Le Pape François aborde ce jeudi la journée la plus politique de son premier voyage américain. Il va s’adresser, c’est historique, au Congrès des Etats-Unis. Les élus catholiques représentent environ 30 % des deux chambres un nombre très équilibré entre démocrates et républicains. C’est d’ailleurs le président conservateur de la chambre des représentants, John Boehner, qui a invité le Saint-Père, alors que les prises de position des deux hommes sont très éloignées sur nombre de dossiers.
Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Le pape François n’a pas attendu son intervention devant le Congrès pour exprimer sa position sur des sujets qui ne font pas l’unanimité, c’est un euphémisme, entre républicains et démocrates. Le Saint-Père a renouvelé lors de son intervention publique à la Maison Blanche sa position sur l’action nécessaire contre les changements climatiques. Sur ce sujet, les républicains sont extrêmement réticents et mettent en doute la nécessité d’agir.
Le Père Jacek de l’église du Sacré-Cœur, estime qu’il est pourtant urgent de prendre des mesures : « Le changement climatique est important pour moi et pour le pape François, car cela pose la question de la survie de notre civilisation. Le changement climatique ne concerne pas que la survie des ours polaires, c’est le quotidien des pauvres qui est impacté, dès aujourd’hui, par des événements météorologiques extrêmes. Les pauvres sont plus vulnérables, car ils n’ont pas les moyens de faire face aux conséquences. Les fermiers pauvres d’Amérique centrale, ou d’Afrique subsaharienne sont déjà touchés par des sécheresses prolongées, qui détruisent leurs cultures. Ce sont ceux qui souffrent le plus, et pour le pape François, comme de nombreux croyants, c’est un problème fondamental de droit à la vie ! »
D’autre part, le Saint-Père s’est présenté comme un fils d’immigré, saluant « un pays bâti par des familles venues du monde entier ». Une allusion à la controverse qui agite le Congrès. Les démocrates proposent une voie vers la naturalisation des sans-papiers, les républicains souhaitent fermer la frontière et renvoyer les illégaux.
Le Capitole sera plein
Le premier d’entre eux à ne pas être d’accord sur cette question de l’immigration est le président conservateur de la chambre des représentants, John Boehner, qui a lui-même invité le pape : « Le Saint-Père est un homme très éduqué. Je suis persuadé qu’il tente de remplir au mieux sa mission en tant que chef religieux. Pour nous, les catholiques, il vient remettre en mémoire nos responsabilités. Mais je suis un homme qui évolue dans la politique, et j’ai parfois des vues divergentes. Par exemple, je suis contre l’amnistie pour les migrants. Je pense que si vous entrez dans ce pays illégalement, vous ne devez pas en tirer de bénéfice. Et donc me voilà dans cette situation… Je suis un catholique en désaccord avec les positions du Pape. Je ne dis pas que j’en fais un casus belli, mais c’est ce que je ressens. »
Sur le rapprochement avec Cuba, dans lequel le Pape s’est personnellement impliqué, sur le changement climatique et l’urgence d’agir, la philosophie du chef de l’Eglise catholique est en désaccord avec les républicains. En revanche, sur le divorce, sur l’avortement, le mariage gay, certes le Saint-Père se prononce pour le pardon et un accueil de tous sans discrimination, mais il reste fidèle aux principes de l’Eglise. Et sur ces sujets de société, les démocrates risquent d’être mal à l’aise.
Mais quels que soient les grincements de dents des uns et des autres, le Capitole sera comble. Tous les parlementaires veulent assister à cette adresse historique.
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