Bouygues engage un bras de fer avec l’Etat pour vendre sa filiale à Orange

Orange et Bouygues ont prévu de réunir à nouveau leurs administrateurs dimanche. C’est à l’issue de ces conseils qu’une «décision définitive sur la poursuite du projet de rapprochement » entre Orange et Bouygues Telecom sera prise. – Pascal SITTLER/REA

Les protagonistes se sont donné un nouveau délai jusqu’à dimanche.Bercy et l’Elysée ne seraient pas sur la même position vis-à-vis du deal.

Les bans du mariage ne sont toujours pas publiés. Les conseils d’administration d’Orange et Bouygues, organisés mercredi soir, ont abouti au même constat, rendu public jeudi : « les négociations ne sont pas assez avancées ». Les deux groupes ont prévu de réunir à nouveau leurs administrateurs dimanche.

C’est à l’issue de ces conseils qu’une «décision définitive sur la poursuite du projet de rapprochement » sera prise. En clair : rien n’est acquis et le rachat de Bouygues Telecom par Orange peut très bien ne pas avoir lieu. Quand bien même personne n’ose aujourd’hui imaginer une telle hypothèse. Un « mini » conseil d’administration s’est toutefois tenu jeudi soir chez l’opérateur historique, pour informer de la poursuite des discussions. Stéphane Richard et Martin Bouygues devraient à nouveau se voir demain, après l’entrevue de jeudi matin.

La question de la valorisation

Ce délai supplémentaire et ces multiples rendez-vous témoignent des obstacles qui restent à franchir dans une opération d’une complexité extrême, qui englobe les quatre opérateurs télécoms mais aussi l’Etat, actionnaire principal d’Orange (23 % du capital). C’est avec les pouvoirs publics que le bras de fer est désormais engagé.

La question de la valorisation de l’opération continue notamment de poser problème . Bouygues a fixé un prix de base à 10 milliards d’euros pour la vente de sa filiale télécoms. La transaction sera financée en partie en actions et en cash. Une augmentation de capital réservée doit permettre au groupe de BTP d’entrer au capital de l’opérateur historique. Martin Bouygues a toujours réclamé entre 10 et 15 % du capital. Un compromis semble avoir été trouvé autour de 12 %.

Directement entre Macron et Bouygues

Mais l’Etat, et plus particulièrement Bercy, trouve encore que cela est cher payé. D’autant plus qu’Orange a fait des concessions. « Par rapport au schéma qui avait été envisagé par Orange lorsqu’il voulait déjà racheter Bouygues Telecom au printemps 2014, l’opérateur est à 1 milliard en dessous en termes de création de valeur escomptée après l’opération, explique l’un des protagonistes. C’est en partie lié au coût social pour Orange, qui va finalement récupérer beaucoup plus de salariés de Bouygues Telecom que prévu ».

Surtout, l’Etat redoute d’être trop dilué dans l’opération. Pas question de descendre en dessous de 20 % du capital. Pour éviter ce problème, il cherche donc à valoriser le mieux possible Orange. Cela aurait aussi pour effet de limiter la part en cash qui sera reversée à Bouygues. « Aujourd’hui, cela se joue sur le prix et directement entre Emmanuel Macron et Martin Bouygues. Le premier ne voit pas pourquoi le second ne payerait pas la valeur intrinsèque d’Orange », affirme un protagoniste. « En réalité, l’affaire pourrait être réglée en une heure si chacun faisait des efforts », relève un autre.

Clauses de « standstill »

« Selon le montant obtenu et la valeur retenue pour les actions Orange, Bouygues aura plus ou moins d’argent pour ramasser des titres sur le marché par la suite », décrypte pour sa part une source proche des négociations. Ce point est crucial. Selon nos informations, Orange plaiderait pour fixer le prix à 18 euros par action pour l’augmentation de capital réservée (soit une prime de 15 % par rapport au cours de mercredi). L’Etat serait plus gourmand avec une fourchette comprise entre 20 et 22 euros.

Bercy souhaiterait en outre imposer des clauses de « standstill » à Bouygues pour l’empêcher de monter trop vite au capital. Il aimerait aussi limiter sa capacité à obtenir des droits de vote double. « L’Etat exige de Bouygues qu’il renonce aux droits de vote double pendant 10 ans et veut l’empêcher de monter au capital d’Orange pendant 7 ans », fait valoir une source. Inacceptable pour Bouygues.

Les discussions sont d’autant plus compliquées que l’exécutif se montrerait plus conciliant que Bercy. « Mais Macron fait ce qu’il veut !», commente l’un des protagonistes de l’opération. Une attitude qui commencerait néanmoins à agacer du côté de Matignon. « La position ambigüe de l’Etat suscite des interrogations chez Bouygues et Orange », constate une source proche du dossier. « Le Président de la République pourrait sonner la fin de la récréation d’ici ce week-end », croit savoir un autre. Car c’est bien François Hollande qui devrait décider en dernier ressort.

lesechos.fr

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