Cheikh Aguibou Soumaré démissionne de la présidence de la Commission de l’UEMOA

En démissionnant de la présidence de la Commission de l’Uemoa, Cheikh Hadjibou Soumaré donne une longueur d’avance au Niger dans le duel qui l’opposait au Sénégal qui devait lui céder ce fauteuil comme convenu à Cotonou en novembre dernier. Mais de nouvelles exigences du Président nigérien avaient retourné les autorités sénégalaises qui n’ont pas voulu avaler une deuxième pilule. Après cette décision de M. Soumaré, Niamey semble se retrouver dans un boulevard.

En football, on l’aurait appelé retournement de situation. Cheikh Hadjibou Soumaré a démissionné hier de son poste de président de la Commission de l’Uemoa pour «convenances personnelles» à deux mois de la fin de son intérim. Ces mots sont l’expression d’un malaise généralisé qui règne à Ouagadougou, siège de l’institution sous-régionale, provoqué par l’enthousiasme du Niger de prendre la présidence du poste. Alors que le protocole de Cotonou ne tenait plus depuis le sommet de l’Uemoa organisé à Dakar le 5 juin dernier. Selon des infos recueillies auprès dans son entourage, l’ex-Premier ministre, qui sait que son sort est scellé, a confié qu’il avait du mal à continuer à s’accommoder de l’attitude «irrévérencieuse, hostile et provocatrice» des officiels nigériens à son égard. Lors du dernier Conseil des ministres de l’Uemoa, tenu la semaine dernière à Ouaga, le représentant nigérien l’aurait apostrophé en ces termes : «Vous les Sénégalais, vous ne voulez pas lâcher le poste.» Après cette sortie peu diplomatique, le Nigérien avait récolté une volée de bois vert de ses autres collègues qui l’ont poussé à retirer ses propos. Sonné par ces mots, M. Soumaré a préféré jeté l’éponge au grand dam des autorités sénégalaises.
Celles-ci doivent réagir à deux mois du renouvellement du poste. Vu le scénario actuel, le Niger se retrouve dans un boulevard à cause de la difficulté du Sénégal de préparer un candidat sérieux. En plus, le gouvernement est dans une position inconfortable après avoir affiché diplomatiquement et fermement son droit de garder son «bien» après que Niamey a voulu revenir sur une partie de l’accord signé par les deux pays.
Il faut savoir que le coup final de ce feuilleton devait être porté à Dakar le 5 juin dernier lors du sommet de l’Uemoa. Cheikh Hadjibou Soumaré devait céder son fauteuil de président de la Commission de l’Uemoa au représentant désigné du Niger lors de la session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union économique et monétaire ouest africaine.

Une succession en questions
Lors de ce huis clos des chefs d’Etat, le Président nigérien a voulu flouer le Sénégal en revenant sur une clause des termes du Protocole de Cotonou, signé le 8 novembre 2015, lors de la 19ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’union. Lequel avait prorogé de 6 mois le mandat du président de la Commission de l’Uemoa. En contrepartie, le Président Mahamadou Issoufou avait accepté de céder le poste de Vice-gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) au Sénégal en prenant la présidence de la Commission de l’Uemoa occupée par le Sénégal. Il avait mis sur la table un document signé par Me Wade qui accepte de céder la direction de l’institution au Niger au nom d’un principe de rotation dont il était l’unique théoricien. Mis devant le fait accompli, Macky Sall avait accepté d’entériner cet engagement de son prédécesseur en obtenant en échange le poste de Vice-gouverneur de la Bceao qui est une maigre consolation.
Mais le deal avait capoté à Dakar à cause de l’appétit gargantuesque de Mahamadou Issoufou. Qui a voulu récupérer la présidence de l’Uemoa et garder aussi le poste de Vice-gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Face à cette violation de l’entente, Dakar, qui n’était plus dans une position fragile, n’a pas voulu céder la présidence de l’institution à l’image des autres pays. Ce qui avait justifié le prolongement de l’intérim de l’ex-Premier ministre à la tête de l’institution.
Aujourd’hui, la situation est très simple : Si le Sénégal n’arrive pas à préparer un candidat sérieux, il va se retrouver sans poste au niveau des instances sous-régionales alors qu’il est la deuxième économie de l’Uemoa. Bien qu’ayant refusé de courber l’échine une deuxième fois en déchirant le Protocole de Cotonou, Dakar semble être cette fois sans ressort après cette décision inattendue de M. Soumaré qui a longtemps compté sur sa belle étoile qui l’a placé à la tête de l’institution de façon hasardeuse. Mais il laisse derrière lui un pays désarmé après ce retournement de situation.

bsakho@lequotidien.sn

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