Le manque d’éclairage aidant, l’autoroute à péage est devenue une zone d’opération privilégiée des agresseurs nocturnes

L’autoroute à péage très prisée par les automobilistes en ces temps, n’est pas sans risques pour ses usagers.

Elle permet un gain de temps, avec les embouteillages monstres constatés sur la route nationale. Cependant, du fait du manque d’éclairage, les automobilistes, surtout ceux qui voyagent la nuit, craignent pour leur sécurité. Pis, l’autoroute à péage est devenue la zone d’opération des agresseurs qui profitent d’une panne ou d’un piège pour dépouiller leurs victimes.

Située à hauteur de «Bountou Pikine», à environ cinq cent mètres à l’intérieur, la gare routière les Beaux Maraichers est le point de départ et d’arrivée officiel des véhicules de transport en commun convoyant des voyageurs en partance ou en provenance des régions et de certains pays limitrophes du Sénégal comme le Mali, la Mauritanie et Gambie. A l’intérieur, des taxis, des bus, des taxis-brousses communément «sept (7) places», des cars, minicars et autres moyens de locomotions forment le décor.

Un tonnerre de coup de klaxons perturbe les oreilles des visiteurs qui sont tout le temps interpellés par des rabatteurs à la quête de clients. «Hey, madame, vous allez où ? A Thiès, Louga, Tambacounda ou Mbour ?» demandent-ils en masse. Des tableaux éparpillés un peu partout guident le passager. Après, quelques minutes de recherches, l’arrêt des véhicules en partance pour Mbour nous accueille. Assis sur un banc un peu long, avec un bout de papier et un stylo à la main, un jeune rabatteur communément appelé «coxeur» nous montre les chauffeurs qui desservent l’axe Dakar/Mbour.

«A DEFAUT DE DIMINUER LES PRIX DU PEAGE, QU’ON NOUS METTE DES LAMPES»

En dépit du vacarme, les chauffeurs se sentent à l’aise. Assis en groupe, débattant à haute voix, ils abordent les questions d’actualité. «Le voyage est de plus en plus rapide grâce à l’autoroute à péage. Mais, il est aujourd’hui effarant de constater le manque de sécurité notoire sur cet axe, à cause de l’obscurité», déplore Modou, l’un d’eux, trouvé en pleine discussion. Il s’insurge, par ailleurs, contre «le stationnement irrégulier, les arrêts brusques pour débarquer un passager en plein autoroute et l’irresponsabilité de certains conducteurs».

Le manque d’éclairage, les chauffeurs qui prennent l’autoroute à péage Dakar / Dimaniadio / Sindia pour rallier la petite côte, en ont ras-le-bol. Vêtu d’un tee-shirt vert, assorti d’un pantalon gris, ce jeune chauffeur âgé de 32 ans revient sur ses inquiétudes sur l’autoroute à péage, de Dakar à Mbour, plus particulièrement à Sidia. «Le manque d’éclairage est anormal. Nous qui fréquentons l’autoroute à péage, sommes en danger. A cause de l’obscurité et l’allure des véhicules, facilement on peut heurter, une voiture en panne», dit-il. Et de renchérir: «beaucoup de chauffeurs n’y passent plus pendant la nuit, voire même le jour, pour plus de mesure de sécurité».

Suivant la discussion de près, Aly Diaw, un chauffeur de sept places, prend le train en marche. «On paie beaucoup d’argent à nos autorités, donc il nous faut des lampes sur l’autoroute quand-même. C’est la moindre des choses que nous demandons, puisse qu’il refuse de diminuer les prix», désole-t-il.

«JE PREFERE PRENDRE LA NATIONALE PARCE QUE LA ON NE PAIE PAS QUAND ON TOMBE EN PANNE»

Zale Diop, quant à lui, a déserté l’autoroute à péage depuis que sa voiture y est tombée en panne. «J’ai eu une histoire avec le péage. J’y ai perdu beaucoup de temps quand mon véhicule y est tombé en panne, un jour. Et, ce jour là, je n’avais pas d’argent sur moi et on m’avait envoyé de l’argent pour que je paie», se rappelle-t-il. «Je ne prends plus de péage, je préfère la nationale car il y a plus de sécurité et on ne paie pas si on tombe en panne», poursuit-il.

