Lutte contre le COVID-19 : Quand l’Asie se prend en main, l’Afrique tend la main

Qui disait que le nouveau coronavirus n’a pas encore révélé tous ses secrets.

C’est vrai certainement. On apprendra encore des choses et des choses de ce COVID-19.

Une des approches possibles est que le nouveau coronavirus n’a pas encore fini de révéler tous les secrets du monde. En réalité, certains de ces secrets étaient des évidences que d’aucuns refusaient de voir et que d’autres tentaient de cacher, souvent maladroitement.

Il est remarquable que le nouveau coronavirus, cette maladie hyper contagieuse, s’est répandu dans le monde en suivant, entre autres, le flux des voyageurs. C’est ce qui est visible sur la carte du trafic aérien mondial qui se recoupe presque parfaitement avec les zones les plus affectées par la pandémie.

Les êtres humains se déplacent tout le temps dans le monde et pour diverses raisons. Notamment pour régler des problèmes, trouver de meilleures conditions d’existence, pour faire du tourisme, pour travailler et pour faire des affaires, entre autres.

En cette époque de la mondialisation dominée par le néo-libéralisme, les puissances économiques et financières ne font du business que là où c’est plus profitable et de la manière la plus sécurisée.

Ainsi, le tableau du trafic aérien mondial renseigne sur les parties du monde qui sont le plus en affaires. L’Asie centrale et du Sud/Est, l’Europe occidentale et l’Amérique du nord, sont dans une intense interaction. Ce qui explique la régularité et la densité des échanges entre elles.

Ce tableau indique aussi les endroits les moins fréquentés comme l’Afrique. Cette image renvoie ainsi aux statistiques qui démontrent que l’Afrique représente moins de 2% du commerce mondial. Le même taux détermine la participation du continent au Produit Intérieur Brut, le PIB mondial.

L’autre image qui se profile derrière ou en avant de ce tableau est qu’en prenant pour repère la conférence de Bandung en 1955, les économistes s’accordent sur le fait que l’Afrique et l’Asie, comme des sœurs jumelles, sont parties quasiment du même niveau de développement économique et social, vers la souveraineté internationale.

En 2020, le COVID-19 vient confirmer une évidence qui fait débat. Le développement inégal entre l’Afrique et l’Asie. Par leurs propres moyens scientifiques, techniques, financiers, économiques, organisationnels et disciplinaires, les pays asiatiques parviennent à mieux maitriser le nouveau coronavirus, sans trop dépendre de l’extérieur.

Au même moment, l’Afrique semble dans l’expectative à cause de son habitude à presque tout attendre de l’aide extérieure. Autrement dit, l’Afrique n’existe qu’en tant que source d’approvisionnement en matières premières, de réservoir de main-d’œuvre serviable canalisée dans l’émigration clandestine et choisie.

L’Afrique a encore de la peine à s’industrialiser, au moment où l’Asie est devenue l’usine du monde. Les puissances économiques, industrielles et financières font du business, pratiquent la délocalisation, le transfert de technologie et de la science, en Asie. Elles y sont donc plus présentes. En Afrique, l’aide, la corruption, le rapatriement de rentes financières sont les pratiques les plus courantes. Là, les puissances sont moins présentes physiquement, mais, dans l’ombre, elles tirent les ficelles.

L’Asie a bien assimilé le proverbe chinois de Confucius selon lequel « quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson ».. Autrement dit, l’Asie a fondé son développement économique, social, financier, ainsi que son progrès scientifique, technique et technologique, de même que ses options politiques sur ses propres valeurs et sur ses capacités humaines.

De l’autre côté, l’Afrique continue d’accepter de ressembler à l’autre pour exister. Elle est confinée dans le copier/coller, quand elle ne confie pas son destin ou sa souveraineté à l’autre. Une tendance de moins en moins digérée par une nouvelle génération d’africains. Celle-ci est en désaccord croissant avec une certaine élite politique encore à la remorque de la pensée unique néo-libérale qui gouverne le monde.

Quand l’Asie se prend en main, l’Afrique tend la main. L’Asie vole même au secours des puissances de l’Occident et d’autres avec sa technologie et son expertise. L’Afrique qui tend la main subit l’arrogance de ses « généreux donateurs ».

C’est un abus de langage que de parler d’indépendance pour un pays. Le COVID-19 vient de confirmer que tous les pays sont interdépendants. Mais chaque pays peut et doit impérativement être souverain pour exister. La souveraineté suppose la responsabilité et la capacité, entre autres. Si l’Asie a fait sienne cette option politique, ce n’est pas sûre pour l’Afrique.

Toutes choses qui plongent le continent dans une atmosphère d’angoisse et d’inquiétude voire de panique source de toutes sortes de commentaires déplacés, condescendants, arrogants et méprisants. Une situation favorable à la profusion de fausses nouvelles, d’idées tantôt géniales, tantôt saugrenues et fantaisistes, pendant cette crise de la pandémie du COVID-19.

A part quelques éclaircis ici et là, l’Afrique semble noyée dans une forme d’obscurantisme, d’infantilisme, de crétinisme et de vulnérabilité, reflets du faible niveau de développement scientifique, des carences des systèmes éducatifs et des déficits de visions de certaines élites politique, sociale, culturelle et religieuse.

Tout cela fait partie des révélations ou des confirmations mises en lumière par le COVID-19.

Kadialy DIAKHITE
ActuPrime – La primeur et la valeur de l’information – Sénégal

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