Sénégal : De l’art d’opérer des changements bien à propos…

La délivrance est souvent venue du banc lors des deux premiers matches des « Lions ». Alors qu’un retour de l’adversaire était à chaque fois possible, le coach sénégalais a su puiser parmi ses remplaçants pour trouver la solution gagnante.

Deux matches et deux victoires pour les « Lions » et une place demi-finaliste de la CAN U23 « Sénégal 2015 » déjà assurée. Deux victoires par deux buts d’écart (3 – 1 contre l’Afrique du Sud et 2 – 0 face à la Tunisie) ; mais deux victoires qui n’ont pas été aussi faciles que le laisse croire la marge. En réalité, l’équipe du Sénégal a dû, à chaque fois, batailler jusqu’au bout pour s’imposer. C’est plutôt normal d’ailleurs si l’on sait qu’aucune des formations en lice dans ce tournoi ne doit sa présence au hasard. Toutes ont mérité d’être du tableau final d’une compétition, dernière née de la collection de la CAF, qui ouvre les portes du tournoi de foot des JO de Rio 2016 aux 3 équipes qui finiront sur le podium.
Le Sénégal s’est donc bien rapproché de cet objectif grâce à ses deux victoires d’entrée. Mais il lui reste au moins deux rencontres à jouer et la seconde à gagner pour valider son ticket pour le Brésil, l’année prochaine. Et au vu de la prestation crescendo de Pape Seydou Ndiaye et de ses partenaires, l’espoir est permis de les voir aller loin. Car ces « Lions » savent autant jouer au ballon que se battre. En plus, ils ont une profondeur de banc capable de leur sortir de certaines situations assez délicates. Comme d’ailleurs lors de leurs deux matches jusqu’ici livrés. Face à l’Afrique du Sud, à 2 buts à 1 et alors qu’ils étaient sous la menace d’une égalisation des « Bafana Bafana » au collectif mieux huilé, le coach Serigne Saliou Dia a sorti de son chapeau un remplaçant de luxe pour faire définitivement pencher la balance du côté des locaux. En effet, Sidy Sarr, entré en jeu à la 67ème mn en lieu et place de Cheikhou Dieng, scelle le sort de la rencontre d’une frappe dans le petit filet de Stuart Goss. L’ancien jouer de Touré Kunda (devenu MPC), actuel sociétaire de Courtrai en Belgique, joueur majeur de l’équipe nationale juniors, vice championne d’Afrique en mars à Dakar et demi-finaliste du Mondial U20 quelques mois plus tard en Nouvelle Zélande, s’était rappelé au souvenir du public du stade L. S. Senghor. Moins à l’aise dans le jeu (peut-être du fait de son statut de remplaçant, ou alors parce que ce tournoi est plus relevé que la CAN U20), Sidy Sarr a tout de même sorti son équipe d’une passe assez difficile.

Lob de 35 mètres

Bis repetita avant-hier contre la Tunisie ! Alors que les « Aigles de Carthage », menés depuis la 8ème mn sur un joli lob des 35 mètres d’Ibrahima Diédhiou, avaient … poussé des ailes et cherchaient vaillamment à revenir au score, l’inspiré coach Serigne Saliou Dia a encore eu le nez creux et procédé à un remplacement gagnant. En rappelant sur le banc Ibrahima Sory Keïta, auteur des 2 premiers buts de ce tournoi face à l’Afrique du Sud, on a cru qu’il se privait de son arme de destruction offensive majeure. A l’épreuve des faits, non ! En effet, Mouhamadou Diallo, entré en jeu à la 70ème mn, ne mit que 10 minutes pour valider le choix de son coach et assommer définitivement les Tunisiens.
Plus généralement, lors de ce tournoi, Serigne Saliou Dia s’est illustré par la justesse de ses choix. En ouverture déjà, il avait « osé » remplacer Ibrahima Diédhiou (KAS Eupen en Belgique), en défense centrale, par un autre « Belge » El Hadji Pape Diaw (ASV Geel). En partie parce que le sortant venait de causer un penalty ayant entraîné la réduction du score par les Sud-Africains et avait dans la foulée écopé d’un carton jaune ; mais surtout parce que l’axe central sénégalais présentait d’inquiétants signes de fébrilité. Choix payant ! Les « Bafana Bafana » n’avaient plus dès lors l’occasion d’inquiéter sérieusement l’arrière-garde sénégalaise. Pourtant, avant-hier, face à la Tunisie qui avait laissé une grosse impression lors de son premier match face à la Zambie (2 – 1), Serigne Saliou Dia n’a pas hésité à titulariser de nouveau Ibrahima Diédhiou. Banco ! D’un astucieux lob des 35 mètres (8ème mn), celui-ci a refroidi les ardeurs des « Aigles de Carthage » qui avaient démarré la partie sur les chapeaux de roue. Les « Lions » étaient sur une belle rampe de lancement. Et pour couronner ses choix fort à propos, le technicien sénégalais fit encore sortir son premier buteur du jour dès le retour des vestiaires pour lancer de nouveau dans le bain l’autre « Belge » El H. Pape Diaw, lorsqu’il vit que son alter ego tunisien Maher Kanzari faisait entrer son puissant avant-centre Haithem Jouini et un autre joueur offensif, Jelassi. Alors, malgré les velléités nord-africaines, la défense sénégalaise tint bon jusqu’au bout. Et comme devant, un autre changement de bon aloi (Mouhamadou Diallo à la place de Sory Keïta) avait été opéré, voici les « Lions » en bonne position avant leur troisième sortie.

Arbitrage : M. Sinko, partial ou pas à la hauteur ?

Maher Kanzari, le coach de la Tunisie, a été le premier technicien à indexer l’arbitrage dans ce tournoi. Dans son viseur, l’Ivoirien Bienvenu Sinko qui a officié lors de la défaite (0 – 2) des « Aigles de Carthage », avant-hier au stade L.S. Senghor face aux « Lions ». S’il a reconnu le mérite du Sénégal lors de ce match et salué sa qualification en demi-finales, le technicien nord-africain n’en a pas moins tiré sur le maître de la partie. « C’était quasi impossible de gagner avec un arbitre pareil », a-t-il pesté après la rencontre. Kanzari a listé un certain nombre d’irrégularités commises par les Sénégalais et qui n’ont pas été sanctionnées par l’arbitre qui aurait même « refusé » de leur accorder un penalty. Alors M. Sinko partial ou simplement pas à la hauteur ? Nous osons pencher pour le deuxième terme de l’alternative. Car, des reproches concernant sa prestation, les Sénégalais peuvent également en formuler. Des cartons jaunes distribués un peu n’importe comment à Samba Ndiaye voire à Cheikhou Dieng, alors que le Tunisien coupable d’un acte flagrant d’antijeu sur une relance de Pape Seydou Ndiaye s’en est tiré à bon compte. De manière globale, M. Sinko est l’un des rares acteurs de ce Sénégal – Tunisie à avoir raté son match. Hésitations, décisions à contre-courant, absence de contrôle sur les joueurs surtout tunisiens prompts à contester la moindre de ses décisions qui leur était défavorable…
Si donc ce brave M. Sinko a la bonne fortune de siffler encore dans ce tournoi, il est attendu de lui qu’il maîtrise mieux son sujet et son monde et qu’il fasse honneur au football de son pays, champion d’Afrique en titre chez les Nations.

lesoleil.sn

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