Les diolas de Sébikotane ont fait découvrir une facette de leur culture le Week-end dernier à l’occasion d’un Alamane. Le Koumpo, accompagné d’autres masques, a dansé et suscité l’admiration des habitants de la commune. Le maire de la localité, Abdoulaye Lô, a promis d’annualiser ce rendez-vous culturel.
La commune de Sébikotane a vibré le week-end dernier au rythme du Koumpo. Ce masque diola à la fois mystique et mythique a été la grande découverte des habitants de la commune, des ressortissants diolas de la commune de Sébikotane et des autres quartiers de Dakar qui ont rallié la ville. Mais ce fut aussi une découverte pour les autres ethnies voisines à l’instar des Sérères. Le Koumpo a ainsi dansé et dévoilé toutes ses facettes à l’occasion d’un Alamane «sanction» des diolas de Sébikotane. «Les festivités ont débuté le vendredi soir jusqu’au samedi après-midi», a expliqué Taïrou Sonko, un des organisateurs. La découverte a été grande et impressionnante pour beaucoup. Au terme des festivités, l’assistance a même réclamé la danse des masques.
«Le lundi est un jour férié, il peut donc continuer encore à danser la nuit et demain soir également, c’est tellement bon que j’en veux encore. Je ne suis pas assouvi», a confié une jeune fille. Elle ne manque toutefois pas, comme beaucoup de personnes d’ailleurs, de se demander ce qui se cache derrière ce masque. En réalité, le Koumpo reste un animal mystérieux. Même les jeunes diolas n’en savent pas grand-chose. «C’est un mystère. Nous avons trouvé le Koumpo ainsi avec ses mystères, c’est un animal de la brousse que nous avons hérité de nos pères qui l’ont hérité de nos grands-parents», a expliqué Kémo Diédhiou.
Le sens d’un rite
L’Alamane signifie en diola une amende collective infligée par le Koumpo à une tranche d’âge ou de sexe à la suite d’une faute. Celle-ci pourrait être commise par une ou quelques personnes, mais la sanction concernera toute une catégorie de personnes selon la volonté du Koumpo. Ce rite mobilise donc toute la société ou plutôt toute une génération de personnes. Le motif est parfois anodin. Celui de Sébikotane aura été le suivant : «Une fille et deux garçons ont déserté lors d’un mariage, la danse du Koumpo pour aller vaquer à leurs préoccupations. Mécontent de cet acte, le masque a sanctionné tous les Diolas de Sébikotane», explique Taïrou Sonko, un des organisateurs de cet événement culturel dont les préparatifs ont duré 6 mois. Pour conjurer le mauvais sort suite à cet acte, chaque membre de la communauté était tenu d’apporter quelque chose. Chaque jeune apporte deux poulets ou 6 mille francs tandis que les femmes s’occupent du riz et de l’huile et les enfants du lait et du sucre. Durant la cérémonie, chacun s’est présenté devant le Koumpo avec l’offrande apportée. Ainsi, «tout le monde s’est acquitté de son devoir de participation. Le tout a servi de dépense pour la nourriture à cette fête», a relevé Taïrou Sonko. Il y a une manière spéciale de faire la danse du Koumpo. Les femmes, armées de débris de fer, font face aux hommes et chantent en chœur. Au rythme du tam-tam et du bruit du fer, les allers-retours commencent avec de temps en temps des chorégraphies endiablées en attendant l’arrivée du masque. Trois Koumpo ont dansé le dimanche alors que d’habitude, c’est un seul masque qui est mobilisé dans de pareilles circonstances. D’autres masques, tout aussi impressionnants les uns que les autres, ont accompagné le Koumpo à l’occasion. Agomola, un autre animal broussard costaud et noir, Niass de petite taille toujours armé de bâton dictant sa loi à chaque apparition et Essamaï ont dansé et gagné l’admiration du public à l’exception de Niass qui d’ailleurs était le plus craint de tous les masques. «Celui-là est vraiment méchant, il danse bien mais il ne laisse personne apprécier sa danse car il n’arrête pas de taper sur tout ce qui bouge», ont regretté Basse et ses camarades.
Avis officiels
L’Alamane de Sébikotane a été un prétexte pour faire découvrir la culture diola dans cette localité sérère. «C’est un devoir pour nous de faire connaître et de perpétuer notre culture, c’est l’objectif de cet Alamane», a confié le président de l’association des Diolas, Cheikh Aba Mané. La manifestation a été bien appréciée par les habitants de la commune qui ont répondu massivement à la fête. «C’est une belle réussite, je suis vraiment contente, les gens de Sébi sont vraiment hospitaliers et très ouverts. Le maire s’est déplacé pour voir notre culture, ce qui m’a particulièrement fait plaisir. Car la richesse d’une personne c’est sa culture», a dit la marraine Mary Badiane. Et le maire de la commune, Abdoulaye Lô, d’ajouter : «C’est un événement extraordinaire culturel et spirituel. C’est aussi la symbiose des ethnies du Sénégal.» «J’ai connu la Casamance depuis 1976 mais c’est la première fois que j’assiste à une cérémonie pareille et ce sont des virtuoses de la danse et certainement de la mystique aussi car tout ce qu’il y a en dessous, il n’y a que les Diolas qui peuvent le dire et je sais qu’ils ne le diront pas, ce qui fait que c’est magnifique et extraordinaire. Je promets de ne plus jamais rater cela tant que je serai au Sénégal», a également promis M. Lô, maire de Sébikotane. En réponse à la demande du président de l’association des Diolas, qui a réclamé une aide de la municipalité afin d’annualiser ce rendez-vous culturel et l’inscrire dans l’agenda culturel de la commune, l’élu de Sébikotane a répondu : «Je suis tout à fait prêt à cela. Que cela soit avec les moyens de la mairie ou mes moyens personnels, je suis disposé à aider chaque année pour que cet évènement devienne annuel et qu’il soit perpétué.» La présence du maire de la localité a été perçue par les organisateurs comme une marque de «sympathie et de considération». Pour le vieux El Hadji Lamine Mané, marabout tradi-praticien, son soutien a été déterminant dans la réussite de l’événement.
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