Cheikh Diop est étudiant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Parfois, il part en week-end auprès de sa famille à Mbour. Interpellé sur la question, il estime que le manque de lampes sur l’autoroute est déplorable. «Malgré des milliards investis sur le péage, il n y a même pas d’éclairage. C’est vraiment désolant», trouve-t-il. Selon lui, cette situation est favorable aux agressions. «Ce manque d’éclairage peu même entrainer des agressions sur le péage car on y voit même parfois des gens qui marchent aux bordures de l’autoroute», déplore ce jeune étudiant.

QUAND LES AGRESSEURS PROFITENT DE L’OBSCURITE

Très fréquemment, les citoyens se plaignent de l’insécurité sur le péage à cause de l’absence de lumière. Les émissions matinales sur les faits divers, diffusées sur des chaines de radios privées, l’attestent. En cette veille de Tabaski, où les agresseurs sèment la terreur dans des quartiers de Dakar, l’autoroute à péage n’est pas épargnée par ces «malfrats».

«A la descente, vers 20h45mn, pour rentrer, j’ai vu que mon pneu était crevé. Je l’ai changé et j’ai pris départ. Ce jour là, je me suis dit: «comme il fait tard, je vais prendre l’autoroute à péage à partir de la Patte d’Oie». Malheureusement, en dépassant de 2km le guichet de péage de Thiaroye, j’ai eu une deuxième crevaison. Alors, je me suis arrêté. Au moment où je m’apprêtais à ouvrir ma portière, deux individus à bord d’un scooter se sont arrêtés juste devant ma voiture. Brusquement l’un d’eux saute de son scooter, avec un couteau très tranchant, proférant des menaces», raconte une victime qui y a été dépouillé de ses biens la semaine dernière.
L’agression sur l’autoroute à péage est surréaliste à ses yeux. «J’étais tellement surpris à tel enseigne que j’étais incapable de réagir, d’autant plus que je ne pouvais pas imaginer qu’une agression pourrait se faire en pleine autoroute», lance-t-il.

DES MALFAITEURS PAS IDENTIFIES, MALGRE LES CAMERAS DE SURVEILLANCE

Après sa mésaventure, la victime soutient avoir porté plainte, sur demande de la Gendarmerie de l’autoroute ou pelleton autoroutier. Cependant, dit-il, ses agresseurs n’ont pas été retrouvés jusqu’à présent. «Quelques minutes après mon agression, les gendarmes du péage sont arrivés sur les lieux de l’incident. Après, une brève interrogation, le responsable m’a conseillé de faire une déclaration au niveau de la Gendarmerie qui est au post de péage de Rufisque. Je l’ai fait, mais jusque là la plainte tarde à porter ses fruits», se désole-t-il.
Et pourtant relève-t-il, la sécurité de l’autoroute dispose des images sur ses agresseurs. «Les gendarmes du poste de péage de Rufisque m’ont montré les photos, le surlendemain, car je suis passé là-bas à 21h 49mn 10s. Et les agresseurs sont passés 5 mn après moi. Donc, ils ont eu les photos». La victime, très remontée contre la gestion de l’autoroute à péage, menace de porter plainte. «Je vais porter plainte contre la société qui gère l’autoroute parce qu’il n’y a pas d’éclairage. Et, cette situation augmente l’insécurité. En plus, il y a des passerelles non sécurisées où les malfaiteurs peuvent jeter des briques sur les pare-brises des véhicules des usagers», s’insurge-t-il.

NOTE DE LA REDACTION

Après le reportage, Sud Quotidien, a voulu recueillir l’avis de l’entreprise qui gère l’autoroute à péage, Eiffage, à travers une de ses filiales qu’est la société concessionnaire SENAC SA. Après avoir obtenu le contact de son chargé de communication, auprès de l’Agence de promotion des grands travaux (APIX), la rédaction l’a appelé plusieurs fois, en vain. Son téléphone est sous boite vocale. L’APIX, quant à elle, dit ne plus s’occuper de la gestion de l’autoroute à péage. L’Agence des travaux et de gestion des Routes (AGEROUTE), chargée, de manière générale, de la mise en œuvre de tous les travaux de construction, de réhabilitation et d’entretien de routes, de ponts et autres ouvrages d’art ainsi que de la gestion du réseau routier classé du Sénégal, en ce qui la concerne, dit n’être responsable que du tronçon Diamniadio / Sindia.

Cependant, nous n’avons pas pu avoir la version de ce démembrement du ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement (chargé des routes) sur la question. Une autorisation de la tutelle est nécessaire avant toute déclaration, souligne l’AGEROUTE.

Fatou NDIAYE et Seynabou BOP (Stagiaire) / sudonline.sn

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