à leurs proches alliés européens de l’OTAN ou à leurs partenaires asiatiques. D’autres pays, comme la Turquie, développent des armes de précision, mais n’ont pas encore l’expérience des Européens. L’industrie française accepte aussi d’adapter ou de co-développer des matériels à la demande du client : du « sur-mesure », comme pour les sous-marins australiens. Enfin, l’Etat français assure la formation, le suivi, et souvent, l’entraînement des militaires étrangers dans les bases françaises ou chez eux, au travers de partenariats, par exemple ceux noués avec la Marine égyptienne.

Une situation géopolitique favorable pour combien de temps ?

« Les étoiles ont fini par s’aligner », commente-t-on à la Défense, pour expliquer la réussite française en matière d’exportations. La demande explose partout dans le monde, et, même en Europe, les budgets d’équipement repartent légèrement à la hausse. Sous l’administration de Barack Obama, les Français ont pu récupérer des parts de marchés dans le golfe arabo-persique. Si la France a toujours du mal à s’imposer en Arabie Saoudite, le Qatar comme les Emirats, diversifient leurs sources d’approvisionnement en armes en achetant américain et français.

L’Egypte du président Sissi s’est senti « lachée » par l’allié américain et a réactivé son partenariat avec la France et la Russie. L’ère Trump promet d’être plus difficile pour les marchands d’armes français, car Washington aura à cœur de faire tourner les usines d’armement implantées sur le sol américain et, donc, les marchés à l’étranger seront certainement plus disputés. Mais les industriels français qui acceptent d’importants transferts de technologie et d’importantes charges de travail, ce que refusent de faire les fabricants américains, pourraient tirer leur épingle du jeu.
rfi.fr

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