COP21 : L’accord sur le climat va-t-il tenir ses promesses ?

La 22e conférence climat des Nations unies s’est terminée par l’adoption au consensus de l’accord climat destiné à remplacer le protocole de Kyoto. Un accord annoncé comme « ambitieux » par la présidence française, mais va-t-il tenir ses promesses ?

Cet accord climat est effectivement ambitieux, mais l’absence de chiffrage, de dates butoir, l’affaiblissent. Le bilan programmé en 2020, puis tous les cinq ans, des engagements des pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, est positif. Pour autant, il ne paraît pas suffisant au regard des besoins.

En effet, si plus de 180 pays sur 195 ont déjà communiqué leurs contributions au secrétariat de la COP21, la projection de ces engagements nous emmène sur une trajectoire d’augmentation de la température globale supérieure à 3 degrés d’ici la fin du siècle. Impossible, dans ces conditions, de maintenir le cap de 1,5 degré écrit en tête de l’accord. Et la mention « aussi tôt que possible » n’apporte aucune contrainte.

Côté financement, les 100 milliards de dollars d’ici 2020 pour l’adaptation et la diminution des émissions de gaz à effet de serre, seront considérés comme un plancher annuel au-delà de 2020, mais rien n’indique qui financera ni de quelle manière.

Néanmoins, la prise en compte des niveaux de développement des pays dans leur responsabilité, à la fois dans l’action et le financement, est un point important, mais il restera encore à déterminer les critères de différenciation.

Il reste donc beaucoup de travail à faire pour définir des paramètres et mettre en place des mécanismes complexes. Un travail qui va se poursuivre jusqu’à la 22e COP qui aura lieu à Marrakech, au Maroc, en novembre 2016.

Des félicitations à la critique acerbe chez les ONG

Aussi, du côté des ONG, les réactions sont disparates. Certaines, comme la célèbre Greenpeace, sont inhabituellement enjouées : « La roue de l’action tourne lentement mais à Paris, elle a tourné. Le texte place l’industrie des énergies fossiles du mauvais côté de l’Histoire », a dit son directeur Kumi Naidoo. « Le verre est aux trois-quarts plein », résume Pascal Canfin, expert au World Resources Institute et ancien ministre français, qui se réjouit que le texte définisse enfin un objectif de long terme pour les émissions de gaz à effet de serre, source de ce déréglement climatique inédit. « Il y a deux ans c’était encore une utopie! », a-t-il relevé, « cet objectif de long terme est un signal fort et très important en direction des investisseurs. C’est là le tournant ».

ONG et think tanks se sont aussi réjouis que l’accord mentionne la nécessité de maintenir le réchauffement « bien en deçà de +2°C par rapport aux niveaux pré-industriels », tout en tendant vers 1,5°C. « Désormais tous ce que les gouvernements feront pourra se mesurer au regard de cet objectif », a souligné Samantha Smith, du WWF. « Et surtout, ils devront répondre, y compris sur l’assistance aux Etats les plus pauvres et vulnérables aux impacts du changements climatiques ».

Certaines organisations sont plus modérées. Elles saluent un tournant historique, mais affirment qu’il faut rester vigilant et maintenir la pression. « La première chose, c’est qu’il va falloir respecter les engagements qui sont pris dans le texte. Il ne s’agit pas d’avoir des beaux discours, maintenant, il va falloir mettre en oeuvre », prévient Fany Petitbon, membre de cette organisation.

Care France estime enfin qu’« il faut absolument revoir les engagements avant 2020, si on veut être sérieux et rester sous la barre des 1,5 degré ». Enfin, il sera nécessaire, poursuit Fanny Petitbon, « d’augmenter de manière significative les actions en matière d’adaptation des populations les plus vulnérables. Par exemple, apporter un soutien aux pays les plus affectés adapter leurs techniques agricoles, pour faire face à la fonte des glaciers, etc. »

D’autres sont en revanche très critiques vis-à-vis de l’accord, texte au rabais selon elles qui pénaliseront forcément les pays du Sud. « Aujourd’hui, c’est le jour le plus triste pour toutes les populations pauvres et vulnérables dans le monde, et notamment celle des pays les moins développés de l’Afrique, a ainsi déclaré Azeb Girmai, Watch International. Elles subissent déjà quotidiennement les conséquences du changement climatique, et l’accord ne leur donne aucune garantie qu’elles vont recevoir des indemnisations pour les pertes et dommages causés par les évènements climatiques. Cette mesure a été enlevée de la version finale de l’accord. En fait, c’était un échange dans les négociations : on enlève l’option sur les aides financières contre l’objectif climatique de 1,5 degré. Les Etats développés ont échoué avec cet accord qui met les victimes du changement climatique devant le fait accompli. »
rfi.fr

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