L’Afrique à la conquête de l’espace, une chance pour le développement du continent

Avec un huitième satellite lancé vendredi par l’Éthiopie, l’Afrique achève une année 2019 record

pour son industrie spatiale. Une industrie qui, par la formation d’ingénieurs et la coopération entre États, pourrait permettre d’accélérer le développement du continent.

Petit pas pour l’Éthiopie, grand bond pour l’Afrique. Addis Abeba a lancé, vendredi 20 décembre, son premier satellite dans l’espace. Une réalisation historique, qui vient couronner une année 2019 record pour l’industrie spatiale africaine.

« Ce (lancement) constituera une étape majeure dans notre parcours historique vers la prospérité », a déclaré le vice-Premier ministre éthiopien, Demeke Mekonnen.

En effet, huit satellites africains ont été lancés cette année, battant le record établi en 2017, selon Temidayo Oniosun, directeur général de Space in Africa, une société nigériane qui suit les programmes spatiaux africains.

Après l’Égypte, l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Nigéria, le Ghana, l’Angola, le Kenya, le Maroc, le Soudan et le Rwanda, l’Éthiopie est le 11e pays à rejoindre le cercle encore restreint des pays africains à avoir envoyé des satellites dans l’espace. Une industrie spatiale en plein essor qui représente un potentiel outil de développement pour le continent.

Naissance de l’Agence spatiale africaine

« Deux ans au niveau spatial, c’est très court », affirme Sékou Ouédraogo, président de l’African Aeronautics and Space Organization (AASO). Et pourtant, depuis 2017, ce sont quatre nouveaux pays africains qui ont pu mettre leur premier satellite en orbite.

« Dans l’imaginaire des Africains, c’est beaucoup moins inaccessible que ça ne l’était il y a quelques années », ajoute-t-il. D’ailleurs, l’année 2019 aura également été celle de la création de l’Agence spatiale africaine (ASA), dont le siège est basé au Caire, en Égypte, tout premier pays du continent à avoir envoyé un satellite dans l’espace, en 1998. Selon l’ingénieur, il s’agit d’ores et déjà d’un organisme institutionnel au même titre que la Nasa (États-Unis) ou le Cnes (France).

« L’idée est de donner un cap à la stratégie spatiale africaine, mettre en commun les moyens et faciliter la collaboration avec les autres nations. »

Navigation et positionnement, communication par satellite, observation de la Terre, astronomie et sciences spatiales sont autant d’axes dont l’ASA est en charge, en interconnexion avec l’agenda 2063 de l’Union africaine (plan directeur visant à transformer l’Afrique en puissance mondiale de l’avenir). Autant de thèmes pouvant concourir au développement des pays africains.

« Les plus grandes nations du monde sont les nations spatiales », assure Sékou Ouédraogo. « Il y a une corrélation directe entre la puissance d’un pays et sa capacité spatiale ».

L’Éthiopie, dernier pays africain à avoir lancé un appareil dans l’espace, a axé ses ressources nationales sur l’aéronautique. Le pays dispose déjà d’une compagnie aérienne parmi les plus grandes d’Afrique, mais aussi de centres de formation de pilotes et de centres de réparation de moteurs. Le spatial est un pas de plus dans cette stratégie de développement d’un leadership en matière d’aéronautique.

Mais au-delà de la mise en orbite de satellite, ce qui importe le plus aujourd’hui en Afrique, selon Sékou Ouédraogo, ce sont « les applications », dit-il. « Il faut maîtriser l’utilisation des résultats, et former des ingénieurs qui soient capables d’utiliser les images satellitaires à des fins de développement ».

Accéder à l’espace, pour accéder au développement

Si le lancement d’un satellite par les pays africains est important d’un point de vue géostratégique, il l’est surtout parce qu’il amorce toute une politique de formation de spécialistes, et représente une première étape vers le lancement d’autres satellites ou d’un appareil de plus grande envergure (comme l’a fait le Maroc).

Pour autant, parler de « conquête spatiale » relèverait de l’abus de langage selon Sékou Ouédraogo. Pour ce dernier, l’essor du spatial africain n’a rien d’une conquête, il s’agit avant tout d’un « désir d’accéder à l’espace et aux opportunités que les outils spatiaux donnent pour son développement ».

Trouver de l’eau, améliorer l’agriculture, prévenir les attaques de criquets dans les plantations, lutter contre la désertification, observer la variation des fleuves, le niveau des lacs, aménager les territoires, stopper la déforestation (notamment dans la forêt du Congo)… « Nous avons des ingénieurs qui font les satellites qui, ensuite, enverront des données », insiste le président de l’AASO. « Ces données doivent ensuite être traitées et utilisées pour nos propres besoins. C’est pour moi la priorité. »

Une priorité pour laquelle les pays africains sont épaulés, principalement par les grosses puissances spatiales qui participent à l’essor de l’industrie africaine en fournissant une aide financière et humaine.

Ainsi, le satellite angolais, lancé en 2017, avait été conçu par des ingénieurs russes ; le Ghana avait bénéficié d’une aide japonaise, et le lancement des satellites marocains est fait en collaboration avec la France.
Même schéma pour l’Éthiopie qui vient d’envoyer son ETRSS-1 à plusieurs centaines de kilomètres au-dessus de la terre : ce dernier a été développé par l’Académie chinoise de technologie spatiale qui a formé une vingtaine de scientifiques éthiopiens.

Les données fournies par cet équipement doivent permettre d’améliorer la connaissance des ressources agricoles, forestières et minières du pays, mais aussi de contribuer à une meilleure réponse aux catastrophes climatiques.

Aujourd’hui, 41 satellites africains sont en orbite. Un processus qui s’inscrit dans le cadre d’un véritable plan de développement, selon Sékou Ouédraogo. « Lorsque les décideurs prennent conscience de l’intérêt de ces outils, c’est la moitié du travail de fait. »
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